Reportage

La CCF se concentre sur le droit des femmes et des filles séropositives aux soins liés à la sexualité et à la reproduction

25 février 2011

(De gauche à droite) : Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Irene Kahn, militante des droits de l’homme, Michelle Bachelet, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, et Babatunde Osotimehin, Directeur exécutif du FNUAP, le 24 février 2011. Source : ONUSIDA/B. Hamilton

Le VIH est la première cause de décès parmi les femmes en âge d’être mères dans le monde. Pour que cette situation change, il faut que la riposte mondiale au VIH reconnaisse la responsabilité des inégalités entre les sexes dans la vulnérabilité accrue des femmes et des filles face au VIH.

Une consultation de haut niveau conjointement organisée par l’ONUSIDA, le FNUAP et ONU-Femmes, a rassemblé des experts, des dirigeants et des militants influents pour une discussion sur les moyens d’améliorer et de protéger les soins des femmes et des filles séropositives liés à la sexualité et à la reproduction et leurs droits.

Cet événement, qui a eu lieu le 24 février, était co-organisé par Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michelle Bachelet, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, et le Directeur exécutif du FNUAP, Babatunde Osotimehin.

La responsabilisation des jeunes séropositifs, en particulier des femmes et des filles, à l’égard de la défense de leurs droits et de leur accès à l’éducation, à l’information et aux services constituerait un évènement majeur

Le Directeur exécutif du FNUAP, M. Babatunde Osotimehin

Les participants ont exprimé leurs préoccupations à l’égard des atteintes portées aux droits liés à la sexualité et à la reproduction des femmes et des filles séropositives. Ces atteintes peuvent modifier leur désir d’avoir des enfants et réduire leur accès à la prévention, aux traitements, aux soins et au soutien. Les participants ont décrit le cas de certaines jeunes femmes vivant avec le VIH qui subissent une stigmatisation et une discrimination lors de leurs consultations auprès des services de soins liés au VIH, à la sexualité et à la reproduction. Des exemples donnés portaient sur des femmes séropositives qui avaient été invitées à ne pas s’engager dans une relation sexuelle et qui, lors de leur consultation médicale, ont été critiquées pour avoir débuté une grossesse. Leur accès à la prévention contre la transmission du VIH de la mère à l’enfant et aux services d’accouchement sans risque a été limité.

Les participants ont identifié les opportunités stratégiques permettant de protéger et de favoriser les soins et les droits liés à la sexualité et à la reproduction, lesquelles incluent l’augmentation et la pérennisation des investissements visant les femmes et les filles séropositives. Un consensus a prévalu sur le fait que la riposte au sida doit tenir compte des différences entre les sexes pour aider les pays à atteindre l’accès universel aux services de prévention, de traitements, de soins et de soutien contre le VIH, ainsi que les Objectifs du Millénaire pour le développement. Cette approche est celle qui est recommandée par l’ONUSIDA, conformément à son Plan d’action pour les femmes et les filles, et à sa Stratégie pour 2011-2015.

Le Dr Nafsiah Mboi, Secrétaire de la Commission nationale sur le sida pour l’Indonésie, a appelé de ses vœux une meilleure intégration du VIH dans les plans de développement et souligné que « le VIH n’est pas une problématique de santé mais une problématique du développement ».

Lors de la session inaugurale de cette consultation, Michel Sidibé a évoqué la Stratégie de l’ONUSIDA et son Plan d’action pour les femmes et les filles, lesquels renforcent l’engagement pris par l’ONUSIDA de placer l’égalité des sexes, la santé et les droits de la femme au cœur de la riposte mondiale au sida. Il a encouragé les femmes et les filles séropositives à faire entendre leur voix malgré les risques de stigmatisation, de discrimination et d’exclusion sociale pour que la société change :

« Nous devons sortir le sida de son isolement et offrir aux jeunes filles les moyens de négocier leurs relations sexuelles et de suivre une formation leur permettant d’éviter toute infection », a déclaré M. Sidibé. « Sans ces initiatives, notre vision, qui se fixe pour but zéro nouvelle infection, est vouée à l’échec. »

Michelle Bachelet a présenté la riposte menée par ONU-Femmes contre les questions fondamentales de l’inégalité des sexes et affirmé que « nous devons intégrer non seulement les services fournis mais également les mouvements politiques et sociaux existants, lesquels incluent ceux qui agissent contre le VIH et pour la responsabilisation des femmes. »

Mme Bachelet a également affirmé que les droits humains n’apparaissent pas comme un motif suffisant pour investir dans des initiatives visant les femmes et la lutte contre le VIH, et qu’il fallait « leur donner une envergure politique, économique et sociale ». Elle a de même souligné l’importance de la coordination entre les acteurs de ces projets.

Le Dr Osotimehin a fait valoir l’intérêt de renforcer les droits des femmes et des filles. « La responsabilisation des jeunes séropositifs, en particulier des femmes et des filles, à l’égard de la défense de leurs droits et de leur accès à l’éducation, à l’information et aux services constituerait un évènement majeur », a-t-il déclaré.

Les conclusions de cette discussion seront utilisées pour la 55ème réunion de la Commission de la condition de la femme et la Réunion de haut niveau sur le sida 2011 de juin.

Commission de la condition de la femme

La 55ème session de la CCF se déroule jusqu’au 4 mars 2011. Elle rassemble des représentants des États membres, des agences de l’ONU et des organisations non gouvernementales accréditées auprès de l’ECOSOC et originaires de tous pays, pour évaluer les progrès accomplis dans l’égalité des sexes, identifier les difficultés restantes, fixer les normes internationales et formuler des politiques concrètes pour promouvoir l’égalité des sexes et la responsabilisation des femmes dans le monde.