Reportage

Fozia : histoire d'un traitement réussi au Sud-Soudan

15 août 2011

Cet article est une version actualisée d'un article déjà publié sur undp.org

Des femmes vivant avec le VIH en attente d'un traitement dans un hôpital au Soudan.
Photo : ONU/FRED NOY

Affaiblie et incapable de marcher, Fozia Bullen, du village de Nagbaka au Sud-Soudan, avait perdu tout espoir en arrivant à l’hôpital de Maridi, l'un des quelques centres de traitement antirétroviral du pays pour les personnes vivant avec le VIH. Son médecin lui avait annoncé qu’elle avait atteint un stade aigu de la maladie, avec des éruptions cutanées graves, une perte d’appétit et un amaigrissement important.

Après un mois de traitement, Fozia a pu rentrer chez elle en meilleure santé tout en continuant de prendre ses médicaments à domicile. Après quatre mois de traitement, les lésions cutanées ont disparu et elle a repris du poids, ce qui lui permet de s’acquitter de ses tâches quotidiennes, de travailler au potager et de s’occuper de sa famille.

Fozia est l'une des nombreuses personnes vivant avec le VIH au Sud-Soudan, qui est considéré comme présentant une épidémie de VIH généralisée, avec une prévalence estimée à 3 %. 

Dans le cadre d'un projet sur cinq ans du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, d'un coût total de 27 millions de dollars, des milliers de personnes bénéficient désormais d'un traitement vital contre le VIH au Sud-Soudan.  Ce projet réunit toute une série de partenaires, notamment le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), d'autres agences de l'ONU, la Commission sud-soudanaise sur le sida, le ministère de la Santé et des ONG.  

Au total, 4 156 personnes vivant avec le VIH ont pu accéder à un traitement depuis 2008. Le projet, lancé en 2006, a permis la mise en place de plus de 20 centres de traitement à travers le pays.

Des progrès significatifs ont également été enregistrés dans d'autres domaines importants. D'après les dernières données datant de mars 2011, près de 130 000 personnes ont bénéficié de conseils et de tests de dépistage volontaires pour le VIH et plus de 158 000 jeunes ont été informés sur le virus. À l'heure actuelle, selon les dernières études, moins de 10 % de la population possède une bonne connaissance des méthodes efficaces de prévention du VIH.

Les succès notables du projet dans la lutte contre l'épidémie de VIH au Sud-Soudan ont été obtenus dans un pays appauvri par plus de vingt années de conflits avec son voisin du nord. Malgré la liesse suscitée par la proclamation de l'indépendance du Sud-Soudan au mois de juillet, la plus jeune nation du monde reste pourtant fragile, avec des infrastructures et des services de base quasi inexistants, une économie en récession, des structures de gouvernance et un état de droit tout juste naissants et le retour des réfugiés qui avaient été obligés de fuir le pays durant la guerre.

Pour soutenir la riposte au sida au Sud-Soudan, l'ONUSIDA est en train de renforcer son bureau à Djouba en ce mois d'août 2011. Le Dr Medhin Zewdu, récemment nommée coordonnatrice de l'ONUSIDA dans le pays, est prête à endosser ses nouvelles fonctions.

« L'appropriation par le pays est fondamentale pour une riposte au sida durable et couronnée de succès », a indiqué le Dr Zewdu. « Je suis impatiente de faire avancer l'agenda sur le sida dans les discussions avec le gouvernement et avec les gens sur le terrain, en particulier la société civile et les personnes vivant avec le VIH », a-t-elle ajouté.