Compte-rendu

Succès de la prophylaxie préexposition : prochaines étapes pour soutenir les décisions politiques en Afrique orientale et australe

29 octobre 2014

La prophylaxie préexposition (PrEP) du VIH par voie orale a montré une efficacité jusqu'à 90 % dans la prévention des infections à VIH chez les personnes qui suivent le traitement de manière régulière. Cependant, les États-Unis sont le seul pays où la PrEP est agréée et recommandée dans le cadre des programmes de prévention du VIH.

Afin de trouver des moyens de combler le fossé entre les preuves et les processus de décision politique, l'ONUSIDA, l'AVAC et l'OMS ont organisé une réunion à l'occasion de la Conférence 2014 sur la recherche pour la prévention du VIH (R4P), qui a eu lieu au Cap, en Afrique du Sud, du 28 au 31 octobre. La conférence R4P est le premier rassemblement scientifique au monde consacré exclusivement à la recherche biomédicale pour la prévention du VIH.

Participants

La conférence a réuni des représentants des Ministères de la Santé et des Conseils nationaux sur le sida du Kenya, du Mozambique, d'Afrique du Sud, d'Ouganda et du Zimbabwe, des chercheurs travaillant sur la PrEP, ainsi que des représentants d'établissements de recherche et de démonstration où la PrEP est actuellement délivrée, des bailleurs de fonds, des fabricants de médicaments et des militants de la lutte contre le VIH.

Principaux messages

  • La PrEP est utilisée dans plusieurs projets de démonstration dans les pays d'Afrique orientale et australe, couvrant une large variété de populations, notamment des couples sérodifférents au Kenya et en Ouganda, des professionnel(le)s du sexe au Zimbabwe et des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes au Kenya et en Afrique du Sud.
  • Pour être utilisée à plus grande échelle, la PrEP doit être intégrée dans une stratégie de prévention complète, avec des étapes correspondantes et des indicateurs de réussite définis avec les décideurs politiques. La Feuille de route pour la prévention au Kenya inclut d'ores et déjà la possibilité de recours à la PrEP.
  • Les coûts et les modèles de rentabilité restent des éléments clés, tout comme la sélection des personnes auxquelles la PrEP devrait être proposée et le choix d'un modèle de délivrance approprié. Les cliniques des Sœurs, qui proposent un service dédié aux professionnel(le)s du sexe au Zimbabwe, accueillent de nombreux professionnel(le)s du sexe et s'intègrent dans une stratégie gouvernementale.
  • L'arrêt prématuré de l'étude PROUD sur la PrEP démontre qu'au sein des services de santé sexuelle du Royaume-Uni (Grande-Bretagne et Irlande du Nord), il existe une forte demande en faveur de la PrEP et qu'il est possible d'identifier les personnes les plus exposées au risque.
  • La demande est en train d'augmenter au sein des communautés africaines et doit être stimulée auprès de ceux qui en bénéficieraient le plus et seraient le plus susceptibles de recourir à la PrEP.
  • Les décideurs politiques des services de santé et d'autres administrations publiques ont besoin de plus d'informations sur la PrEP, présentées d'une manière exploitable pour eux, ainsi que d'opportunités de discuter de leurs préoccupations spécifiques, par exemple sur les études d'innocuité de la PrEP ou les mesures d'amélioration de l'observance.
  • Une meilleure compréhension du coût de la PrEP est également nécessaire. Cela exige une plus grande compréhension des questions suivantes : qui utiliserait la PrEP, de quelle façon, et où pourrait-on y accéder.

Déclarations

« En tant que femme vivant avec le VIH, comme je regrette de ne pas avoir su ce qu'était la PrEP à l'époque. Nous savions comment évaluer le risque et nous savions que le risque d'attraper le VIH était élevé pour nous ; nous aurions choisi la PrEP. »

Teresia Njoki Otieno, membre de l'African Gender and Media Initiative et de la Communauté internationale des femmes vivant avec le VIH/sida

« Les coûts d'opportunité de l'élargissement [de la délivrance de la PrEP] sont élevés mais peuvent apporter des bénéfices encore plus importants, au-delà des infections à VIH et des traitements à vie ainsi évités. Il nous faut une stratégie cohérente pour être sûrs que l'investissement sera rentable. »

Christine Ondoa, Directrice générale de la Commission ougandaise sur le sida

« L'expérience de la circoncision masculine médicalisée et volontaire peut éclairer la progression de la PrEP. »

Helen Rees, Directrice exécutive, University of Witwatersrand Reproductive Health and HIV Institute