GAB

Cinq questions sur la riposte au VIH au Gabon

02 novembre 2021

Au terme du Sommet de l’Afrique occidentale et centrale sur le VIH/sida qui s’est tenu à Dakar du 31 octobre au 2 novembre 2021, l’ONUSIDA a posé à ses directeurs nationaux de la région cinq questions sur la riposte au sida dans leur pays. Voici les réponses de Françoise NDAYISHIMIYE, Directrice nationale de l’ONUSIDA au Gabon

« Au terme de ce sommet, je rentre avec quelques messages importants qui vont inspirer mon plaidoyer et l’organisation de l’appui au pays : (1) Le sommet a souligné un besoin de renforcement des infrastructures et du financement des organisations communautaires pour permettre leur meilleure implication dans les systèmes de santé. Je salue le Président Macky Sall qui donne l’exemple en promettant aux acteurs de la société civile de son pays un million de francs CFA pour le renforcement de leurs actions. C’est un exemple qui devrait être suivi par d’autres Chefs d’Etat, cela va faire partie de mon plaidoyer ; (2) La nécessité de mettre à jour les politiques de santé pour les aligner sur les données scientifiques les plus récentes pour répondre à la pandémie de VIH centré sur la réduction des inégalités. Le Gabon pourra y arriver car le pays s’apprête à préparer son nouveau plan stratégique 2023-2027. L’ONUSIDA va accompagner ce processus et appellera la conjugaison des efforts de toutes les organisations coparraines à faire de même ; (3) la nécessité de mettre en place un mécanisme de suivi de l’appel et des recommandations issus de ce sommet. »

Françoise NDAYISHIMIYE Directrice nationale de l’ONUSIDA au Gabon

Le Gabon a des atouts et avance à petit pas mais surement dans sa réponse au VIH. Avec un soutien approprié, le pays peut reprendre la trajectoire visant à éliminer le sida d’ici à 2030. L’accès au dépistage et aux traitements antirétroviraux (ARV), gratuit depuis 2005, s’est modernisé avec la généralisation de l’utilisation du Dolutégravir ; la décentralisation de la prise en charge ; et l’implication accrue de la société civile dans l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sous traitement ARV. La législation a dépénalisé l’homosexualité pour favoriser leur accès aux services de prévention et de prise en charge. Les législations en faveur de l’égalité de l’homme et de la femme et contre les violences faites aux femmes sont des ajouts majeurs qui favoriseront l’environnement juridique et politique pour accélérer la réponse au VIH. 

Il reste cependant des progrès à faire dans le renforcement de la chaîne d’approvisionnement et de gestion des intrants en particulier des antirétroviraux pour éviter des ruptures de stock des intrants nécessaires pour les luttes contre le VIH et les autres endémies. En outre, il faudra investir des ressources conséquentes pour renforcer la prévention et prioriser davantage les populations clés et notamment les adolescents et les jeunes y compris ceux qui vivent avec le VIH : ils ont besoin d’être soutenus par des pairs, de recevoir une éducation sur la santé sexuelle et reproductive à l’école et en dehors, afin de leur garantir un avenir sans VIH. Pour y arriver, une réponse multisectorielle est indispensable. En tant que pays champion pour l’initiative Education Plus, le Gabon est le mieux placé pour accélérer des actions holistiques pour prévenir les nouvelles infections chez les jeunes et en particulier les jeunes filles.

1. Quels sont les principaux progrès réalisés dans la riposte de votre pays à l’épidémie de VIH au cours des cinq dernières années ?

Ces cinq dernières années ont été marquées de plusieurs grandes avancées au Gabon. Tout d’abord, à la politique de gratuité des tests de dépistage et des antirétroviraux (ARV) pour toutes les lignes thérapeutiques adoptée depuis 2005, s’est ajoutée l’adoption de la politique « Tester et traiter », la décentralisation des services de prise en charge et la prise en charge totale de la femme enceinte séropositive.

Le Dolutégravir est désormais inclus dans le protocole de première intention y compris chez la femme enceinte ou allaitante. Davantage d’efforts ont été investis dans la lutte conjointe contre le VIH et la tuberculose, telle que l’utilisation des appareils GenXpert pour la réalisation du diagnostic précoce (PCR) et de la charge virale VIH dans toutes les provinces.

Dans l’ensemble, l’implication de la société civile dans la réponse au VIH, à la tuberculose et aux autres pandémies a été renforcée, bien que beaucoup reste à faire à ce niveau.

La dépénalisation de l'homosexualité a été votée et signée par le président Bongo le 7 juillet 2020, permettant un meilleur accès aux services et un environnement favorable pour diminuer la stigmatisation et la discrimination.

