Reportage

Les leaders africains appellent à une intensification de l'industrialisation d'une Afrique en pleine émergence

26 mars 2013

Les ministres africains et d'autres leaders à l'ouverture de la Réunion annuelle de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la CEA et de la Conférence des ministres de l'économie et des finances de l'UA à Abidjan, Côte d’Ivoire, 25 mars 2013.
Photo : ONUSIDA/Basil Zoma.

Les Ministres des Finances africains et d'autres leaders ont convenu que le continent devait se libérer de sa dépendance aux exportations pour les produits de base et intensifier son industrialisation afin d'accélérer son développement. 800 ministres, experts et représentants des Nations Unies se sont rassemblés à l'occasion de la réunion annuelle conjointe de la Conférence des ministres de l'économie et des finances de l'Union Africaine et de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la Commission économique pour l'Afrique (CEA). La conférence sur « L'industrialisation au service de l'émergence de l'Afrique » s'est ouverte à Abidjan, en Côte d'Ivoire, le 25 mars.

Le Président de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, qui présidait la cérémonie d'ouverture, a déclaré que « la stabilité politique, la stabilité du cadre macro-économique et des infrastructures de qualité sont nécessaires à l'industrialisation des pays africains ». Il a également expliqué que son pays a fait le choix de l'industrialisation et de la diversification de son économie.

L'Afrique a enregistré une croissance remarquable ces dernières années. Les intervenants à la conférence ont précisé que le taux de croissance du continent était de 5 % pour 2012, contre 2 % pour l'économie mondiale.

Selon Nkosazana Dlamini Zuma, Présidente de la Commission de l'Union africaine : « l'industrialisation n'est pas un luxe pour notre région mais une nécessité » et « malgré les progrès significatifs réalisés dans certains domaines, les défis et les opportunités demeurent ».

Parmi les défis se trouvent un certain nombre d'obstacles non tarifaires au commerce. Carlos Lopes, Secrétaire exécutif de la CEA des Nations Unies, a également mentionné « l'instabilité chronique qui caractérise le continent africain par rapport à l'Asie ». Pour lui : « Cela ne fait aucun doute que l'Afrique a besoin d'une transformation structurelle et non de simples ajustements. L'industrialisation est tout simplement indispensable pour atteindre cet objectif. »

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA, à la Réunion annuelle de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la CEA et de la Conférence des ministres de l'économie et des finances de l'UA à Abidjan, Côte d’Ivoire, 25 mars 2013.
Photo : ONUSIDA/Basil Zoma.

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA, a participé à cette conférence. Il a souligné que l'Afrique disposait aujourd'hui d'une opportunité unique de développer son industrie pharmaceutique. À l'heure actuelle, l'Afrique dépend fortement des médicaments étrangers puisqu'elle importe 70 % des médicaments. Selon M. Sidibé : « L'Afrique doit modifier son approche, son modèle et sa stratégie de production ».

L'Afrique importe 80 % de ses médicaments antirétroviraux. Cette lourde dépendance par rapport aux marchés étrangers représente un risque sanitaire considérable pour l'Afrique, étant donné que certaines données laissent à penser que de nombreux laboratoires pharmaceutiques asiatiques de tout premier plan se focalisent désormais davantage vers les marchés occidentaux, plus lucratifs, et sont remplacés par des laboratoires qui n'appliquent pas les mêmes normes qualitatives. Une production locale pourrait entraîner de nombreux avantages, dont : une meilleure garantie de la qualité des produits, des chaînes d'approvisionnement plus courtes et moins de ruptures de stocks et la production de médicaments destinés à lutter contre les maladies qui affectent l'Afrique et que le reste du monde ne produit pas.

M. Sidibé a affirmé que, pour encourager le développement de l'industrie pharmaceutique en Afrique, la prochaine étape consiste à fournir aux parties prenantes publiques et privées les informations stratégiques essentielles permettant d'attirer des fonds. Un nouveau partenariat entre la Commission pour l'Union africaine, l'ONUSIDA et d'autres partenaires cherche à combler ce manque d'informations stratégiques en mettant au point une Initiative sur les données concernant le marché pharmaceutique.

La réunion annuelle durera jusqu'au 26 mars.