Reportage

Des approches novatrices ‘à la base’ en Zambie

26 décembre 2007

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Des jeunes en Zambie
Photo: ONUSIDA/M.Aon

En Zambie, on s’efforce de réduire le taux élevé des nouvelles infections chez les jeunes filles en engageant de toute urgence un leadership à différents niveaux à travers le pays.

Le taux élevé d’infection chez les jeunes filles est un aspect clé de l’épidémie en Zambie. Les filles sont exposées au risque pour plusieurs raisons, notamment le fait qu’elles sont souvent dépendantes des hommes au plan économique, ou redoutent leurs comportements violents, de sorte que même si elles sont bien informées des risques, elles n’ont pas la possibilité de refuser les rapports sexuels. En Zambie, des pressions pèsent aussi sur les femmes pour qu’elles démontrent leur fertilité, d’où il résulte qu’elles n’utilisent pas de préservatifs, et la tendance culturelle aux relations intergénérationnelles expose aussi les jeunes filles au risque d’infection. Les statistiques révèlent que chez les hommes, la prévalence du VIH atteint son pic dans la tranche d’âge 29-34 ans, alors que chez les femmes, ce pic se situe dans la tranche 15-24 ans.

S’attaquant à ce problème, un partenariat appelé ‘Women for Change’ (les femmes pour le changement) travaille avec les chefs traditionnels en Zambie – lesquels sont tous des hommes – en conduisant une éducation autour des relations, en plus des compétences de médiation dans des conflits communautaires portant, par exemple, sur des problèmes de terres.


Rainbow Coalition : des ONG axées sur le VIH et les droits des femmes

La Rainbow Coalition a récemment été créée en Zambie. Sa responsable, Mme Elizabeth Mataka, est aussi Directrice exécutive du ZNAN (réseau national zambien de lutte contre le sida) et Envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour le sida en Afrique.

La Rainbow Coalition a été fondée avec l’appui de l’Open Society Initiative for Southern Africa. Elle a réuni pour la première fois différentes ONG s’intéressant à la question du VIH et des droits des femmes afin de solliciter des subventions auprès du Fonds mondial.

Ses travaux ont aidé à persuader le Fonds mondial d’émettre des directives strictes à l’intention des bénéficiaires des subventions pour s’assurer qu’ils prennent en compte les besoins des femmes et des filles à égalité avec ceux des hommes.

Mme Sisonke Msimang, administratrice de programme de lutte contre le sida pour l’Open Society Initiative for Southern Africa, déclare : « C’est une excellente chose que dans le cadre de cette opération, le Fonds mondial ait réexaminé les conditions d’attribution de ses subventions à l’avenir ».

« Avec une modification des règles, il devrait être plus facile pour la Rainbow Coalition de cibler les subventions accessibles auprès du Fonds mondial. C’est ce vers quoi nous tentons d’aller maintenant ».


La clé : un partenariat coordonné

Récemment arrivée en Zambie, Mme Maha Aon, Conseillère en matière de partenariats de l’ONUSIDA, a déclaré que l’une des plus grandes difficultés était d’en savoir plus sur la manière de faire pour que la prévention des filles soit efficace dans un pays tel que la Zambie, et de s’assurer que les partenaires travaillent de manière coordonnée pour obtenir de meilleurs résultats.

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Près de 300 représentants d’organisations
à assise communautaire, principalement
au niveau des districts, ont été invités à
une Conférence nationale sur le sida
organisée par le ZNAN (réseau national
zambien de lutte contre le sida).
Photo : ZNAN

La question des femmes et des filles a été l’un des sujets majeurs de la Conférence nationale sur le sida axée sur le rôle de la société civile dans la quête d’un accès universel, qui s’est tenue en Zambie plus tôt dans l’année.

Près de 300 représentants d’organisations à assise communautaire, principalement au niveau des districts, ont été invités à une conférence organisée par le ZNAN, réseau national zambien de lutte contre le sida.

« Lors de cette conférence de trois jours organisée par le réseau national zambien de lutte contre le sida, il y a eu de nombreuses discussions sur la manière de s’assurer que les différents groupes constitutifs de la société civile travaillant sur le terrain s’organisaient et nommaient des représentants pour coordonner la participation au niveau national et faire remonter les informations dans leur propre groupe » a-t-elle déclaré.

Dans le cadre d’ateliers et de séminaires, Ies participants ont examiné le travail ‘à la base’ en matière de prévention, de traitement, de soins et d’appui. Ils ont partagé leurs succès et leurs difficultés, et débattu de l’ordre du jour du plaidoyer de la société civile autour des droits de la personne, en allant des questions de sexospécificité à des questions de travail avec les populations les plus exposées au risque d’infection.

« De nombreux partenaires travaillent à lutter contre le VIH en Zambie, mais le principal défi est d’obtenir que les programmes et l’argent arrivent jusqu’aux districts, et dans un pays aussi vaste que la Zambie dans lequel les routes sont de mauvaise qualité, ce n’est pas une chose facile ». 

« A l’ONUSIDA, nous plaidons pour une amélioration du réseau routier, pour le développement d’activités génératrices de revenus, pour un renforcement de l’action de la société civile… des questions qui sont essentielles pour le développement en général et qui ne concernent pas uniquement le problème spécifique de la transmission du virus ».

« L’ouverture, la franchise et la sincérité du gouvernement zambien et des personnes dans la gestion du développement en général, et de la lutte contre le VIH en particulier, sont d’une humilité totale, et la simple présence de cette foule de partenaires internationaux et de l’aide au développement nous oblige à tout mettre en œuvre pour apporter une solution ».