Reportage

Maroc : réunion pour renforcer la riposte au sida sur le lieu de travail

10 juillet 2009

Le monde du travail est un volet essentiel de la lutte efficace contre l’épidémie de sida, qui touche les personnes les plus actives économiquement au sein de chaque population. Dans le monde entier, la majorité des personnes vivant avec le virus sont des travailleurs. Pour faire face à cette tâche, au Maroc, le ministère de l’Emploi, en collaboration avec l’Organisation internationale du travail (OIT) et l’ONUSIDA, a accueilli un atelier national de deux jours sur les programmes VIH sur le lieu de travail, à Casablanca, à la fin du mois de juin.

Réunissant des acteurs de plusieurs secteurs, la réunion a aussi compté parmi ses participants des représentants de syndicats, de ministères, d’employeurs et d’entreprises, d’ONG, de personnes vivant avec le VIH, de médecins et d’experts. Il s’agit de la première réunion de cette taille et portée ; plus de 60 sujets ont été étudiés.

L’initiative du ministère de l’Emploi visant à élaborer un plan sectoriel sur les programmes VIH sur le lieu de travail fait du Maroc un pays pionnier par rapport à d’autres pays à faible prévalence.

Le Dr Moucharafou Idohou, Coordonateur national du projet (OIT) au Bénin

Le principal objectif de cet atelier était de progresser sur la voie de l’élaboration d’un plan stratégique de lutte contre le sida. Ce plan comportant trois volets comprendrait : la prévention du VIH sur le lieu de travail ; les soins et l’appui aux personnes vivant avec le virus et la lutte contre la stigmatisation et la discrimination ; et la gestion et la coordination de la lutte contre le sida.

Pour réaliser cet objectif, la première journée de la réunion a été consacrée à l’étude de la riposte du Maroc au sida dans le monde du travail à ce jour. Cela a comporté une discussion sur les difficultés rencontrées et les enseignements tirés lors de l’élaboration de programmes VIH dans ce secteur. Les principes et lignes directrices de l’OIT, avec un accent sur le Recueil de directives pratiques du BIT sur le VIH/sida et le monde du travail, adopté en 2001, ont aussi été étudiés.

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Il a été noté que beaucoup de bon travail a déjà été réalisé par plusieurs personnes et organisations, notamment l’Association Marocaine de Lutte contre le Sida (ALCS), SIDA-ENTREPRISES Maroc (réseau national d’entreprises travaillant sur des programmes relatifs au VIH et aux IST sur le lieu de travail), les syndicats et les médecins du travail. Cependant, tous rencontrent un certain nombre de difficultés à inclure la riposte au sida dans le monde du travail.

Le Dr Moucharafou Idohou, Coordonateur national du projet (OIT) au Bénin, s’est rendu à la Conférence pour présenter les principaux moyens d’action de l’OIT et mettre en commun les données d’expérience recueillies lors d’actions menées sur le lieu de travail en Afrique de l’Ouest francophone. Il a déclaré qu’il se réjouissait des avancées réalisées à ce jour. « Je félicite les autorités marocaines pour leur engagement dans la riposte au sida sur la base d’une démarche multisectorielle incluant le lieu de travail. L’initiative du ministère de l’Emploi visant à élaborer un plan sectoriel sur les programmes VIH sur le lieu de travail fait du Maroc un pays pionnier par rapport à d’autres pays à faible prévalence. »

La lutte contre le sida sur le lieu de travail représente un moyen d’action décisif sur la voie de la réalisation de l’accès universel. Nous devons porter une attention particulière aux travailleurs les plus à risque en matière d’infection à VIH et au secteur informel.

Dr Kamal Alami, Coordonnateur de l’ONUSIDA au Maroc

Tout en travaillant à l’élaboration d’un plan stratégique, les participants ont examiné un certain nombre de domaines. Ils ont examiné comment avancer vers la mise en œuvre d’un programme à destination des plus vulnérables, à savoir les travailleurs mobiles et les travailleurs du secteur informel.
De plus, il est nécessaire de renforcer les capacités des organisations d’employeurs, des syndicats et des autres institutions des entreprises tout en mobilisant leurs ressources pour la prévention et les activités éducatives en matière de VIH et pour la lutte contre la stigmatisation et la discrimination. Il a aussi été débattu de la façon de poursuivre la sensibilisation aux droits de l’homme liés au VIH et à ses effets sur les entreprises, ainsi que de la création d’un cadre juridique qui pourrait servir de base aux programmes nationaux de lutte contre le sida visant à lutter contre le VIH dans le monde du travail.

Un certain nombre de conclusions ont émergé à la fin de l’atelier. Les participants ont recommandé :

  • La création d’une commission nationale chargée du VIH sur le lieu de travail à laquelle participeraient les employeurs, les syndicats et le gouvernement ;
  • La mise en place d’activités de plaidoyer pour sensibiliser les partenaires sociaux ;
  • L’adaptation du cadre législatif pour assurer la mise en œuvre de bons programmes VIH sur le lieu de travail ;
  • L’accroissement des recherches sur les groupes les plus à risque ;
  • La mobilisation de financements nationaux et internationaux pour mettre en œuvre le plan stratégique de lutte contre le sida.

Le gouvernement marocain, par le biais du ministère de l’Emploi, a réaffirmé son engagement et sa volonté de travailler avec ses partenaires pour mettre efficacement en œuvre un plan national de riposte au VIH et aux IST sur le lieu de travail.

D’après le Dr Kamal Alami, Coordonnateur de l’ONUSIDA au Maroc, « La lutte contre le sida sur le lieu de travail représente un moyen d’action décisif sur la voie de la réalisation de l’accès universel. Nous devons porter une attention particulière aux travailleurs les plus à risque en matière d’infection à VIH et au secteur informel. »