2. Quels sont les principaux défis à relever ?

Les cinq dernières années ont été marquées par des ruptures de stock répétitives pour les ARV, les tests de dépistage du VIH et les préservatifs. Elles sont généralement liées à la faible qualité de la planification des besoins, de l’organisation de toute la chaîne d’approvisionnement et de gestion des intrants en particulier des antirétroviraux, et l’insuffisance des fonds au moment opportun.

La reconnaissance, la valorisation des apports des organisations de la société civile et l’institutionnalisation des acteurs de la santé communautaire (ASC) reste un défi majeur au Gabon. Ces derniers n’ont pas de cadre juridique pour le rôle qu’ils jouent dans la réponse au VIH.

La prise en charge pédiatrique reste problématique avec moins de 40% des enfants séropositifs ayant accès aux traitements ARV. L'appui aux adolescents et aux jeunes vivant avec le VIH sur le plan socio-éducatif et médical reste insuffisant. Il est primordial de mettre en place un cadre adéquat dédié aux adolescents pour leur prise en charge et de renforcer les réseaux de PVVIH et de jeunes qui permettraient de mettre en œuvre des liens de coaching et de mentoring.

Enfin, l’allocation des ressources gouvernementales ne couvre pas le minimum des besoins des PVVIH, et souvent favorise le financement du traitement ARV au détriment de la prévention.  Il faut investir davantage de moyens dans la sensibilisation et prévention du VIH et autres infections sexuellement transmissibles, en particulier auprès des populations difficiles d’accès et au niveau de la zone des trois frontières (Gabon, Cameroun et Guinée Equatoriale) où la prévalence du VIH est deux fois plus élevée par rapport à la prévalence nationale (estimations nationales).

3. Comment la COVID-19 a-t-elle affectée la riposte au VIH dans votre pays ?

L’accessibilité géographique et financière des patients aux soins VIH a été limités. Nous continuons à observer des retards d’approvisionnement avec des ruptures de stock de certains médicaments ARV et autres intrants qui limitent l’opérationnalisation de la politique de donner trois à six mois de traitement ARV aux patients stables.

Bien que l’implication des acteurs communautaires ait permis d’améliorer la situation, la vulnérabilité des PVVIH est notable pendant la crise de la COVID-19 du fait du ralentissement des activités liées au VIH, et la difficulté d’accéder aux soins en cas de maladies opportunistes.

4. Qui sont les leaders méconnus de la riposte au sida dans votre pays ?

Je souhaite saluer les rôles clés joués par les associations et les réseaux des personnes vivant avec le VIH qui se battent pour améliorer la prise en charge de leurs pairs en difficulté avec un soutien financier quasi inexistant. J’appelle à plus de soutien à leur endroit pour diminuer le fardeau qu’ils portent bénévolement et sans moyen. J’appelle également à des efforts conjoints dans l’action impliquant les associations des PVVIH, les communautés LGBTI, les mouvements de jeunes, les femmes et hommes des médias, les célébrités, notamment les sportives, les chanteurs, les danseurs qui sont des modèles pour les jeunes et les leaders traditionnels et religieux qui ont une part importante dans la réponse au VIH. Tout en saluant les efforts du gouvernement dans la prise en charge, j’appelle à un effort additionnel pour la prévention. Enfin le secteur privé pourrait jouer un rôle important au Gabon et aider à faire la différence en accompagnant les actions de prévention du VIH au Gabon. C’est tous ensemble qu’on arrivera à éliminer le sida comme problème de santé publique d’ici à 2030 !

5. Si vous pouviez demander à votre chef d’État de changer une chose pour renforcer la riposte au VIH, quelle serait-elle ?

J’ai deux requêtes : (1) Rendre la lutte contre le sida véritablement multisectorielle et investir aussi bien dans la prise en charge des PVVIH que dans la prévention du VIH. (2) Octroyer une attention particulière et un soutien financier aux associations de lutte contre le sida, en particulier ceux des personnes vivant avec le VIH qui sont épuisées par des efforts bénévoles continus.

Sommet régional sur le VIH

La mobilisation communautaire et les technologies numériques accélèrent la riposte au VIH et à la COVID-19 au Gabon

13 octobre 2021

Le Gabon est l’un des pays partenaires impliqués dans l’initiative Partenariat pour accélérer les tests de la COVID-19 (PATC) en Afrique. Le projet, développé dans le cadre d’un partenariat entre l’ONUSIDA et le Centre Africain de Contrôle et de Prévention des Maladies, vise à encourager l’action collective pour lutter contre les pandémies concomitantes de VIH et de COVID-19 par le biais d’un engagement communautaire renforcé. Ces efforts passent notamment par le déploiement de personnel de santé communautaire.

