Reportage

Le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord ont enregistré leur plus grand nombre d'infections à VIH en 2010, mais les progrès récents sont encourageants

04 décembre 2011

Le rapport régional 2011 sur le sida pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord a été présenté au Caire le 4 décembre 2011. Photo : ONUSIDA.

Un rapport concernant l'épidémie de VIH au Moyen-Orient et en Afrique du Nord montre que si la prévalence globale du VIH dans la région reste faible, l'augmentation du nombre de nouvelles infections depuis 2001 fait de cette région l'une des deux parties du monde où l'épidémie progresse le plus rapidement.

Le rapport a été présenté le 4 décembre sous l'égide de la Ligue arabe au Caire, en Égypte. Cet événement a réuni les délégués et les ambassadeurs des États arabes accrédités auprès de la République arabe d'Égypte, des organisations de la société civile, y compris des associations de personnes vivant avec le VIH, des donateurs, des chefs religieux, des groupes communautaires, ainsi que les médias, le secteur privé, les ambassadeurs de bonne volonté et les agences de l'ONU.

Le rapport fait état d'une évolution significative des politiques et d'une intensification des programmes, ce qui indique une volonté politique accrue de lutter contre l'épidémie de sida dans la région. La majorité des pays de la région ont mis en place des stratégies nationales de lutte contre le sida et certains ont lancé des programmes à destination des populations les plus exposées au risque, notamment les professionnel(le)s du sexe, les consommateurs de drogues injectables et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.

Le Dr Paul De Lay, directeur exécutif adjoint du Programme de l'ONUSIDA, a salué les progrès accomplis. « Il y a dix ans, le VIH n'était pas à l'ordre du jour de l'agenda politique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Aujourd'hui, tous les pays de la région sont davantage engagés dans la riposte au VIH », a déclaré le Dr De Lay.

Selon le rapport, le nombre estimé d'adultes et d'enfants vivant avec le VIH dans la région est passé de 330 000 [200 000 à 480 000] en 2001 à 580 000 [430 000 à 810 000] en 2010. Le rapport attribue cette hausse au nombre croissant de nouvelles infections par le VIH parmi les populations les plus exposées au risque et à la transmission du virus à leurs partenaires sexuels.  

En 2010, on a compté 84 000 [57 000 à 130 000] nouvelles infections par le VIH et 39 000 [28 000 à 53 000] décès dus au sida au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Le nombre annuel estimé de nouvelles infections à VIH et de décès dus au sida a quasiment doublé durant les dix dernières années. Bien que ces pays aient élargi l'accès au traitement antirétroviral de 25 % l'an dernier, la couverture régionale totale reste faible, avec seulement 8 % des personnes vivant avec le VIH et remplissant les conditions pour recevoir un traitement qui ont effectivement accédé à ce traitement en 2010.

À l'heure actuelle, les organisations de la société civile jouent un rôle plus visible dans la riposte au VIH par rapport à la situation d'il y a seulement quelques années en arrière. D'importantes difficultés subsistent toutefois en matière d'intensification des programmes de lutte contre le sida parmi les populations les plus exposées au risque d'infection par le VIH. « Le travail avec les populations les plus exposées au risque est difficile dans des contextes où les niveaux de stigmatisation et de discrimination sont élevés et l'appui général des gouvernements est limité », a expliqué Mme Hind Khatib-Othman, directrice de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

Les principales déclarations politiques adoptées dans la région incluent la Déclaration de consensus de Dubaï de 2010 et la Charte de Riyad de 2011. Le Professeur Ziad A. Memish, vice-ministre adjoint en charge de la santé et de la médecine préventive du Royaume d'Arabie saoudite, représentant le ministre de la Santé qui est aussi le président du Comité ministériel d'orientation de la Ligue arabe, a évoqué l'Initiative arabe (un mécanisme de suivi de la Charte de Riyad) comme une mesure importante permettant à la région de se montrer à la hauteur de ses engagements internationaux.

Le Dr Sima Bahous, secrétaire général adjoint et responsable du secteur du développement social de la Ligue arabe, a salué la publication du rapport et souligné les relations de coopération existant entre la Ligue arabe et l'ONUSIDA. Le Dr Bahous a également mis en avant l'enthousiasme de la Ligue arabe suscité par le travail avec toutes les parties concernées en vue de l'accomplissement des Objectifs du Millénaire pour le développement et de la mise en œuvre de la Déclaration politique sur le VIH/sida de 2011 adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies. « Le temps est venu d'agir conformément aux engagements et de prendre les mesures nécessaires pour maintenir la prévalence du VIH à un faible niveau », a indiqué le Dr Bahous.

Le rapport contient de nombreuses recommandations sur la manière de renforcer la riposte au sida dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Parmi elles figurent un examen des lois et des politiques qui entravent l'accès aux services de prévention et de traitement du VIH, des mesures d'investissement intelligentes basées sur une approche éclairée par des données probantes et fondée sur les droits de l'homme, et l'importance d'un leadership politique fort.

« Les décideurs doivent faire preuve de courage politique pour cibler la riposte sur les populations les plus touchées par le VIH. La Déclaration politique de 2011 doit servir de fondement à un tel leadership », a conclu le Dr De Lay.