Reportage

Investir dans la prévention du VIH au sein des populations sensibles et augmenter la couverture de traitement pour atteindre l’accès universel en Europe de l’Est et en Asie centrale.

29 mars 2011

Sabyrbek Dzhumabiekov (à gauche), Ministre de la santé du Kirghistan, et Paul De Lay Directeur exécutif adjoint du Programme ONUSIDA, s’adressant aux participants lors de la consultation sur l’accès universel. Kiev, 17 et 18 mars 2011

Le manque d’investissement dans les programmes de prévention du VIH destinés aux populations exposées à un très fort risque d'infection entrave les efforts visant à fournir un accès universel à la prévention, au traitement, à la prise en charge et à l'appui en matière de VIH en Europe de l’Est et en Asie centrale. Telle est la conclusion à laquelle sont parvenus les participants à la consultation régionale qui a eu lieu les 17 et 18 mars 2011 à Kiev, en Ukraine.

Les représentants des gouvernements et des sociétés civiles de 30 pays au sein de la région ont participé à la consultation sur l’accès universel. L’objectif était de discuter des carences dans la lutte contre le VIH dans cette région ainsi que d’identifier les principales priorités des actions à venir.

« En dépit des efforts significatifs, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale ont encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre l’accès universel », affirme le Dr Denis Broun, Directeur de l’équipe ONUSIDA d'appui aux régions pour l’Europe et l’Asie centrale.

Des progrès en matière de prévention de la transmission mère-enfant du VIH ont été réalisés dans la région. La couverture de traitement du VIH a légèrement augmenté ces dernières années. Toutefois, seule une personne sur quatre reçoit le traitement dont elle a besoin, ce qui représente le plus bas taux de couverture à travers le monde.

En dépit des efforts significatifs, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale ont encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre l’accès universel.

Dr Denis Broun, Directeur de l’équipe ONUSIDA d'appui aux régionsour l’, Europe et Asie centrale.

La faible disponibilité des traitements et des programmes de prévention, en particulier auprès des populations exposées à un risque accru d’infection par le VIH, comme les consommateurs de drogues, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, les prisonniers et dans le cadre du commerce du sexe, a été identifiée comme la principale carence qui a conduit à de nouvelles propagations dans la région.

La question de la forte dépendance de cette région à l’aide financière internationale, en particulier à l’aide sous forme de subventions du Fonds mondial, a fait l’objet d’une de ces discussions. Les participants ont souligné la faiblesse des niveaux de financement nationaux et ont appelé les pays à augmenter leurs investissements intérieurs en faveur de la lutte contre le sida. « Les pays ne devraient pas attendre que l’aide financière du Fonds mondial et des autres bailleurs de fonds internationaux prenne fin. La pérennité de la prévention, du traitement, de la prise en charge et du soutien en matière de VIH devraient dépendre des budgets nationaux », ont précisé les participants dans leurs dernières recommandations. « Les gouvernements ne devraient pas considérer le financement de la lutte contre le sida comme une « dépense », mais plutôt comme un investissement dans l’économie, les ressources humaines et l’avenir. »

Des représentants d’organisations non-gouvernementales ont constaté qu’en général, en matière d’affectation des fonds gouvernementaux, la société civile n’est pas impliquée dans les processus de prise de décision budgétaire. Par conséquent, l’efficacité de la lutte globale contre le sida reste faible du fait de la capacité limitée des Etats à répondre aux besoins des populations exposées à un risque accru d’infection.

Selon les participants, il n’existe pas assez de programmes de prévention du VIH destinés à informer les jeunes, à sensibiliser et à encourager l’utilisation du préservatif pour prévenir la transmission du VIH par voie sexuelle. Les restrictions au voyage liées au VIH, la criminalisation de la transmission du VIH et des rapports de personnes du même sexe ainsi que les pratiques policières répressives envers les consommateurs de drogue par injection ont été identifiées comme des obstacles considérables à l’établissement de relations de confiance avec les populations les plus à risque. Les participants se sont également mis d'accord sur la nécessité de créer un environnement juridique fiable afin de faciliter l'accès aux services de prévention du VIH pour les populations les plus exposées au risque d’infection.

Les recommandations élaborées par les participants seront inclues dans le rapport sur la progression vers l'accès universel qui sera présenté à la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale de l’ONU sur le sida en juin 2011 à New York.

« Dans cette région, la situation relative au VIH est critique. En contribuant aux recommandations dès leur développement, nous avons une chance de faire en sorte que la voix des personnes vivant avec le VIH soit entendue », déclare Vladimir Zhovtyak, Directeur du réseau d’Europe de l’Est et d’Asie centrale de personnes vivant avec le VIH.