Reportage

La Muppet sud-africaine parle la langue de l’acceptation

17 décembre 2009

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Les fans de 1, rue Sésame à travers le monde célèbrent cette année le 40ème anniversaire du programme populaire de télévision pour enfants. En Afrique du Sud, la version locale du programme, intitulée Takalani Sesame, se délecte de la popularité de sa peluche jaune d’or, Kami, qui vit ouvertement avec le VIH.

Sesame Street [1, rue Sésame dans sa version française] a son origine aux Etats-Unis et a été adapté depuis à la culture et aux besoins des 140 pays dans lesquels il a été exporté. En Afrique du Sud, également, où on estime à 5,7 millions le nombre des personnes qui vivent avec le VIH, l’inclusion du personnage Kami, qui est séropositive au VIH, vise à contrer la stigmatisation et la discrimination en sensibilisant au VIH et en abordant les craintes et les idées fausses au sujet du virus.

L’introduction de Kami, qui signifie « acceptation » dans la langue sud-africaine setswana, est une initiative du gouvernement sud-africain destinée à mettre en évidence les problèmes liés au VIH. Kami a été créée sur l’ordre du gouvernement sud-africain, qui parraine le spectacle, dans le but de changer les perceptions au sujet des personnes vivant avec le VIH par le biais d’un enseignement ludique.

Takalani Sesame est le projet le plus ambitieux hors des Etats-Unis. Aucune autre version nationale n’a autant repoussé les frontières du modèle des Etats-Unis que l’Afrique du Sud.

Gloria Britain, , responsable du bureau du projet de l’Atelier des Muppets à Johannesburg

Dans le spectacle, Kami est une orpheline de cinq ans dont la mère est morte du sida. Une partie du rôle du personnage consiste à déstigmatiser les personnes vivant avec le VIH, et à entamer une discussion sur des sujets sensibles notamment affronter la maladie et le deuil.

Parlant de Kami, la productrice de Takalani Sesame, Naila Farouky, déclare « Elle a pleinement l’intention de vivre de manière positive en dépit du fait qu’elle a ce virus. »

L’idée d’une Muppet séropositive a commencé à germer au début de 2002, lorsque l’Atelier Sésame et les partenaires sud-africains se sont réunis en Afrique du Sud et à New York pour parler de leur engagement à aborder la question du VIH dans le spectacle.

Depuis septembre 2002, Kami contribue à dissiper la culture du silence qui empêche tant de Sud-Africains de chercher à se faire soigner pour leur maladie. « Quelquefois, quand tu es malade, tu ne dois pas le garder comme un secret, tu dois le dire au gens, » dit Kami dans un épisode.

« Takalani Sesame est le projet le plus ambitieux hors des Etats-Unis, » déclare Glorian Britain, responsable du bureau du projet à Johannesburg. « Aucune autre version nationale n’a autant repoussé les frontières du modèle des Etats-Unis que l’Afrique du Sud. »

Bien que la prévalence du VIH parmi les personnes de moins de 20 ans en Afrique du Sud ait décliné de manière significative, on estime que 280 000 enfants vivent encore avec le VIH dans le pays, et que jusqu’à 1 million ont été rendus orphelins par l’épidémie.

La prévalence du VIH chez les enfants de deux ans et plus varie également selon les provinces, celles du Cap-Occidental (3,8%) et du Cap-du-Nord (5,9%) étant les moins affectées, et le Mpumulanga (15,4%) et le KwaZulu-Natal (15,8%) se situant en haut de l’échelle.

En Afrique du Sud, le VIH se transmet essentiellement par les rapports hétérosexuels au sein des couples, la transmission mère-enfant étant l’autre principal mode de transmission.

Incorporant l’ensemble des 11 langues officielles de l’Afrique du Sud dans ses scénarios, Takalani Sesame est suivi par un demi-million d’enfants environ chaque semaine. Son public sont les enfants d’âge préscolaire, entre trois et sept ans, ainsi que les personnes qui s’en occupent. Comme 30% des foyers sud-africains n’ont pas la télévision, une version radiophonique du programme ainsi qu’une initiative communautaire ont également été lancées.

L’émission 1, rue Sésame est reprise dans 140 pays, diffusée dans plus de 30 langues différentes, et représente une base pour un programme éducatif vraiment puissant qui aborde de manière directe les questions difficiles de la prise de conscience et de la reconnaissance sur le plan mondial.