Reportage

Accélérer la riposte au VIH en Indonésie

12 mai 2014

L'Indonésie, qui se place au quatrième rang mondial en termes de population et couvre une vaste étendue géographique, est un pays d'importance stratégique pour la riposte au sida.

Compte tenu du nombre croissant de nouvelles infections à VIH ces dernières années, le gouvernement et ses partenaires intensifient leur action dans tout le pays pour soutenir l'expansion des programmes et des actions visant à réduire le nombre de nouvelles infections à VIH et de décès et à élargir l'accès au traitement anti-VIH.

En 2013, une stratégie nationale a été adoptée afin d'élargir rapidement l'accès au traitement antirétroviral pour maximiser son impact en termes de prévention. Grâce à ce programme, une initiation précoce du traitement antirétroviral, indépendamment de la numération de CD4, peut désormais être proposée aux femmes enceintes, aux couples sérodiscordants, à toutes les personnes issues des populations les plus exposées au VIH, ainsi qu'aux personnes vivant avec une co-infection VIH et tuberculose et/ou hépatite B ou C. Le programme est actuellement déployé en partenariat avec les autorités, la société civile et des partenaires internationaux de développement dans 13 districts du pays et sera étendu à 75 districts d'ici fin 2014.

En parallèle, l'Indonésie continue d'intensifier ses efforts de prévention du VIH, en se concentrant sur les principales populations touchées. Des données récentes concernant 16 villes d'Indonésie montrent que les efforts d'élargissement de l'accès aux préservatifs, en particulier pour les professionnel(le)s du sexe, et leur usage effectif ont permis de faire baisser le nombre d'infections sexuellement transmissibles, notamment la syphilis, et donc de réduire le risque de transmission du VIH.

« De l'élargissement des programmes de traitement et de prévention à la localisation géographique des ripostes et auprès des populations les plus touchées, il existe nombre d'exemples de progrès qui doivent maintenant être reproduits, rapidement, pour aller encore plus loin », a déclaré Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, en visite officielle en Indonésie au mois d'avril.

Le temps de l'action

Les partenaires de la riposte indonésienne au sida admettent que l'élargissement des programmes doit se poursuivre. On estime à 76 000 le nombre de nouvelles infections à VIH en 2012 et le nombre de personnes ayant accès au traitement antirétroviral s'est approché de la barre des 40 000 en 2013 (soit une augmentation de 27 % par rapport à 2012). Malgré des signes de stabilisation de l'épidémie parmi les professionnel(le)s du sexe et les consommateurs de drogues dans certaines régions, la prévalence du VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes a fortement augmenté à l'échelle nationale, passant de 5,3 % en 2007 à 8,5 % en 2011, et de 8,1 % en 2007 à 17,2 % en 2011 à Jakarta, selon les données 2007 et 2011 de la Surveillance biologique et comportementale nationale intégrée.

« Dans un pays décentralisé comme l'Indonésie, nous devons traduire les stratégies en progrès et en action au niveau des provinces et des districts, et pour ce faire nous devons nous assurer des partenariats d'excellence », a déclaré le Vice-ministre de la Santé Ali Ghufron Mukti lors de sa rencontre avec la Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA à Jakarta. « Nous travaillons intensément avec nos autorités locales dans les districts et avec la société civile et les communautés », a-t-il ajouté.

Bali est une province citée en exemple pour son nombre croissant de stratégies et d'initiatives montrant des résultats positifs. Par exemple, le programme de Bali pour la prévention de la transmission sexuelle du VIH a été renforcé au moyen de la refonte des règlements applicables au commerce du sexe, permettant aux professionnel(le)s du sexe d'accéder plus facilement et de manière confidentielle aux services de santé sexuelle et anti-VIH. Bali a également été à l'avant-garde dans la mise en œuvre du programme national sur l'utilisation stratégique du traitement antirétroviral, en assurant un traitement à toutes les personnes issues des populations les plus touchées sans tenir compte de la numération de CD4.

Des actions centrées sur les communautés qui donnent des résultats encourageants

Les services centrés sur les communautés et dirigés par celles-ci montrent des résultats significatifs en termes d'intérêt pour ces services et d'essor de ces derniers. Par exemple, malgré le contexte culturel difficile et sensible sur la question des rapports sexuels entre hommes, la Bali Medika Clinic de Kuta est considérée comme accueillante pour ces personnes par les groupes communautaires. Ces dernières années, elle a vu de plus en plus de patients y recourir aux services de dépistage et de conseil anonymes et à une orientation vers une initiation précoce du traitement anti-VIH.

« La Bali Medika Clinic est une initiative à base communautaire. Nos services sont construits autour des besoins et des demandes des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Nos patients peuvent bénéficier d'une approche centrée sur le patient et de notre système de guichet unique abordable, mais aussi confidentiel », explique Yogi Prasetia, membre du personnel de la clinique.

Les efforts unis de l'ONUSIDA

Un partenariat solide avec les Nations Unies sur le VIH permet également d'appuyer l'intensification des efforts en Indonésie. L’ONUSIDA a mené l'élaboration d'un Programme commun d'appui sur le sida, qui est le fruit des efforts combinés des Nations Unies pour soutenir le gouvernement indonésien et ses partenaires dans la riposte nationale au sida.

Ce programme correspond aux priorités identifiées de l'Indonésie dans le cadre du plan stratégique national, avec une orientation particulière sur l'élargissement de l'accès au traitement antirétroviral. Il vise notamment à maximiser l'impact de la riposte collective des Nations Unies, à harmoniser et mieux coordonner la programmation, le financement et la rédaction de rapports avec les organismes coparrainants, et à réduire les doublons et les coûts de transaction.