Reportage

Bâtir des connaissances, des compétences et de l'espoir dans les écoles d'Afrique australe

07 octobre 2011

Élèves participant à une intervention « Parole positive » à Luanda, Angola
Photo : UNESCO

Les élèves et les enseignants de quatre pays d'Afrique australe profitent d'un ambitieux programme de lutte contre le VIH, dirigé par l'UNESCO. Depuis ses débuts en 2008, le programme vise à renforcer la riposte contre le sida du secteur de l'éducation en Angola, au Lesotho, en Namibie et en Swaziland.   

Intitulé « Building knowledge, skills and hope: HIV and AIDS education for African children » (Bâtir des connaissances, des compétences et de l'espoir : éducation des enfants africains sur le VIH et le sida), ce projet sur trois ans consiste à améliorer le cursus et les supports pédagogiques sur le VIH. Il vise également à soutenir la formation des enseignants grâce à de meilleures directives de programmes et de politiques. Le programme est destiné à renforcer les systèmes de soin et de soutien aux enseignants et au personnel éducatif touchés par le VIH ainsi que d'améliorer l'éducation sur le sida dans des centaines d'écoles. 

Mis en place par l'UNESCO et financé par la Fondation Virginio Bruni Tedeschi, le projet a été mis en oeuvre dans le cadre de l'Initiative mondiale de l'ONUSIDA pour l'éducation et le VIH/sida (EDUCAIDS) et a renforcé les travaux continus des différents ministères de l'éducation de chaque pays.

Selon l'UNESCO, le résultat a été le repositionnement du secteur éducatif au centre de la riposte nationale contre le sida dans les quatre pays. Des réformes sont en cours dans tous les pays impliqués dans le projet afin d'intégrer le VIH et l'éducation sexuelle dans le cursus des écoles et les institutions de formation des enseignants.  

L'initiative a donné lieu à un certain nombre d'innovations telles que la mise en place des premiers réseaux nationaux d'enseignants touchés par le VIH. « Depuis le lancement de cette initiative, nous partageons nos expériences, nos craintes, nos espoirs et nos rêves », a déclaré Nelao Martin, un enseignant vivant avec le VIH et membre du EduSector Support Network on Health and HIV en Namibie. « Quelqu'un, quelque part, a forcément déjà traversé les mêmes difficultés et est parvenu à les gérer. »

Depuis le lancement de cette initiative, nous partageons nos expériences, nos craintes, nos espoirs et nos rêves. Quelqu'un, quelque part, a forcément déjà traversé les mêmes difficultés et est parvenu à les gérer.

Nelao Martin, un enseignant vivant avec le VIH et membre du EduSector Support Network on Health and HIV en Namibie

Les premiers groupes de soutien pour enfants et adolescents touchés par le sida ont été établis. De la même manière, en partenariat avec des associations de personnes vivant avec le VIH, de nouvelles approches sont utilisées pour sensibiliser les élèves séropositifs dans les écoles. Des sessions de « Parole positive » ont été mises en place grâce auxquelles les témoignages et les expériences personnels de jeunes éducateurs ouvertement séropositifs ont permis aux élèves de « mettre un visage » sur le virus. 

Nkuebe Peete, un séropositif de 23 ans vivant au Lesotho a participé à ces interventions : “Je suis fier de faire part de mon histoire et de mon expérience à des jeunes pour qu'ils ne fassent pas les mêmes erreurs et aident ceux qui vivent avec le VIH. Ceci a donné un nouveau sens à ma vie. J'ai à présent le sentiment d'être une meilleure personne qu'avant. »

En outre, des supports d'enseignement et d'apprentissage innovants ont été développés comme la série de livres audio sur le VIH destinés aux élèves de classes primaires au Swaziland. La plupart des supports de sensibilisation d'élèves plus âgés ont été développés par les élèves eux-mêmes de façon créative et interactive. L'une des approches particulières impliquait les salons nationaux et régionaux « PhotoVoice » qui présentaient les témoignages d'élèves et d'enseignants séropositifs. Au total, les activités du projet ont atteint plus de 4 000 écoles, 17 000 enseignants et près d'un demi million d'élèves.

De nouvelles initiatives sont en cours de développement, sur les fondements posés par le projet. Par exemple, en mai 2011, le ministère de l'éducation de Namibie a mandaté et débloqué un budget pour l'introduction d'enseignants à temps plein dans le seul but de dispenser une éducation, des directives et du conseil en sciences de la vie dans les écoles primaires et secondaires. 

Le Lesotho et le Swaziland sont sur le point d'adopter des politiques qui reconnaissent l'impact du sida sur leurs systèmes éducatifs. Ces politiques appellent à l'intégration de stratégies pour une prévention et des soins adaptés aux besoins des élèves et des enseignants. Des efforts similaires ont été déployés en Angola, qui s'attaque à la formulation d'une stratégie et d'une politique sur le VIH au sein du secteur de l'éducation. 

Les partenaires du projet estiment que le programme a considérablement contribué à améliorer la riposte contre le sida dans les secteurs éducatifs des quatre pays. D'après Majoele Likonelo Hlasoa, directrice de la planification du Ministère de l'éducation et de la formation au Lesotho : « Lorsque j'ai rejoint le Ministère de l'éducation, j'ignorais ce que le secteur éducatif pouvait et devait faire à propos du VIH, qui était selon moi une question de santé publique sous la responsabilité du Ministère de la santé. Depuis que j'ai été exposée au plan d'action d'EDUCAIDS, j'ai changé d'avis et j'ai une réelle connaissance des enjeux. »