Reportage

Accélération du traitement 2.0 en Asie et dans le Pacifique

28 août 2011

Si le nombre de personnes vivant avec le VIH recevant un traitement antirétroviral en Asie-Pacifique a quasiment triplé en passant de 280 000 en 2006 à 739 000 en 2009, la couverture reste faible et seule une personne vivant avec le VIH sur trois avait accès à un traitement dans la région cette année-là.

L'accès précoce et équitable au traitement est entravé par la stigmatisation, la discrimination et des services inaccessibles. L'utilisation limitée d'outils diagnostiques rapides et les mauvaises associations entre le dépistage du VIH, le conseil et le traitement retardent l'initiation du traitement. Les contraintes liées au financement viennent également entraver l'élargissement et l'accès durable aux ART.

Avec 4,9 millions de personnes vivant avec le VIH dans la région, six pays représentent plus de 90 % des personnes éligibles pour recevoir un traitement : la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Myanmar, la Thaïlande et le Viet Nam.

Traitement 2.0 : la prochaine phase de l'ART

C'est sur cette toile de fond que l'Organisation mondiale de la santé et l'équipe de soutien régional de l'ONUSIDA pour l'Asie et le Pacifique, en collaboration avec le groupe de travail du réseau Asie-Pacifique de personnes vivant avec le VIH (ANP +), ont organisé une session pour explorer les composants essentiels de Traitement 2.0, une approche innovante du traitement, au deuxième jour du 10ème Congrès international sur le sida en Asie et dans le Pacifique.

Dans notre région, certaines personnes vivant avec le VIH ne savent même pas que le VIH peut être traité

John Rock, d'APN +

Traitement 2.0 est une initiative coordonnée par l'ONUSIDA et l'OMS pour catalyser la prochaine phase de l'élargissement du traitement anti-VIH et se base sur la santé publique et les droits de l'homme. L'approche tend à un accès universel et durable au traitement antirétroviral grâce à une simplification et une innovation radicales des régimes thérapeutiques, un renouvellement de l'engagement et des ressources, avec un accent sur les systèmes de distribution décentralisés, et un engagement plus important des communautés. 

« Des gains substantiels peuvent être atteints grâce à une affectation des tâches appropriée et des systèmes de distribution communautaires », a déclaré le Dr Iyanthi Abeyewickreme, conseiller régional en matière de VIH/IST au Bureau régional de l'Asie du Sud-Est de l'OMS. « Les services décentralisés permettront de déployer des ressources rares pour maximiser leur effet. »

Bénéfices humains et économiques 

Avec 60 % des personnes éligibles pour recevoir un traitement dans la région sans pouvoir y avoir accès, l'élargissement est urgent. Les bénéfices humains et économiques du traitement antirétroviral pour les personnes vivant avec le VIH sont largement prouvés. Par exemple, en Chine, on estime que la fourniture d'un traitement antirétroviral gratuit a entraîné une baisse de 64 % de la mortalité liée au sida.  Une étude récente a également montré que le risque de transmission du VIH à un partenaire sexuel non infecté pouvait être réduit de 96 % lorsque les personnes vivant avec le VIH reçoivent rapidement un traitement antirétroviral efficace.

John Rock, d'APN +, a déclaré qu'une meilleure connaissance des bénéfices salvateurs du traitement était nécessaire : « Dans notre région, certaines personnes vivant avec le VIH ne savent même pas que le VIH peut être traité », a-t-il indiqué. Il a également signalé que l'accès au traitement devait être assuré, conformément aux accords de libre échange susceptibles d'affecter la capacité financière et la disponibilité.

Le financement est indispensable pour profiter des nombreux développements et opportunités dans le domaine thérapeutique

Dr Bob Verbruggen de l'équipe de soutien régional de l'ONUSIDA en Asie-Pacifique

L'élargissement du traitement dans la région exige un financement accru et durable. Mais les experts présents à la session de Traitement 2.0 ont insisté sur le fait que l'investissement permettrait de garantir des économies à l'avenir.

De quoi a-t-on besoin pour élargir le traitement ?

Le Dr Bob Verbruggen de l'équipe de soutien régional de l'ONUSIDA en Asie-Pacifique, a déclaré : « Le financement est indispensable pour profiter des nombreux développements et opportunités dans le domaine thérapeutique. La mise en oeuvre de Traitement 2.0 exigera un financement à court terme important de la part de sources internationales et nationales, mais cela entraînera des économies considérables à moyen et long termes si nous investissons simultanément dans des programmes de prévention du VIH à fort impact. »

La session a souligné l'expérience des pays et les étapes clés pour déployer l'initiative Traitement 2.0 dans la région Asie-Pacifique, ainsi que les résultats préliminaires de pays pilotes comme le Viet Nam. Parmi les recommandations émises figuraient l'action combinée de l'optimisation des régimes médicamenteux, l'évolution des lieux de soins et d'autres plateformes simplifiées pour le diagnostic, la surveillance, la réduction des coûts, l'adaptation des systèmes de distribution, ainsi que la mobilisation des communautés et la protection des droits de l'homme.