Reportage

Les dirigeants africains définissent une responsabilité partagée dans la riposte au sida

20 novembre 2011

Photo : ONUSIDA

« L'Afrique s'approprie sa riposte au sida ». C'est le message envoyé par tous les participants lors d'une consultation organisée par l'ONUSIDA le 16 novembre 2011 au siège de l'ONUSIDA à Genève.

Le directeur exécutif de l'ONUSIDA a réuni un groupe de représentants de haut niveau des principales institutions politiques, économiques et régionales d'Afrique pour identifier les changements requis dans la manière dont les décisions et les investissements sont engagés ainsi que les rôles des gouvernements, des donateurs et de la société civile dans la riposte.

L'objectif de la consultation était d'identifier des opportunités pour mobiliser l'Afrique et d'autres dirigeants afin d'accélérer les progrès accomplis en vue de l'atteinte des nouveaux objectifs de la Déclaration politique 2011 sur le VIH/sida, en particulier l'élimination des infections à VIH chez les enfants et l'accès au traitement pour 15 millions de personnes d'ici 2015. Le groupe a émis une série de propositions pour créer un agenda socialement durable pour le sida, compte tenu des défis et des opportunités d'un contexte complexe, variable et à l'évolution rapide.

« Le message que nous devons véhiculer à nos dirigeants est que nous avons suffisamment de pouvoir pour créer le changement dans leurs pays », a déclaré le co-président de la réunion, le Commissaire Bience Gawanas de la Commission de l'Union africaine.

Le message que nous devons véhicule à nos dirigeants est que nous avons suffisamment de pouvoir pour créer le changement dans leurs pays

Commissaire Bience Gawanas de la Commission de l'Union africaine.

Une grande partie de la discussion s'est axée sur la manière dont le monde a évolué par rapport au paradigme donateur/destinataire, caractéristique des 50 dernières années. Les participants donnent une image d'une Afrique très différente, en insistant sur les principaux développements, notamment la croissance économique, l'augmentation de la population active pour stimuler la croissance et l'accès accru aux technologies et aux communications. Ils ont également souligné le fait qu'un grand nombre de pays ne sont désormais plus dépendants de l'aide, et du leadership et de l'indépendance que cela a engendré.

Selon les participants, l'entrée dans une nouvelle ère de responsabilités partagées supposera de saisir ces opportunités et de relever différents défis qui demeurent, notamment l'absence d'une puissante voix de l'Afrique dans la gouvernance sanitaire internationale, un « esprit de dépendance » pénétrant et le fait que l'Afrique se repose sur un traitement anti-VIH fabriqué et financé à l'étranger.

Les participants ont recherché des moyens de mieux engager les parlementaires, la société civile, les commissions économiques régionales, le secteur privé et les ministres des finances et des affaires étrangères, en reconnaissant qu'ils ont un rôle clé à jouer dans le maintien de la riposte. Ils ont également discuté de mécanismes de responsabilisation innovants et propres à l'Afrique, tels que AIDS Watch Africa et la Campagne pour l'accélération de la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile (CARMMA). De nouvelles initiatives de mobilisation de ressources innovantes Sud-Sud et à l'échelle du continent, comme celles dirigées par la Banque africaine de développement, ont également été explorées.

Les participants incluaient le Dr Agnes Soucat, Banque africaine de développement, l'Honorable Gilbert Mangole, Membre du Parlement du Botswana, Mme Thokozile Ruzvidzo, Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, le Dr Lucica Ditiu, partenariat « StopTB », le Dr Akram Ali Eltom, Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, le Dr Alvaro Bermejo, Alliance internationale contre le VIH/sida, le Dr. Jeanetta K. Johnson, Organisation Ouest Africaine de la santé, et le Dr Faria de Brito Carlos Pedro, Organisation Ouest Africaine de la santé. La consultation s'est déroulée le 16 novembre 2011 au siège de l'ONUSIDA à Genève

Le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a déclaré que « les dirigeants savent que la riposte n'est pas une question de coût mais d'investissement pour la transformation de nos sociétés ». Les participants ont conclu que l'urgence est à présent d'engager les dirigeants africains dans des processus nationaux pour redéfinir la riposte au sida et reprogrammer les investissements en fonction des priorités nationales.