Reportage

La société civile crée une coalition pour accélérer les résultats en Afrique occidentale et centrale

15 mai 2018

L’Afrique occidentale et centrale est confrontée à de nombreux défis, allant des conflits et des crises humanitaires à l’instabilité politique et aux épidémies dévastatrices d’Ebola. Alors que la riposte mondiale au VIH s’accélère, des millions de personnes dans la région sont laissées pour compte. En 2016, dans le monde, sur l’ensemble des personnes vivant avec le VIH, 70 % connaissaient leur état sérologique, 53 % avaient accès à un traitement et 44 % ont vu leur charge virale supprimée. En revanche, l’Afrique occidentale et centrale est à la traîne, n’atteignant respectivement que 42 %, 35 % et 25 % en 2016. Les lacunes sont considérables dans cette région : 4,0 millions de personnes vivant avec le VIH ne reçoivent pas de traitement et 310 000 adultes et enfants sont morts de maladies liées au sida en 2016.

Afin de partager les expériences, les défis et les informations sur les programmes couronnés de succès, les représentants des organisations de la société civile impliquées dans les ripostes au sida à travers l’Afrique occidentale et centrale se sont réunis à Somone, au Sénégal, du 7 au 10 mai. Des partenaires techniques et financiers ont également pris part aux discussions.

« Quatre-vingts dirigeants de la société civile de 17 pays d’Afrique occidentale et centrale souhaitent jouer un rôle central dans la mise en œuvre du plan de rattrapage pour l’Afrique occidentale et centrale en tant qu’acteurs du changement social et de la transformation politique », a déclaré Patrick Brenny, Directeur de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Afrique occidentale et centrale.

Les participants ont élaboré des solutions novatrices pour surmonter les obstacles aux ripostes nationales au sida et pour améliorer l’unité et la collaboration des organisations locales de la société civile. Ils ont examiné les progrès et les revers dans la mise en œuvre des plans nationaux de rattrapage et partagé des expériences de violations des droits de l’homme liées au statut VIH, à la stigmatisation et à la discrimination.

Un consensus s’est dégagé sur le fait que les efforts devraient viser à combler les lacunes en matière de soins et de traitement pédiatriques, en particulier dans un contexte d’absence de systèmes de protection sociale pour les orphelins et autres enfants rendus vulnérables par le SIDA. La région connaît une tendance inquiétante à l’augmentation de la mortalité chez les adolescents vivant avec le VIH. Le manque d’accès à une éducation sexuelle complète, un âge requis élevé pour accéder à l’information sur la santé sexuelle et reproductive, aux services et aux traitements sans l’accord des parents et des tabous concernant la sexualité des jeunes ont été soulevés comme certains des obstacles à surmonter.

Les innovations et les programmes réussis avec les populations clés et d’autres groupes vulnérables ont été partagés. Un vaste consensus s’est dégagé sur le rôle des systèmes de santé communautaire pour atteindre les populations éloignées et les groupes vulnérables, tout en protégeant la confidentialité.

« Il est grand temps d’augmenter les investissements pour garantir l’accès aux médicaments antirétroviraux, avoir de meilleurs médicaments pédiatriques, mettre en œuvre des approches de dépistage familial et des programmes de protection sociale afin de protéger toutes les mères et tous les enfants vulnérables », a déclaré Christine Kafando, coordinatrice de l’association Hope for Tomorrow au Burkina Faso.

Les participants s’appuieront sur les progrès réalisés en organisant des dialogues nationaux autour du plan de rattrapage pour la région. La mise en place d’une plate-forme régionale de sensibilisation et d’appui technique sera examinée plus avant afin de permettre à une société civile plus forte et plus résiliente de jouer un rôle dans les ripostes nationales au sida et autres défis sanitaires mondiaux.

« Chaque partie prenante réunie ici joue un rôle central dans sa riposte nationale au sida. Chacun amène une expérience inestimable à la table. Nous devons nous appuyer sur cette énergie pour renouveler notre engagement à travailler ensemble pour réaliser les percées dont la région a grand besoin pour maîtriser le VIH », a déclaré Daouda Diouf, Directeur exécutif d’ENDA Santé au Sénégal.