Reportage

Le Forum pour l'OMD 6 évoque les défis auxquels sont confrontées les femmes et les filles affectées par le VIH en Europe de l'Est et en Asie centrale

13 octobre 2011

Quelques participants à cette réunion (de gauche à droite) : Nina Ferencic de l'UNICEF ; Paige Alexander de l'USAID ; James Chau, ambassadeur de bonne volonté de l'ONUSIDA ; Mikhail Grishankov, membre du Parlement de la Fédération de Russie ; le Dr Luiz Loures, directeur du Bureau exécutif de l'ONUSIDA

Une table ronde organisée le dernier jour du Forum international sur l'OMD 6 en Europe de l'Est et en Asie centrale a principalement porté sur les femmes, les filles et le VIH. Présidée par James Chau, ambassadeur de bonne volonté de l'ONUSIDA, la réunion a regroupé des représentants des gouvernements, de la société civile et des organisations pour le développement international.

Le nombre de femmes infectées par le VIH en Europe de l'Est et en Asie centrale est en constante augmentation. En Russie, la prévalence du VIH parmi les jeunes femmes de 15 à 24 ans est deux fois supérieure à celle constatée parmi les hommes du même âge, selon les chiffres fournis par le gouvernement.

Alexandra Volgina, militante du réseau russe de femmes EVA, a ouvert la session en décrivant les principaux défis auxquels se trouvent confrontées les femmes et les filles affectées par le VIH dans cette région. Elle a déclaré que la stigmatisation et la discrimination continuent de bloquer l'accès aux services anti-VIH et que la continuité de la disponibilité du traitement anti-VIH reste un problème majeur. Elle a ajouté que les programmes pour un moindre mal axés sur les femmes qui consomment des drogues injectables sont insuffisants.

Mme Volgina était accompagnée par plusieurs femmes affectées par le VIH et vivant dans la région. Svetlana, ancienne consommatrice de drogues et mère de deux enfants, a demandé la mise en place de programmes répondant aux besoins spécifiques des femmes, y compris un traitement spécial et des centres de soins destinés aux femmes avec des enfants. « La naissance d'un enfant est une immense motivation pour les femmes qui consomment de la drogue à se débarrasser enfin de leur addiction mais, lorsque ces femmes cherchent de l'aide, nous n'avons rien à leur offrir », a-t-elle affirmé.

Des membres de réseaux régionaux ont évoqué le problème de la violence qui touche les femmes dans leurs propres foyers et communautés. Ils ont aussi fait état de la pression subie par de nombreuses femmes enceintes vivant avec le VIH lorsqu'elles souhaitent mener leur grossesse à terme. Plusieurs participants ont indiqué que les cadres juridiques entravent l'accès à des soins dont le besoin se fait pourtant cruellement sentir, comme les services destinés à prévenir les nouvelles infections aux VIH chez les nouveau-nés.

Sans un leadership politique et une société civile unie, nous ne serons pas en mesure de progresser sur cette question

Mikhail Grishankov, membre du Parlement de la Fédération de Russie et militant de longue date en faveur des femmes et des filles

Des femmes affectées par le VIH ont lancé une campagne lors du Forum OMD 6, avec le slogan : « La santé des enfants dépend d'abord de celle de leur mère ! N'hésitons plus à investir dans les femmes ! » Ce thème a été repris dans les observations de Nina Ferencic, de l'UNICEF, qui a attiré l'attention sur le lien inextricable entre une femme et son enfant. « Si vous demandez aux enfants séropositifs au VIH ce qu'ils souhaitent, ils vous répondront qu'ils veulent avant tout que leur mère vive et se porte bien. Pour qu'un enfant soit heureux et en bonne santé, nous devons d'abord prendre soin de sa mère », a-t-elle ajouté.

Paige Alexander, intervenante de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a déclaré que, pour faire évoluer la situation dans la région, il faut donner un visage humain au VIH. « Nous devons redonner confiance et dignité aux femmes par tous les moyens possibles, y compris par exemple en soutenant les réseaux de femmes et le leadership des femmes », a-t-elle précisé.

Mikhail Grishankov, membre du Parlement de la Fédération de Russie qui travaille sur la question du sida depuis de nombreuses années et militant de longue date en faveur des femmes et des filles, a demandé une plus grande coopération entre toutes les parties concernées pour répondre aux besoins des femmes dans le cadre de la riposte au VIH. « Sans un leadership politique et une société civile unie, nous ne serons pas en mesure de progresser sur cette question », a assuré M. Grishankov, également vice-président d'un groupe de travail interparlementaire sur le sida et d'autres maladies.

Sveta Izambaeva, membre du Réseau russe des femmes affectées par le VIH

M. Grishankov a aussi souligné la nécessité de sensibiliser davantage le public sur le VIH en Russie en utilisant tous les médias disponibles. Il s'est engagé à organiser une réunion de suivi entre les parlementaires, les groupes de femmes et des experts sur le VIH pour passer en revue les défis immédiats auxquels sont confrontées les femmes affectées par le VIH pour obtenir les services appropriés, et à donner à cette réunion une grande visibilité.

« Nous devons induire un changement de fond dans la riposte au VIH actuelle dans la région », a affirmé Luiz Loures, directeur du Bureau exécutif de l'ONUSIDA. « Si nous voulons progresser, nous devons aborder l'épidémie du point de vue des femmes », a conclu le Dr Loures.

Le Forum international pour l'OMD 6, organisé à Moscou du 10 au 12 octobre par la Fédération de Russie, avait pour objectif de provoquer une discussion stratégique sur les progrès réalisés au regard du 6ème Objectif du Millénaire pour le développement en Europe de l'Est et en Asie centrale. L'ONUSIDA assurera un suivi immédiat du forum, avec la participation des organisations de femmes et des partenaires.