Reportage

La région Caraïbes doit cibler davantage sa prévention pour que sa riposte au VIH soit plus efficace

22 décembre 2008

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Le Dr Karen Sealey, Directrice de l’Equipe d’appui aux régions pour les Caraïbes de l’ONUSIDA, lors du lancement du rapport 'Keeping score II' à Port of Spain.
Photo: UNAIDS

Les personnes les plus exposées au risque d’infection à VIH dans les Caraïbes ne sont généralement pas incluses au centre des stratégies de prévention du virus. C’est l’une des conclusions du rapport ‘Keeping Score II’ récemment publié par l’Equipe d’appui aux régions pour les Caraïbes à Trinidad et Tobago.

Le rapport ‘Keeping Score II’ est une analyse consolidée des rapports d’activité des pays caribéens présentés par les gouvernements pour la réunion de haut niveau sur le sida de l’Assemblée générale des Nations Unies 2008.

Cependant, près de 80 % des comptes-rendus d’actualisation des pays ne contiennent pas d’informations sur la couverture des programmes de prévention ciblant les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les professionnel(le)s du sexe et les consommateurs de drogues injectables. Ces lacunes indiquent, semble-t-il, que bon nombre des décisionnaires nationaux et des personnes chargées de la mise en œuvre des ripostes nationales ne connaissent pas bien le rôle de ces groupes de population les plus exposés au risque d’infection dans leur épidémie et la nécessité d’avoir des programmes de prévention spécifiquement axés sur eux.

Commentant la récente publication du rapport à Port of Spain, le Dr Karen Sealey, Directrice de l’Equipe d’appui aux régions pour les Caraïbes de l’ONUSIDA, a déclaré qu’il était nécessaire d’engager des efforts plus soutenus pour s’assurer que les programmes de prévention du VIH atteignaient les personnes les plus exposées au risque d’infection.

Le Dr Amery Browne, Ministre du Développement social de Trinidad et Tobago, a aussi insisté sur la nécessité, pour les programmes de prévention, d’atteindre des taux de réussite plus élevés lorsqu’il a évoqué la publication du rapport. Indiquant que 20 000 personnes avaient été nouvellement infectées par le VIH dans la région l’an dernier, le Dr Browne a déclaré « Cette statistique épouvantable devrait nous inciter à faire plus que simplement réfléchir à la question. Elle devrait nous encourager à chercher de nouvelles méthodes novatrices pour que les messages de prévention atteignent les publics clés. Nous devons être audacieux ».

Parallèlement à un examen des obstacles, le rapport ‘Keeping Score II’ met aussi en lumière les réalisations de la riposte des Caraïbes au sida. Il y a eu des succès remarquables au niveau du traitement du VIH dont la couverture a été considérablement élargie. A la fin 2007, 30 000 personnes recevaient un traitement antirétroviral, c’est-à-dire 50 % de plus que douze mois plus tôt. La couverture du traitement reste néanmoins inférieure à 45 % dans la région.

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Le rapport ‘Keeping Score II’ est une analyse consolidée des rapports d’activité des pays caribéens présentés par les gouvernements pour la réunion de haut niveau sur le sida de l’Assemblée générale des Nations Unies 2008.

Dans les domaines de la prévention de la transmission mère-enfant du VIH et de la sécurité transfusionnelle, des progrès ont été enregistrés dans différents pays. En outre, on a noté un renforcement de l’engagement politique de haut niveau, un accroissement des ressources allouées aux ripostes nationales et un élargissement/un approfondissement de l’approche multisectorielle.

Mme Angela Lee Loy, présidente du Comité national de coordination de la lutte contre le sida de Trinidad et Tobago, a déclaré espérer que le rapport ‘Keeping Score II’ serait largement utilisé pour aider la région Caraïbes à structurer et intensifier sa riposte au VIH. « Je pense que c’est une initiative essentielle qui permettra au Comité national de coordination de la lutte contre le sida d’améliorer sa planification stratégique » a-t-elle indiqué.

La région Caraïbes est la deuxième région la plus durement touchée après l’Afrique subsaharienne, avec un taux de prévalence du VIH chez les adultes de 1,1 % et où le sida demeure l’une des principales causes de décès chez les caribéens âgés de 25 à 44 ans. L’épidémie s’est stabilisée dans plusieurs pays – à un niveau généralement élevé toutefois. A la fin 2007, on estimait à 230 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH dans la région.