Reportage

UNFPA : Améliorer la santé sexuelle et reproductive chez les jeunes au Tadjikistan

30 juin 2008

Ce reportage a déjà été publié (en anglais) sur le site UNFPA.org   

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Un écran de télévision montrant le
tournage de «Génération saine»; une
émission télévisée hebdomadaire centrée
sur les jeunes.
Photo: Warrick Page/PANO/UNFPA

Le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) apporte son soutien à un ensemble unique d’interventions médias et de formation au Tadjikistan conçu pour accroître la sensibilisation, réduire la stigmatisation et fournir aux adolescents les outils nécessaires pour améliorer leur santé sexuelle et reproductive.

Jeunes vulnérables

Il est tôt le matin dans l’école numéro un de Dushanbe. Les rayons du soleil filtrent à travers les fenêtres poussiéreuses et les corridors sont emplis du concert polyphonique des voix des jeunes se rendant dans leur salle de classe.

Une fois installés sur leur siège, l’instructrice Ferozia Nabieva, obstétricienne gynécologue, se présente à la classe puis se lance dans une discussion animée sur la santé reproductive, la contraception et le VIH. Conscients de la présence d’étrangers dans l’ombre, les élèves se montrent d’abord timides. Mais les mains se lèvent ensuite les unes après les autres dans un bruissement de ricanements à peine étouffés.

Cette classe de troisième est mixte mais dans d’autres classes, les garçons et les filles ne sont pas mélangés. « Pour atteindre les jeunes, il est primordial qu’ils sentent un climat d’intimité et de détente » déclare le Dr Nabieva. « Dans ces classes, ils peuvent partager leurs inquiétudes et obtenir des réponses. Partout ailleurs, ils pourraient se sentir honteux, c’est pourquoi nous travaillons avec des formateurs qui sont aussi jeunes et en qui ils ont confiance ».

Certains des formateurs masculins plus jeunes travaillent principalement avec les garçons et les adolescents. Dans le cas où les élèves auraient besoin de conseils plus approfondis, ils sont aiguillés vers le Centre de santé reproductive de Dushanbe où un dispensaire convivial s’occupe exclusivement de recevoir les jeunes qui veulent en savoir plus.

L’UNFPA négocie avec le Ministère de l’Education pour faire entrer les programmes de santé sexuelle et reproductive dans les salles de classe, et ce, essentiellement pour des raisons démographiques. En effet, d’ici à 2015, les jeunes seront 50 % de plus à être scolarisés dans le pays. Informer les jeunes sur leur santé reproductive et leurs droits – y compris le droit à la contraception – les encourage à prendre leurs responsabilités et à avoir des comportements sexuels plus sûrs, ce qui contribuera à réduire le risque d’infection à VIH.

Atteindre via la radio et la télévision

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Une adolescente et une jeune femme ex-
plorent ensemble l'internet au Centre "Guli
Surkh".
Photo: Warrick Page/PANO/UNFPA

Les programmes en milieu scolaire ont une portée limitée étant donné l’éloignement de nombreuses communautés tadjikes et le fait qu’elles n’ont pas, pour bon nombre d’entre elles, d’accès à l’électricité, à l’école et à différents services pendant les longs mois enneigés d’hiver. A cette fin, l’UNFPA pilote aussi une série d’émissions radiophoniques et télévisées spécifiquement axées sur les jeunes, la santé reproductive et le VIH.

A 31 ans, Boimorod Bobodjanov est l’administrateur de projets ciblant les jeunes de l’UNFPA. C’est sous son égide que l’organisme a commencé une série d’émissions de télé pilotes portant spécifiquement sur les jeunes et destinées à ces derniers. Après avoir brossé « dans le sens du poil », fait preuve d’une audace folle et tout misé pour « s’attacher les faveurs » des personnes bien placées, l’UNFPA est parvenu à décrocher quatre créneaux par mois pour proposer un débat sur la santé sexuelle et reproductive avec la participation de jeunes.

L’émission – appelée Safina – est un tel succès qu’elle sera bientôt diffusée en prime time (sept heures) le vendredi.

Le résultat final ? Un débat dynamique d’une heure qui remet en question les perceptions traditionnelles tadjikes sur des questions telles que les droits des hommes et des femmes et la santé reproductive, toute en conservant le respect des traditions – le respect des aînés et de la communauté. Pour que l’émission puisse continuer, M. Bobodjanov s’est chargé de mobiliser des fonds, a fait fonction de producteur, de directeur artistique et d’auteur. Bien que le gouvernement ait été opposé au projet à l’origine, cela fait un an complet que l’émission est diffusée et qu’elle recueille de bonnes critiques. Aujourd’hui, l’émission soutenue par MTV est labellisée « Y-PEER », du nom du réseau d’éducateurs pairs pour les jeunes créé par l’UNFPA en 2000.

L’animatrice Sitora Ashurova (26 ans) était auparavant conseillère dans le réseau Y-PEER et se souvient avec plaisir de la toute première fois où une personne vivant avec le VIH s’est exprimée publiquement sur sa situation à la télévision nationale. « Ca a été quelque chose de vraiment très spécial » déclare-t-elle. « C’est la première fois que le Tadjik moyen a vu qu’une personne vivant avec le VIH pouvait être n’importe qui ».

Bien que les programmateurs doivent toujours esquiver certains termes tels que « préservatifs » (parlant dans ce cas de « protections »), M. Bobodjanov attend avec impatience le jour où les débats deviendront encore plus ouverts, où les jeunes de tout le pays sauront comment faire pour se protéger contre le VIH et où obtenir un traitement s’ils sont contaminés, et où les personnes vivant avec le virus seront traitées avec le même respect que toutes les autres personnes.

« C’est parce que 42 % des jeunes interrogés déclarent recevoir l’essentiel des informations qu’ils ont sur le VIH via la télévision que les projets tels que l’émission Safina sont un outil fondamental non seulement pour lutter contre la maladie elle-même mais aussi pour combattre la stigmatisation qui l’entoure » déclare Mme Maria Boltaeva, Administratrice de l’ONUSIDA au Tadjikistan.