Reportage

L'efficience économique dans les programmes de santé : un thème clé de la conférence ministérielle africaine en Tunisie

05 juillet 2012

Des participants à la session de la conférence du 4 juillet sur l'innovation africaine (de gauche à droite) : Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA ; Hon. Tim Thahane, Ministre des Ressources minières, de l'Énergie et de l'Eau, Lesotho ; M. Claude Sekabaraga, expert en renforcement des systèmes de santé et en financement basé sur les résultats, Banque mondiale ; Hon. Kebede Worku, Ministre d'État en charge de la Santé, Éthiopie ; Mme Kampeta Sayinzoga, Secrétaire permanente, Ministère des Finances, Rwanda.

S'exprimant devant une soixantaine de ministres en charge des finances et de la santé lors d'une conférence organisée à Tunis le 4 juillet, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé a félicité les dirigeants africains pour leur engagement accru et leur partenariat dans les ripostes au VIH dans toute la région.

« Les investissements dans la lutte contre le sida ont nourri les avancées en matière de santé et de développement », a indiqué M. Sidibé, qui participait à une session de la conférence consacrée à l'innovation africaine.

Les investissements stratégiques dans la lutte contre le VIH en Afrique ont eu des retours multiples. Dans 22 pays d'Afrique subsaharienne, le taux de nouvelles infections à VIH a chuté de plus de 25 % entre 2001 et 2009. Plus de 5 millions d'Africains bénéficient désormais d'un traitement antirétroviral, contre seulement 50 000 il y a dix ans.

Toutefois, ces acquis restent fragiles. Chaque jour, 3 500 Africains meurent du sida. On estime à 5 millions le nombre d'Africains qui auraient besoin d'un traitement anti-VIH et qui n'y ont toujours pas accès. En Afrique, près de 300 000 enfants continuent de naître avec le VIH chaque année.

Les investissements dans la lutte contre le sida ont nourri les avancées en matière de santé et de développement

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA

Dans le contexte actuel de crise économique, les rares ressources disponibles doivent être utilisées avec plus d'efficience, de transparence et de responsabilité, a expliqué le Directeur exécutif de l'ONUSIDA lors d'une présentation intitulée Des solutions africaines pour une meilleure efficience économique. Il a mis en avant des politiques et des programmes qui présentent un rapport coût-efficacité positif et ont donné des résultats durables sur le terrain.

En Afrique du Sud, par exemple, le coût unitaire des médicaments anti-VIH a été considérablement réduit avec l'élargissement de l'accès au traitement : de 500 $ à 200 $ par personne. D'autres pays ont baissé les coûts de leurs programmes en supprimant les structures parallèles et les services de santé isolés.

Investir dans l'innovation

Les dirigeants africains peuvent accélérer les progrès en investissant dans l'innovation, a déclaré M. Sidibé. À travers la formation de partenariats avec les économies émergentes et les pays industrialisés, ils doivent faciliter le transfert de technologies pour la médecine et les moyens de contraception. En axant les ressources sur la recherche et le développement en matière de VIH, ils ont la possibilité de construire une économie africaine basée sur la connaissance, a-t-il ajouté.

M. Sidibé a encouragé les ministres assistant à la conférence à réduire la dépendance de l'Afrique envers les médicaments anti-VIH importés grâce à la production locale de médicaments antirétroviraux. Il a indiqué que la création d'une autorité de réglementation africaine unique pour les médicaments pourrait permettre une mise en circulation plus rapide de médicaments de qualité garantie.

Un nouveau modèle

L'Afrique a vocation à transcender un modèle donateur-bénéficiaire devenu obsolète, a déclaré le Directeur exécutif de l'ONUSIDA. Les dirigeants commencent à adopter un nouveau pacte mondial pour une responsabilité partagée et une appropriation par les pays, a-t-il indiqué.

Organisée par Harmonization for Health in Africa et accueillie par la Banque africaine de développement, cette conférence de deux jours à Tunis a réuni des ministres, des parlementaires et des représentants de haut niveau d'organisations internationales, de la société civile et du secteur privé.