Reportage

Troisième réunion de la Cellule internationale de réflexion sur les restrictions aux voyages liées au VIH

18 juillet 2008

La Cellule internationale de réflexion sur les restrictions aux voyages liées au VIH a conclu sa troisième réunion avec un projet de recommandations portant sur l’élimination des restrictions d’entrée, de séjour et de résidence liées au VIH. Au cours des mois à venir, ces recommandations seront finalisées et présentées aux conseils du Fonds mondial et de l’ONUSIDA en novembre et décembre de cette année.

Les restrictions relatives à l’entrée, au séjour ou à la résidence dans un pays du seul fait d’une séropositivité au VIH est discriminatoire, et dans le monde hautement mobile d’aujourd’hui, ces restrictions ont un impact encore plus fort sur les personnes vivant avec le VIH. En 2008, quelque 67 pays continuent d’imposer de telles restrictions.

Au début 2008, l’ONUSIDA a mis sur pied une cellule internationale de réflexion comprenant des gouvernements, des groupements de la société civile et des organisations internationales afin de remettre à l’ordre du jour la question des restrictions aux voyages liées au VIH et de promouvoir l’action en vue de leur élimination. Coprésidée par l’ONUSIDA et le Gouvernement norvégien, la Cellule de réflexion s’est réunie pour la première fois à Genève en février 2008, suivie d’une deuxième réunion dans les bureaux du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à Genève en avril, et de la troisième et dernière réunion à Madrid au Siège de l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT).

20080709_trvlrstrctnsB_200.jpg
Lors de la troisième réunion, la Cellule de
réflexion a fait l’inventaire de l’ensemble
du plaidoyer et des activités menés par ses
membres à l’égard des restrictions aux
voyages, et noté qu’il y a effectivement une
dynamique bien plus significative sur la
voie de leur élimination.Photo: ONUSIDA

La troisième réunion, qui s’est tenue du 24 au 26 juin, a été ouverte par Francisco Elías de Tejada Lozano, ancien Ambassadeur espagnol auprès du Fonds mondial, Ministère espagnol des Affaires étrangères, et par Francesco Frangialli, Secrétaire général de l’OMT. Ce dernier à souligné que les restrictions aux voyages fondées sur le statut VIH sont discriminatoires, et qu’elles représentent une préoccupation majeure pour le secteur du tourisme dans son ensemble.

« Le VIH n’est pas quelque chose qui se transmet par l’air. S’il doit y avoir des restrictions, elles doivent être rationnelles et fondées sur des motifs valables sur le plan de la santé publique. Pour le VIH, ce qu’il faut c’est une information de prévention et un dialogue, » a déclaré Francesco Frangialli.

Lors de la troisième réunion, la Cellule de réflexion a fait l’inventaire de l’ensemble du plaidoyer et des activités menés par ses membres à l’égard des restrictions aux voyages, et noté qu’il y a effectivement une dynamique bien plus significative sur la voie de leur élimination.

Par exemple, l’important travail de plaidoyer des groupes de la société civile a mené à la Réunion de haut niveau sur le sida à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies en juin. Lors de cette réunion, tant le Secrétaire général Ban Ki-moon que le Directeur exécutif de l’ONUSIDA Peter Piot ont appelé à la fin des restrictions aux voyages liées au VIH dans leurs discours à l’occasion de l’ouverture de l’Assemblée générale. « La stigmatisation et la discrimination qui entourent le sida restent toujours aussi fortes : et dans ce contexte je joins ma voix à celle du Secrétaire général et je prie tous les pays d’abandonner les restrictions relatives à l’entrée pour les individus simplement au motif qu’ils vivent avec le VIH, » a déclaré le Dr Piot.

Au cours de la troisième réunion, les membres de la Cellule de réflexion ont également rappelé qu’une sensibilisation est requise en permanence, et que le travail de la Cellule de réflexion doit être suivi d’une action intense au niveau des pays, qui mène à l’élimination des restrictions aux voyages.

« A cette étape de l’épidémie, avec plus de 25 ans d’expérience, c’est de l’hypocrisie si les choses ne changent pas et que les gouvernements déclarent s’engager à mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination, » a souligné Craig McClure, Directeur exécutif de la Société internationale du sida.

Susan Timberlake, Coprésidente de la Cellule de réflexion et Conseillère principale de l’ONUSIDA pour le droit et les droits de l’homme, a déclaré qu’il faut consentir davantage d’efforts pour faire en sorte que les touristes, les migrants et autres populations mobiles soient prises en compte dans les ripostes nationales au sida.

« Les pays doivent comprendre que toute vulnérabilité au VIH relative à la mobilité ne concerne pas simplement les touristes et les migrants, mais qu’il s’agit aussi de citoyens qui entrent, sortent et entrent à nouveau. Si les gouvernements veulent vraiment réduire la vulnérabilité liée à la mobilité, ils doivent veiller à ce que toutes les populations mobiles bénéficient de programmes et de services suffisants en matière de VIH. A l’ère de l’Accès universel et d’une mondialisation toujours accrue, aucune riposte au sida ne devrait oublier les gens qui se déplacent, » a-t-elle déclaré.

Les restrictions relatives à l’entrée, au séjour et à la résidence des personnes vivant avec le VIH seront mises en exergue au cours d’une session spéciale de la Conférence internationale sur le sida qui se tiendra en août au Mexique, ainsi que lors du Forum mondial sur la migration et le développement aux Philippines en octobre prochain. Les recommandations finales de la Cellule de réflexion seront présentées dans un rapport à la réunion du Conseil de Coordination du Programme de l’ONUSIDA de décembre 2008 et au Conseil d’administration du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme en novembre.