Reportage

Le club « Far Away from Home »

05 janvier 2009

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Le développement et la croissance économiques rapides du Viet Nam au cours de la dernière décennie ont entraîné des niveaux accrus de mobilité, tant à l’intérieur du pays qu’au-delà de ses frontières.

Le développement et la croissance économiques rapides du Viet Nam au cours de la dernière décennie ont entraîné des niveaux accrus de mobilité, tant à l’intérieur du pays qu’au-delà de ses frontières. D’importants projets d’infrastructures et de développement, conjugués à la croissance industrielle, ont encouragé des jeunes et des travailleurs de tout le pays à se déplacer vers les grandes villes et les grandes provinces.

Toutefois, dans les zones où l’économie se développe rapidement et où les migrations internes s’accroissent, des facteurs tels que l’éloignement de la famille et de la communauté et des conditions de travail très difficiles contribuent à accroître la vulnérabilité des migrants et des populations mobiles au VIH et à d’autres infections sexuellement transmissibles, car ils adoptent des comportements risqués, comme les rapports sexuels sans protection et la consommation de drogues injectables.

En outre, comme les services de prévention du VIH et de soins de santé ne sont pas spécifiquement ciblés sur les migrants et les populations mobiles, ces groupes tendent à avoir un accès plus restreint à ces services. C’est particulièrement le cas des migrants et des personnes mobiles qui souvent ne sont pas déclarés comme résidents dans la région où ils travaillent.

La population migrante comprend les professionnelles du sexe, les travailleurs migrants sur les chantiers de construction, dans les zones industrielles et d’exportation ainsi que les ouvriers qui travaillent dans les ports fluviaux et les gares routières.

Depuis qu’elle a été désignée Zone industrielle et de transformation en 2002, la province de Ca Tho, dans le sud-ouest du pays, s’est distinguée comme pôle d’attraction pour les travailleurs migrants, car il s’agit de la plus grande ville du delta du Mékong. Le nombre des cas de VIH à Can Tho a également plus que décuplé, passant de 73 en 1997 à 733 en 2006.

En 2004, le Programme régional VIH/sida Canada-Asie du Sud-Est a lancé un projet avec le Département du travail, des invalides et des affaire sociales de Can Tho et le Syndicat de Can Tho, pour entreprendre des activités de prévention du VIH auprès des migrants tels que les travailleurs occasionnels, les chauffeurs routiers et les professionnel(le)s du sexe. Le projet a créé le Club « Far Away From Home », qui vise à offrir un cadre réconfortant et accueillant aux professionnel(le)s du sexe et autres travailleurs migrants de la ville de Can Tho.

On estime à 1100-1600 le nombre de professionnelles du sexe dans la province de Can Tho, dont 400-500 travaillent dans la rue ; les mêmes autorités estiment à 2200-2500 les personnes qui s’injectent des drogues.

Education par les pairs

Le Club permet aux membres des populations mobiles et autres migrants de s’assumer en leur offrant une formation aux compétences psychosociales avec l’accent sur le VIH et les autres infections sexuellement transmissibles, sur le sida, l’expression orale, la sexospécificité et la sexualité, la stigmatisation et la discrimination.

Une équipe de base composée de 10 éducateurs pour les pairs (cinq professionnel(le)s du sexe et cinq travailleurs migrants) a apporté son soutien à plus de 60 membres du Club « Far Away From Home » ; ces derniers ont reçu des informations et des compétences visant à réduire leur risque d’exposition au VIH. Ces membres retournent au sein de leurs réseaux sociaux et partagent leurs connaissances avec leurs pairs, de manière officieuse.

L’une des principales réalisations du projet a été de garantir la confidentialité à tous ceux qui demandent de l’aide et un appui auprès du groupe. L’assurance d’une confidentialité et d’un anonymat complets a encouragé davantage de professionnel(le)s du sexe et de travailleurs migrants à accéder aux services de santé, grâce à l’orientation des membres du Club et des éducateurs pour les pairs. Des orientations ont été assurées en particulier vers une série de dispensaires fournissant des services confidentiels et accessibles à l’intention des populations mobiles, notamment des traitements contre les infections sexuellement transmissibles, le conseil et le test volontaires, et des bilans de santé généraux.

Le club touche chaque mois des centaines de migrants et de personnes mobiles grâce à l’engagement des membres du secteur privé dans des interventions sur les lieux de travail ou à ses activités de proximité dans les points chauds pour les professionnel(le)s du sexe direct(e)s et indirect(e)s.

Faire participer les migrants et les populations mobiles et leur donner les moyens de plaider en faveur de l’accès aux services liés au VIH pour leurs pairs ont été au cœur  de la réussite du programme. En outre, sa rigueur éthique, sa pertinence et son efficacité ont fait du projet un élément réussi des stratégies de prévention du VIH et un travail de référence visant les migrants et les populations mobiles.