Reportage

« Des solutions qui marchent pour nous » : les populations autochtones s'attaquent au VIH en Amérique du Sud

09 août 2011

Le TRAWUN a accueilli des membres de communautés autres que le peuple mapuche, avec des participants chiliens issus des communautés aymara, diaguita et quechua, ainsi que des invités internationaux.
Photo : ONUSIDA

À la veille de la Journée internationale des peuples autochtones, célébrée le 9 août, des communautés et des associations de personnes vivant avec le VIH issues des populations autochtones de plusieurs pays d'Amérique latine se sont retrouvées pour un « TRAWUN » sur le VIH et la médecine traditionnelle du point de vue de la diversité culturelle, dans la ville de Lautaro, au Chili.

Ce « TRAWUN », mot qui signifie « Grand conseil » en mapudungun, une langue indigène parlée au Chili, a été organisé afin de présenter les progrès réalisés dans l'intégration du problème du VIH au sein de la communauté mapuche. Pour la première fois, le TRAWUN a accueilli des membres de communautés autres que le peuple mapuche, avec des participants chiliens issus des communautés aymara, diaguita et quechua, ainsi que des invités internationaux issus de la communauté zapothèque du Mexique, de la communauté chiquitano de Bolivie et du peuple waranka de l'Équateur.

« Ce partenariat est une première dans la région », a expliqué le Dr Annabella Arredondo, coordonnatrice de l'ONUSIDA au Chili. « Les chefs indigènes sont des alliés précieux dans la riposte au VIH dans toute l'Amérique latine, car ce sont des populations qui nécessitent un travail culturellement adapté pour intégrer la prévention ».

Les chefs des différents groupes mapuches ont reconnu que le VIH était un problème au sein de leurs communautés et ils ont entrepris diverses actions pour prévenir de nouvelles infections au VIH. Chez les Mapuches, la culture, la tradition et le savoir sont transmis de génération en génération par les femmes âgées, et le Trawun a voulu déterminer si l'information sur la prévention du VIH pouvait suivre le même chemin.

Les chefs indigènes sont des alliés précieux dans la riposte au VIH dans toute l'Amérique latine, car ce sont des populations qui nécessitent un travail culturellement adapté pour intégrer la prévention

Dr Annabella Arredondo, coordonnatrice de l'ONUSIDA au Chili

Selon les participants, il existe un manque d'information sur le VIH parmi les populations autochtones au Chili, un problème qu'elles partagent avec d'autres pays d'Amérique latine.

Les populations autochtones sont particulièrement vulnérables au VIH, car plusieurs des principaux facteurs de risque qui rendent les individus et les communautés vulnérables au VIH sont présents dans un grand nombre de populations autochtones dans le monde. Ces facteurs sont notamment la marginalisation, un mauvais état sanitaire général, un faible taux d'alphabétisation, un accès limité aux soins, ainsi qu'une forte prévalence de la consommation de drogues injectables et d'alcool.

« La situation de pauvreté, de marginalisation, de stigmatisation et de discrimination dans laquelle vivent les communautés autochtones expose un grand nombre de personnes à un risque accru d'infection par le VIH », a expliqué Amaranta Gómez Regalado, de Binni Laanu Juchitán, Mexique. Les autres thèmes abordés lors du TRAWUN ont porté sur la diversité sexuelle et culturelle et l'identité, ainsi que sur le moyen le plus approprié d'intégrer la prévention du VIH dans les communautés.

« Depuis de nombreuses années, nous menons une longue bataille contre le VIH dans la région », a indiqué Santiago Flores, président de Smiths for Life Rancagua, une institution connue pour son action de défense des droits des personnes vivant avec le VIH. « Grâce aux nombreux efforts conjoints et au travail des bénévoles, nous avons donné une place au VIH dans la politique publique et nous avons apporté une aide aux différents groupes et individus, qu'il s'agisse des personnes vivant avec le VIH ou de leurs familles et leurs amis ».