Reportage

Mettre le pouvoir et le leadership des parlementaires au service de la riposte au sida

07 juin 2011

(de gauche à droite) Michel Sidibé, directeur exécutif de l’ONUSIDA, et Anders Johnsson, secrétaire général de l'UIP, lors de la réunion parlementaire du 7 juin 2011 au siège des Nations unies à New York.
Photo : ONUSIDA/B. Hamilton

Les parlementaires du monde entier ont un rôle crucial à jouer dans une riposte efficace à l'épidémie de sida. Ils exercent le pouvoir, contribuent à l'élaboration de l'agenda national, rédigent les lois et approuvent les budgets consacrés au sida. La façon dont cette influence peut être mise au service de la lutte contre le VIH a été le thème central d'une rencontre importante pour les parlementaires, organisée à la veille de la Réunion de haut niveau des Nations unies sur le sida à New York.

Organisé conjointement par l'Union interparlementaire (UIP), le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) et l'ONUSIDA, ce forum a réuni plusieurs parlementaires et ministres qui participent à la Réunion de haut niveau.

Les débats ont porté sur plusieurs questions, notamment l'impact de la législation sur les actions de lutte contre le VIH et la façon d'utiliser la législation pour renforcer, et non contrecarrer, les mesures de santé publique et de développement. Ces questions ont été examinées à travers le prisme de trois thèmes principaux : l'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l'appui en matière de VIH ; la protection et la promotion des droits des personnes vivant avec le VIH et de celles qui sont le plus exposées au VIH ; et les lois discriminatoires et punitives qui compromettent les investissements en faveur de la lutte contre le sida.

Les participants se sont également penchés sur les enjeux politiques qui sous-tendent le nouveau consensus mondial sur le VIH et ont étudié les principaux résultats qui devraient découler de la Réunion de haut niveau. Durant toute la rencontre, l'accent a été mis avec force sur les actions concrètes et pratiques et sur la traduction dans la réalité des engagements en matière de sida, en exploitant tous les aspects de l'autorité des parlementaires dans le domaine du leadership, de l'attribution des budgets et de l'élaboration des lois et des réformes.

Dans son discours d'introduction, Anders B. Johnsson, secrétaire général de l'UIP, a déclaré que le rôle des parlementaires dans la riposte mondiale au VIH ne devait pas être sous-estimé : « Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de la riposte au sida, dans laquelle les parlementaires doivent travailler en partenariat stratégique avec l'ONUSIDA et accorder davantage d'attention aux questions de responsabilité partagée et de redevabilité mutuelle ».

La non-violence est la seule voie pour aboutir à un changement social. Et vous êtes ceux qui ont été choisis pour conduire ce changement.

Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA

Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA, a exhorté les parlementaires à exercer leur leadership dans ce domaine : « La violence est un cancer, une gangrène qui se développe en nous. Elle peut être invisible à nos yeux, mais elle est bien présente. Elle sape nos principes fondamentaux. Elle détruit ce que nos ancêtres voulaient pour nous. La non-violence est la seule voie pour aboutir à un changement social. Et vous êtes ceux qui ont été choisis pour conduire ce changement ».

Parmi les autres participants à cette réunion figuraient Jim McDermott, député du Congrès américain, Petra Bayr, députée autrichienne, Christoph Benn, directeur, Relations extérieures et regroupement des partenariats, du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, ainsi que Michael Kirby, juge à la Cour suprême d'Australie (retraité) et membre de la Commission mondiale sur le VIH et le droit.

Petra Bayr et Michael Kirby, de la Commission mondiale sur le VIH et le droit, ont insisté sur la nécessité pour les parlementaires de déployer efficacement la législation comme un outil servant à assurer un accès universel durable aux services anti-VIH : « Dans la riposte au sida, le droit n'est pas favorable à ceux qui sont le plus vulnérables, à savoir les professionnels du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transsexuelles et les consommateurs de drogues injectables. Lorsque les parlementaires oublient les plus vulnérables au VIH, la conséquence en est que ces populations sont hors de portée des services essentiels et donc condamnées à mort. Nous souffrons d'un nouveau virus, le virus du « silence législatif ». Nous devons travailler ensemble afin d'éviter la propagation de ce nouveau virus, et c'est ce que la Commission mondiale sur le VIH et le droit espère faire ».

Cette réunion a fourni à l'UIP une précieuse occasion de consolider son plan d'action pour les années à venir ; le VIH constitue un élément central de son nouveau projet stratégique 2012-2017. L'UIP est engagée dans la lutte contre le sida depuis longtemps et, depuis 2006, l'organisation compte en son sein un Groupe consultatif sur le VIH/sida.

Le rôle de ce groupe consiste à fournir aux parlementaires un accès à l'expertise politique et aux compétences pertinentes pour un exercice adéquat de leurs fonctions en matière d'élaboration des lois, de contrôle, de leadership et de sensibilisation. Il accorde une attention particulière à l'objectif de l'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l'appui en matière de VIH, ainsi qu'à la protection et à la promotion des droits en tant que condition indispensable pour parvenir au respect du sixième Objectif du Millénaire pour le développement.