Reportage

L’expérience du Kenya guide l’élaboration d’une nouvelle ressource permettant d’améliorer la coordination de la riposte au sida

21 novembre 2008

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The Joint Annual Programme Review process is a vital tool in the global effort by governments and development organizations to ‘make the money work’ Credit: UNAIDS/P.Virot

En dix ans, la prévalence du VIH a diminué de moitié au Kenya : il s’agit là d’un recul spectaculaire et soutenu, rarement constaté en Afrique. Le Gouvernement a pour objectif de poursuivre sur cette lancée en veillant à ce que la riposte nationale à l’épidémie soit la plus coordonnée et la plus collective possible et à ce que les fonds alloués soient utilisés de façon efficace.

Ces dernières années, à mesure que les ripostes nationales au sida et que les financements y afférents sont devenus plus complexes dans de nombreux pays – davantage d’activités, d’acteurs et de donateurs étant concernés que quelques années auparavant -, la coordination devient plus difficile.

Le Kenya a décidé d’apporter son soutien aux activités de coordination en menant des examens conjoints annuels de programmes qui réunissent une large palette de personnes luttant contre le sida afin d’avoir une vision complète de la riposte nationale. Ce processus d’examen conjoint se déroule sous la houlette du gouvernement qui y associe tous les niveaux de gouvernement du pays, les organisations de la société civile, les réseaux de personnes vivant avec le VIH, les autorités locales et de district, ainsi que les donateurs et les organisations internationales.

« Examens conjoints des ripostes nationales au sida : document d’orientation »

Grâce aux enseignements tirés des processus d’examen conjoint menés au Kenya et dans d’autres pays, l’ONUSIDA a élaboré un nouveau document intitulé Examens conjoints des ripostes nationales au sida : document d’orientation dont l’objectif est d’aider les pays à mener des examens conjoints et à améliorer l’efficacité de la coordination, de la mise en œuvre et du financement auxquels participent les nombreux acteurs associés aux ripostes nationales.

Des examens conjoints bien menés donnent naissance à un véritable forum national de partage d’informations et d’échanges sur les réussites et les échecs, ainsi que sur les difficultés rencontrées et les problèmes émergents. Ils permettent aussi d’évaluer l’alignement des efforts entrepris et des dépenses effectuées en vue d’atteindre les objectifs fixés dans la stratégie nationale de lutte contre le sida.

En 2007, le Kenya a mené le sixième examen conjoint consécutif de sa riposte nationale. Ce processus est devenu une méthode valorisée permettant de rapprocher les nombreux groupes associés à la riposte au sida et de créer des alliances entre eux.

20081121_cover2_200.jpg With the lessons learned from the Joint Review processes in Kenya and other countries, UNAIDS has developed a new publication entitled “Joint Reviews of National AIDS Responses: A Guidance Paper”.

L’examen conjoint mené au Kenya a duré deux mois et demi et a rassemblé des centaines de participants : bien qu’il s’agisse d’un processus lent et difficile, le jeu en valait la chandelle. Ceux qui luttent contre le sida considèrent que cet examen est une plate-forme permettant de centraliser les données recueillies dans différents secteurs et à des niveaux variés, notamment les données relatives à la surveillance et à la fourniture de services et les données qualitatives recueillies au niveau communautaire. L’examen de 2007 a été le plus complet jamais réalisé : les participants venaient des 71 districts et des neuf régions du pays. Les conclusions et recommandations formulées ont servi à revoir la façon dont le pays mesurait les résultats des programmes de lutte contre le sida et à faire part de la planification établie aux niveaux des régions et des districts. L’effort entrepris pour mener régulièrement des examens conjoints réunissant beaucoup de participants a amélioré le niveau d’alignement, de collaboration et d’engagement des nombreuses organisations associées à la riposte kényane au sida.

Anatomie d’un examen conjoint

Le nouveau document d’orientation fournit des conseils spécifiques permettant de mener à bien un examen conjoint. Cependant, de même que chaque épidémie de sida et la riposte y afférente varient d’un pays à l’autre, de même les examens conjoints diffèrent notamment selon le contexte politique, les politiques sociales et sanitaires, les infrastructures et le développement économique du pays. Ce document d’orientation contient néanmoins plusieurs principes qui devraient aider à établir un processus d’examen conjoint solide, quel que soit le pays, notamment :

  1. l’appropriation nationale
  2. l’intégration et la participation
  3. l’engagement à obtenir des résultats : dès le début, les participants doivent accepter de souscrire aux recommandations de l’examen l’impartialité
  4. les preuves éclairées
  5. le renforcement de la planification nationale
  6. la prise en compte de la sexospécificité et des droits de l’homme.

Le processus d’examen conjoint annuel des programmes est un outil vital inclus dans l’effort mondial entrepris par les gouvernements et les organisations de développement pour « faire travailler l’argent disponible ». Il permet de veiller à ce que tous les fonds versés à la lutte contre le sida aient un lien avec les objectifs nationaux et de simplifier les structures d’aide. Au Kenya, par exemple, le processus d’examen conjoint aide à renforcer la confiance qu’ont les donateurs quant à la qualité et à l’efficacité des programmes nationaux.

Ce nouveau document d’orientation sur les examens conjoints, ainsi que les autres outils y associés, est conçu pour aider les pays à réunir les nombreux acteurs associés à la riposte au sida pour qu’ils comprennent mieux l’épidémie et travaillent mieux ensemble à la réalisation d’objectifs.