Reportage

La marche pour le préservatif réunit la population et les membres de la Commission sur la prévention du VIH dans les rues d’Afrique du Sud

06 mai 2011

Des militants de la campagne en faveur du traitement et les membres de la Commission de l’ONUSIDA pour la prévention du VIH marchent pour augmenter l’accès aux préservatifs.
Photo: ONUSIDA/AFP Photo G. Guercia

Un rassemblement vibrant s’est tenu en parallèle de la campagne en faveur du traitement à Khayelitsha. La population s’est jointe aux membres de la Commission de haut niveau de l’ONUSIDA sur la prévention du VIH (en anglais) pour accroître l’usage du préservatif dans les communautés les plus touchées. En distribuant des tee-shirts sur lesquels il était écrit « Séropositif » et en dansant à l’unisson de la musique sur scène et autour de la scène, les habitants de Khayelitsha et les autres ont fêté le préservatif comme barrière contre la propagation du virus.

« Ici, à Khayelitsha, la coalition en faveur du traitement rend les personnes vivant avec le VIH autonomes et en fait les chefs de file de la révolution de la prévention », a déclaré Michel Sidibé, directeur exécutif de l’ONUSIDA, qui reconnaît également le rôle de la Coalition comme chef de file d’un « mouvement mondial en faveur de l’accès au traitement du VIH ».

J’ai été le premier président africain à dire à l’ONU que mon pays était en difficulté. Nous avons été le premier pays à distribuer gratuitement les traitements antirétroviraux. Je suis également ici pour vous féliciter et vous encourager, car nous ne formons qu’un.

Festus G. Mogae, ancien président du Botswana

Vuyiseka Dubula, secrétaire générale de la Coalition en faveur du traitement, également membre de la Commission de l’ONUSIDA sur la prévention du VIH, affirme que « pour la Coalition, le préservatif est de loin l’outil le plus efficace en matière de prévention du VIH. Elle s’est engagée aux côtés de la ville du Cap pour en améliorer l’accessibilité ».

Ce partenariat est maintenant dans sa troisième année et, d’après Mme Dubula, il permet désormais de distribuer au moins un million de préservatifs par an dans la région. Les données recueillies dans les centres de santé locaux montrent une chute incontestable des infections sexuellement transmissibles au cours de la même période. Elle modère toutefois cela en rappelant que, pour être efficace, la distribution de préservatifs doit faire partie d’une approche complète.

« Nous amenons les préservatifs chez les gens », explique-t-elle. Nous ne cessons d’expliquer comment les utiliser correctement. Nous fournissons également du matériel pédagogique en isiXhosa, nous parlons de l’importance du dépistage ainsi que de la tuberculose. »

L’une des figures majeures de ce rassemblement a été un homme plus généralement connu sous le surnom de « M. Préservatif » ou de « Roi du préservatif ». Originaire de Thaïlande, Mechai Viradaidya distribue des préservatifs depuis 37 ans et son approche est, comme il le dit, axée sur la visibilité des préservatifs, ce qui fait tomber mythes et tabous.

« Parlez du préservatif à tout moment, faites en sorte qu’on les voie et qu’ils soient disponibles partout », conseille-t-il. « Lorsque je parle de disponibilité, je ne parle pas uniquement de leur accessibilité physique mais aussi mentale. Pour changer de comportement, il faut porter un préservatif dans l’esprit. »

Viravaidya sourit et dit distribuer des préservatifs « partout, sauf aux enterrements ». Il explique qu’il a commencé à exhiber les préservatifs dans son pays natal en organisant une compétition entre les professeurs : « Celui qui gonflait le plus grand préservatif sans le faire éclater gagnait », déclare-t-il.

En Thaïlande, il a également mis en place le programme du gendarme et du voleur qui permet aux agents de la police de la route de vendre et de distribuer des préservatifs. Il dit qu’un préservatif est en caoutchouc, comme une balle de tennis. « Si vous avez peur des préservatifs, craignez encore plus les balles de tennis : elles contiennent davantage de caoutchouc ! »

Avant que les membres de la Coalition et les commissaires n’entament leur marche et leurs manifestations communautaires en faveur de l’usage du préservatif, la foule a pu écouter les propos empreints de sagesse de l’ancien président botswanais Festus G. Mogae.

« J’ai été le premier président africain à dire à l’ONU que mon pays était en difficulté », a-t-il déclaré à l’assistance. « Nous avons été le premier pays à distribuer gratuitement les traitements antirétroviraux. Je suis également ici pour vous féliciter et vous encourager, car nous ne formons qu’un. » Il a ajouté qu’il n’était pas venu prêcher, mais demander à chacun de continuer à faire campagne « jusqu’à ce que l’on gagne ».

« Nous vaincrons », a-t-il dit sous des applaudissements nourris. « Nous devons faire en sorte que plus aucun bébé ne naisse séropositif. Nous pouvons y parvenir. »

Le directeur exécutif de l’ONUSIDA, M. Sidibé, a insisté sur l’importance de cet événement : « la marche d’aujourd’hui montre que les personnes vivant avec le VIH sont des partenaires essentiels du mouvement en faveur de la santé, de la dignité et de la prévention positives ».

La marche pour le préservatif à Khayelitsha s’est inscrite dans un programme de trois jours mis en place par la Commission de haut niveau de l’ONUSIDA sur la prévention du VIH (en anglais) au Cap. Parmi les autres événements, citons notamment une réunion-débat sur les médias sociaux et la technologie mobile dans le domaine de la prévention du VIH, ainsi qu’un rassemblement historique à Robben Island, le lendemain du jour où Desmond Tutu a symboliquement remis le bâton du militantisme en faveur de la lutte contre le VIH à un groupe de jeunes dirigeants qui, a-t-il espéré, le rejoindrait dans la lutte contre la propagation du VIH.