Reportage

Grâce à l'intégration des services anti-VIH, le Vietnam s'assure une plus grande rentabilité des investissements

24 octobre 2014

Un centre de santé « tout en un » à Hanoï propose des services intégrés anti-VIH et d'autres soins de santé qui permettent de progresser et de maximiser les investissements dans la riposte au sida au Vietnam. Le centre de santé local Tu Liem des quartiers sud de Hanoï est un modèle que l'Autorité vietnamienne de contrôle du VIH/sida prévoit de reproduire dans les zones du pays qui payent le plus lourd tribut au virus.

« Aujourd'hui, j'ai vu trois choses qui aideront non seulement le Vietnam, mais aussi d'autres pays : l'intégration et la décentralisation des services, une approche centrée sur le patient et le soutien par les pairs », a déclaré le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé lors d'une visite au centre de santé. « Il est important de rassembler les personnes venant de milieux sociaux différents et de les soutenir pour qu'elles deviennent des acteurs du changement pour la lutte contre le VIH ».

Le centre de santé propose toute une gamme de services anti-VIH aux populations les plus touchées, notamment les consommateurs de drogues injectables, les professionnel(le)s du sexe et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. C'est aussi le principal établissement de santé pour la population générale du quartier. Plus de 500 personnes y reçoivent un traitement antirétroviral et plus de 300 consommateurs de drogues injectables y sont sous traitement d'entretien à la méthadone. Le centre de santé fournit également des services de proximité, notamment la distribution d'aiguilles et de seringues, des conseils et des tests de dépistage du VIH, le diagnostic et le traitement de la tuberculose, la prévention de la transmission de la mère à l'enfant, ainsi que des soins à domicile et le soutien par les pairs pour l'observance des traitements.

L'intégration et la décentralisation des systèmes de prestation de services anti-VIH, notamment le renforcement des systèmes de santé, sont l'une des priorités stratégiques mises en avant par le nouveau programme d'investissement du Vietnam pour une riposte optimisée au VIH. Le programme d'investissement, élaboré par la Ministre de la Santé avec l'appui de l'ONUSIDA et d'autres partenaires de développement, a pour but d'améliorer l'efficacité, l'efficience et la durabilité de la riposte nationale alors que les bailleurs de fonds internationaux réduisent leur soutien à un Vietnam qui connaît un développement rapide.

Lors d'une rencontre avec M. Sidibé, la Ministre de la Santé Nguyen Thi Kim Tien a déclaré que le Vietnam s'engageait à suivre le programme d'investissement et à augmenter son budget national consacré à la riposte au VIH. Cependant, elle a ajouté que le Vietnam avait besoin du soutien permanent de la communauté internationale pour parvenir aux objectifs mondiaux en matière de VIH. « Nous sommes confrontés à des problèmes et des difficultés, mais nous allons faire de notre mieux et œuvrer à la pérennité de la riposte au VIH pour accomplir de grandes choses », a déclaré Mme Nguyen Thi Kim Tien.

Le programme d'investissement part du principe que l'intégration et la décentralisation vont permettre d'économiser de l'argent et d'aider à soutenir les services anti-VIH en évitant les dépenses parallèles en infrastructures, ressources humaines et produits de base, en profitant de l'efficacité existante en termes de coûts du système de santé, en créant des liens entre les services connexes et en facilitant l'orientation.

Cette approche permettra également de s'attaquer à certains problèmes de la société civile au Vietnam. Les personnes vivant avec le VIH et les populations les plus exposées au risque d'infection à VIH s'inquiètent de la baisse des fonds des donateurs qui pourrait conduire à la limitation de l'accès à des services abordables.

« Je suis sous traitement antirétroviral depuis 10 ans et je me sens très bien, comme beaucoup d'autres personnes », raconte Nguyen Xuan Quynh, 41 ans. « J'ai entendu que l'aide internationale allait bientôt s'arrêter et que peut-être nous devrons payer. Mais nous sommes presque tous très pauvres ».

Dans le cadre de sa visite officielle de deux jours dans le pays, M. Sidibé a également rencontré des leaders de réseaux de la société civile. Il les a encouragés à continuer de faire entendre leur voix sur les questions les plus importantes et à collaborer étroitement avec le système de santé public afin de jouer un plus grand rôle dans la fourniture de services anti-VIH peu coûteux et à fort impact.