Reportage

Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA visite les locaux d’un programme à destination des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes à Bombay

11 octobre 2009

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(De gauche à droite): Ashok Row Kavi, militant gay avec Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA. Photo: ONUSIDA

Au cours de sa visite dans les locaux de l’Humsafar Trust à Bombay, M. Sidibé a parlé avec son fondateur, le militant gay M. Ashok Row Kavi, de sa vision sur la façon de parvenir à la réalisation de l'accès universel à la prévention, aux soins et aux traitements en matière de VIH en Inde d’ici à 2010.

En visite à Bombay, au cours de son premier voyage en Inde en tant que Directeur exécutif de l'ONUSIDA, M. Michel Sidibé a félicité l’Humsafar Trust pour sa contribution à l'arrêt d’annulation de l'article 377 du Code pénal indien. Cette organisation faisait partie des demandeurs ayant déposé une requête devant la cour de Dehli contre cet article qui criminalisait les relations homosexuelles.

L’Humsafar Trust est l'une des premières organisations en Inde à plaider pour les droits des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. En 1990, M. Row Kavi, avec d'autres hommes se décrivant comme homosexuels, ont lancé une revue intitulée Bombay Dost (Bombay Ami) afin de tenter de créer une « communauté gay ». Ils ont reçu de nombreux courriers d’hommes de tout le pays, et même de plus loin, - du Népal, du Pakistan, d'Afghanistan et d'Asie centrale -, qui étaient aussi à la recherche de cette communauté. Cinq ans plus tard, M. Row Kavi a aménagé dans un bâtiment abandonné et mis à disposition par le gouvernement au milieu des bidonvilles de Bombay afin d'offrir une éducation en matière de santé et des services y afférents aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.

Comme les rapports sexuels entre les hommes ne permettent pas de procréer, ils ne sont pas considérés comme sérieux en Inde. A l’Humsafar Trust, on ne demande jamais à quelqu’un qui il est; tout ce qui nous intéresse, c’est de savoir si la personne se protège ou pas.

M Ashok Row Kavi, fondateur de l’Humsafar Trust

Aujourd'hui, l’Humsafar Trust continue d'offrir les services d'un centre d'accueil, des conseils et les services d'un centre de santé fournissant des traitements contre les maladies sexuellement transmissibles, mettant à disposition des installations de dépistage du VIH et des orientations vers les traitements contre le VIH. L’Humsafar Trust a été un véritable pionnier dans la lutte contre l'article 377 et dans la naissance d'un changement juridique quant à la façon dont l'homosexualité est traitée en Inde.

En expliquant la naissance de l’Humsafar Trust, M. Row Kavi, qui est aussi consultant auprès de l’ONUSIDA, a déclaré : «Comme les rapports sexuels entre les hommes ne permettent pas de procréer, ils ne sont pas considérés comme sérieux en Inde. A l’Humsafar Trust, on ne demande jamais à quelqu’un qui il est ; tout ce qui nous intéresse, c’est de savoir si la personne se protège ou pas.»

La Naz Foundation (India) Trust, une organisation non gouvernementale basée à New Delhi dont les travaux concernent la riposte au sida et la santé sexuelle depuis 1994, et le Collectif des juristes ont rejoint l’Humsafar Trust lors du dépôt de la requête auprès de la Haute Cour de New Delhi contre l'article 377. Leurs efforts ont été récompensés lorsque, le 2 juillet 2009, la Cour, dans un jugement historique, a déclaré que l'article 377 violait les droits à la vie privée, à la liberté, à la santé et à l'égalité consacrés dans la Constitution indienne.

Au cours de sa récente visite à New Delhi, M. Sidibé a félicité les militants au cours d’un événement organisé en leur honneur. La décision de la Cour renforce les efforts de l'Organisation indienne de lutte contre le sida (NACO) entrepris pour sensibiliser les personnes les plus à risque.

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA a déclaré que la décision de l'Inde relative à l'article 377 représentait une immense victoire car «la suppression des lois criminalisant et discriminant annonçait un nouveau cadre, un nouvel engagement, ainsi qu'un nouveau mouvement vers l'accès universel à la santé et aux droits de l'homme».

Les statistiques fournies par la NACO montrent que l'article 377 encourageait les personnes à rester cachées, ce qui rendait difficile leur accès aux services de base en matière de VIH, ainsi qu’aux services sociaux et de santé.

Dans une réunion avec les représentants de réseaux de personnes séropositives et de la société civile, M. Sidibé a réaffirmé aux personnes vivant avec le VIH qu'elles étaient au cœur de la mission de l'ONUSIDA. Il a déclaré qu'il souhaitait vivement que la riposte au sida redouble au niveau national et mondial, malgré la crise financière et économique mondiale.

La visite de M. Sidibé se terminera le 12 octobre.