Reportage

Le Vietnam renforce son engagement sur l’égalité des sexes et le VIH

24 mars 2011

Le Dr. Nguyen Thanh Long, Directeur général du Bureau vietnamien de lutte contre le sida, a abordé la question de l’intégration de l’égalité des sexes dans la prochaine Stratégie nationale anti-VIH

Nguyen Thi Hien, habitante de la province du Nord-Vietnam de Bac Ninh, a contracté le VIH auprès de son mari. « Il m’avait bien dit, au début de notre relation, qu’il avait fréquenté des professionnelles du sexe et des consommatrices de drogues injectables dans le passé, mais je ne me doutais pas des implications de sa vie passée pour moi », dit-elle.

Mme Nguyen Thi, qui est maintenant éducatrice pour ses pairs au sein de Bright Futures, un réseau de personnes vivant avec le VIH, indique que la plupart des femmes qu’elle rencontre sont veuves : leur mari avait consommé des drogues injectables et elles n’ont découvert leur séropositivité qu’après son décès dû à une maladie liée au sida.

Selon le Bureau vietnamien de lutte contre le sida (VAAC), les femmes représentaient en 2010 jusqu’à 30 % du total des infections au VIH enregistrées au Vietnam, alors que ce chiffre n’atteignait pas 15 % avant 2005.

L’épidémie vietnamienne continue de se concentrer sur les consommateurs de drogues injectables. Ce changement de ratio, qui touche les cas de VIH récemment signalés, pourrait cependant traduire une augmentation des transmissions du VIH des hommes, adoptant des comportements à hauts risques, à leur épouse ou partenaire sexuelle régulière.

Nous devons intégrer les questions liées à l’égalité entre les sexes dans chacun des trois volets de notre prochaine Stratégie, lesquels incluent la prévention, les traitements et les soins anti-VIH, et l’atténuation des incidences

Le Dr Nguyen Thanh Long, Directeur général du Bureau vietnamien de lutte contre le sida.

Le gouvernement vietnamien a pris de fermes engagements en faveur de l’élaboration d’une riposte complète au VIH et de la priorisation de l’égalité des sexes pour sa Stratégie nationale de développement socio-économique.

Pour renforcer cette action, il a réuni les principales parties prenantes, comme des organisations de la société civile et des personnes vivant avec le VIH, pour discuter des moyens de favoriser l’égalité des sexes dans sa Stratégie nationale 2011-2020 sur la prévention et la lutte contre la propagation du VIH/sida. « Nous devons intégrer les questions liées à l’égalité entre les sexes dans chacun des trois volets de notre prochaine Stratégie, lesquels incluent la prévention, les traitements et les soins anti-VIH, et l’atténuation des incidences », a déclaré le Dr Nguyen Thanh Long, Directeur général du Bureau vietnamien de lutte contre le sida (VAAC).

Des experts techniques d’ONU-Femmes et de l’ONUSIDA se sont joints aux discussions du 14 au 17 mars. Les participants de cette réunion ont identifié les domaines de la riposte nationale au VIH qui devront mieux répondre aux besoins des personnes les plus exposées à l’infection. Il s’agit notamment des consommateurs de drogues injectables, des professionnels du sexe et des femmes dont le partenaire intime adopte un comportement à haut risque. Il faut ainsi examiner de quelle manière le renforcement rapide de la thérapie de maintien à la méthadone – qui constitue une priorité pour la prochaine phase de la riposte au VIH – pourrait permettre de mieux protéger les partenaires sexuels séronégatifs des consommateurs de drogues injectables. Il pourrait par exemple envisager des services de prévention contre la transmission sexuelle du VIH pour les personnes suivant un traitement à la méthadone.

« J’ai pu constater que la Stratégie anti-VIH du Vietnam affichait des signaux positifs en matière d’égalité des sexes », a déclaré Suzette Mitchell, la Représentante d’ONU-Femmes dans le pays. « Le Vietnam a pris un engagement politique ferme sur les questions d’égalité des sexes et la société civile est très active dans l’élaboration d’idées permettant d’intégrer cette question dans la Stratégie », a-t-elle ajouté.

En 2010, une analyse – financée par les Nations Unies – de la Stratégie actuelle du Vietnam sur la riposte au VIH a mis en évidence que la dynamique de l’égalité des sexes de l’épidémie devait bénéficier d’un nombre accru de données pour être mieux comprise. Elle a en particulier identifié la nécessité d’une information accrue sur les modalités de l’impact des réformes économiques et des changements sociaux sur les personnes – hommes et femmes – et sur leur responsabilité quant à la vulnérabilité au VIH.

« L’analyse de référence sur la Stratégie doit traiter les questions liées à l’égalité des sexes à part et prévoir l’élaboration d’indicateurs relatifs aux différences hommes-femmes », a souligné le Dr Long.

En renforçant son action visant à placer ces questions au centre de sa Stratégie nationale de lutte contre le sida, le Vietnam joint ses efforts aux initiatives menées pour traiter cet aspect de la riposte au sida dans la région de l’Asie-Pacifique.

 « Le Vietnam fait preuve d’un leadership unique en son genre sur cette question », a déclaré Jane Wilson, Conseillère pour l’égalité des sexes de l’Équipe de soutien régional de l’ONUSIDA. « En acceptant d’intégrer l’égalité des sexes dans le Plan stratégique national, le Vietnam renforce l’efficacité de sa riposte au sida et fournit à la région un exemple d’action progressiste en matière d’égalité des sexes ».