Reportage

Regard sur la conférence sur le sida en Asie et dans le Pacifique

17 août 2007

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Le 8e Congrès international sur le sida en Asie et dans le Pacifique (ICAAP) a lieu du 19 au 23 août 2007 à Colombo, Sri Lanka. Dans les jours qui précèdent cet événement, le Directeur exécutif adjoint de l’ONUSIDA, Deborah Landey et le Directeur de l’Equipe d’appui aux régions de l’ONUSIDA pour l’Asie et le Pacifique, Prasada Rao, nous parlent des espoirs et des attentes qu’elles placent dans cette conférence au cours de laquelle sont attendus 3000 participants venus de quelque 60 pays de la région.

 

Espoirs placés dans l’ICAAP8 : Deborah Landey, Directeur exécutif adjoint de l’ONUSIDA

 

Pourquoi cette conférence est-elle importante ?

Je pense que cette conférence est extrêmement importante pour le monde et pour l’Asie. Un grand nombre des pays d’Asie et du Pacifique présentent une prévalence relativement faible et nous avons là l’opportunité de faire le point sur ce qui se passe dans la région et de manifester notre volonté de préserver la place de l’Asie parmi les régions du monde où la prévalence du sida demeure peu élevée.

Quels seront les thèmes privilégiés par l’ONUSIDA lors de cette conférence ?

Nous tenons vraiment à souligner l’importance du leadership à tous les niveaux de la riposte à l’épidémie – des pouvoirs publics à la société civile, tous les acteurs doivent s’impliquer.

Il est absolument vital que les pays ‘connaissent leurs épidémies’, et par-là nous entendons qu’il est essentiel pour eux de disposer concrètement des données les plus récemment recueillies sur l’épidémie, afin d’utiliser le plus efficacement possible des ressources relativement limitées. Nous nous intéressons tout particulièrement à l’étude de ce que nous appelons les ‘moteurs de l’épidémie’ – à savoir les problèmes systémiques sous-jacents tels que les inégalités entre les sexes, la stigmatisation et la discrimination – et nous voulons aborder ces problèmes afin que les pays introduisent les changements fondamentaux nécessaires à la maîtrise de leur épidémie.

Nous souhaitons également souligner le fait que le sida demeurera parmi nous pendant encore longtemps, et en conséquence, il est extrêmement important que nous examinions lors de cette réunion les plans à long terme et toutes les questions auxquelles nous devons penser pour les générations à venir.

 

Quels résultats attendre de cette conférence ?

Si nous pouvons obtenir une bonne analyse et comprendre ce qui se passe dans la région sur le plan de l’épidémie, afin de bien la connaître, il s’agira là d’un résultat remarquable. Deuxièmement - nous voulons savoir ce qui ce passe sur le terrain, ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Quelles sont les leçons à tirer, où avons-nous réussi et comment peut-on reproduire ailleurs ces succès ? Un autre objectif consistera à définir où se situent les plus grands défis à relever.  

 

Perspectives de Colombo : Prasada Rao, Directeur de l’Equipe d’appui aux régions de l’ONUSIDA pour l’Asie et le Pacifique

 

En quoi le 8e ICAAP constitue-t-il une rencontre importante ?

L’ICAAP a toujours été le lieu de rassemblement de l’ensemble des intervenants, tels que les représentants de la société civile, les personnes vivant avec le VIH, les experts, les directeurs de programmes nationaux, les partenaires des Nations Unies et les donateurs, car il permet d’attirer l’attention de la planète sur les problèmes spécifiques à cette grande région qui concentre 60 % de la population mondiale. Le sida doit être compris dans le contexte particulier de la région Asie/Pacifique et l’ICAAP a toujours constitué la meilleure plate-forme pour cela.

 

Quelles sont les questions les plus importantes qui seront soulevées et débattues cette année lors de l’ICAAP ?

Lors de ce congrès, il sera tout particulièrement question des changements constatés au niveau de la région dans le processus épidémique. La révision des chiffres dans certains pays a suscité beaucoup d’attention de la part du public comme des médias, et ce sera là l’occasion d’examiner honnêtement ces questions et d’établir des clarifications. L’ICAAP nous fournira également l’opportunité de débattre d’un certain nombre de questions actuellement controversées, s’agissant par exemple de la promotion des préservatifs, de l’éducation sexuelle dans les écoles et du conseil et du test volontaires, dans le contexte asiatique. Il sera en outre délivré un message clair concernant l’accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l’appui ainsi que la nécessité d’intensifier la mise à disposition des antirétroviraux de deuxième génération. Le Congrès constituera en outre une plate-forme de lancement de deux réseaux régionaux importants, à l’intention des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et des professionnel(le)s du sexe.

 

Que pouvez-vous nous dire de l’épidémie de sida dans cette région ?

L’épidémie de sida dans la région Asie/Pacifique poursuit sa progression et près de un million de nouveaux cas d’infection ont été enregistrés au cours des deux dernières années. La tendance à la hausse du nombre de nouveaux cas d’infection se poursuit dans des pays comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Viet Nam, l’Indonésie, le Bangladesh et le Pakistan. Pourtant, d’autres pays annoncent de bonnes nouvelles, la Thaïlande et le Cambodge par exemple, et nous avons également observé une inversion du cours de l’épidémie dans la partie méridionale de l’Inde qui compte une vaste population à risque. La prévalence de l’infection demeure peu élevée dans des pays comme les Philippines et le Sri Lanka, ceci malgré les vastes mouvements de travailleurs en recherche d’emploi à l’extérieur de ces pays.

 

Comment les pays d’Asie et du Pacifique progressent-ils vers l’accès universel à la prévention du VIH, au traitement, aux soins et à l’appui ?

Le programme d’action en faveur de l’accès universel a donné une forte impulsion aux activités des pays de la région. Se fondant sur la déclaration politique relative à l’accès universel adoptée en juin 2007 par les Nations Unies, les pays de la région ont entamé, au niveau communautaire, une planification en vue de fixer des objectifs ambitieux de prévention et de traitement. Les groupes de la société civile ont également participé avec enthousiasme à cet exercice. A ce jour, nous ne comptons pas moins de 16 pays ayant fixé des objectifs relatifs à l’accès universel, et neuf d’entre eux ont préparé des plans stratégiques nationaux et déterminé la nature des ressources nécessaires à leur réalisation. La région Asie/Pacifique peut obtenir un niveau élevé de succès dans ce processus d’accès universel.




Liens:

Ecouter l’entretien avec le Directeur exécutif adjoint de l’ONUSIDA, Deborah Landey (en anglais)

8e Congrès international sur le sida en Asie et dans le Pacifique – site Internet officiel (en anglais)