Le Bureau pays de l’ONUSIDA pour le Gabon, en collaboration avec d’autres acteurs, a choisi de commencer par impliquer les parties prenantes communautaires pour venir en aide aux populations les plus vulnérables, en particulier aux personnes séropositives et à la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexuée (LGBTI), dans le contexte de la COVID-19.

Afin d’améliorer la coordination, d’assurer la réussite de la mise en œuvre et de minimiser les risques, toutes les parties prenantes ont été impliquées dès la phase de conception du projet. Le gouvernement, le ministère de la Santé et le comité de pilotage national du plan de riposte à la pandémie ont été impliqués au plus haut niveau et ont nommé des responsables pour suivre le processus de développement et lancer le projet. Des membres du ministère de la Santé spécialistes des programmes nationaux ont rejoint le projet aux côtés d’un cabinet ministériel, ainsi que de porte-paroles de la société civile et de partenaires de développement.

Le projet soutiendra le déploiement de plus de 70 personnes afin d’accélérer la riposte à la COVID-19 parmi les populations vulnérables et d’atténuer l’impact du coronavirus sur la riposte au VIH et les services pour d’autres maladies, la santé sexuelle et reproductive et la violence sexiste. Il contribuera notamment à garantir la continuité des services en impliquant davantage les communautés. Le projet couvrira quatre régions du Gabon (Libreville, Lambaréné, Port-Gentil et Franceville) gravement touchées par la COVID-19 et qui enregistrent la prévalence du VIH la plus élevée du pays.

Avant le lancement officiel du projet, l’ONUSIDA a signé un accord avec la Croix-Rouge gabonaise qui, à son tour, a signé des accords avec le personnel de santé communautaire sélectionné, des membres de six associations et réseaux impliqués dans la riposte au VIH et à la violence sexiste et qui travaillent avec la communauté LGBTI et sur le thème de la santé sexuelle et reproductive.

« Le partenariat avec le Centre Africain de Contrôle et de Prévention des Maladies et l’appui apporté par l’ONUSIDA offrent une lueur d’espoir aux communautés du Gabon qui sont souvent livrées à elles-mêmes. Cela montre que les communautés sont en mesure d’innover et de faire la différence même avec un soutien minime. L’implication des communautés devrait toujours être au cœur de la riposte aux pandémies. Nous espérons que ce soutien pourra se pérenniser, car les besoins sont encore énormes », a déclaré la directrice pays de l’ONUSIDA pour le Gabon, Françoise Ndayishimiye.

Le projet a également un aspect innovant dans le suivi des acteurs communautaires. Une application numérique mobile a été développée pour aider le personnel de santé communautaire à collecter des données en temps réel, surveiller et rendre compte de ses activités. L’application facilite le rendu de rapports hebdomadaires sur la sensibilisation et soutient les activités des personnes vivant avec le VIH et avec la tuberculose, y compris pour ce qui est de la santé sexuelle et reproductive, de la prévention des grossesses précoces, du VIH, de la violence sexiste, de la COVID-19 et de la discrimination.

L’ONUSIDA salue la décision du Gabon de décriminaliser les rapports sexuels entre personnes du même sexe

07 juillet 2020

GENÈVE, le 7 juillet 2020—L’ONUSIDA salue la décision du Gabon de décriminaliser les rapports sexuels entre personnes du même sexe, après que le président a signé la décision adoptée le 29 juin 2020 par le Sénat. Le Gabon rejoint ainsi une liste toujours plus longue de pays africains et du monde entier qui ont supprimé de leur Code pénal les lois ciblant et discriminant la population LGBTI (lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexuée).

« J’applaudis la décision collective prise par le parlement, le gouvernement et le président du Gabon de décriminaliser les rapports sexuels entre personnes du même sexe », a déclaré Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA. « Ainsi, le Gabon corrige une grave injustice dont était victime la communauté LGBTI du pays. »

L’alinéa 5 de l’article 402 a été introduit dans le Code pénal gabonais en juillet 2019. Il criminalisait les relations sexuelles homosexuelles et prévoyait une peine maximum de six mois de prison, ainsi qu’une amende de 5 millions de francs CFA. Il est aujourd’hui supprimé. L’ONUSIDA a espoir que de telles décisions rétrogrades en matière de droits humains puissent être renversées rapidement lorsque les communautés, la société civile, la classe politique et d’autres allié-es font campagne ensemble pour redresser les torts.

En légitimant la stigmatisation et la discrimination ainsi que les violences à l’encontre des personnes LGBTI, la criminalisation des relations sexuelles entre personnes du même sexe empêche une partie de la population d’avoir accès et de recourir à la prévention du VIH, aux tests et aux traitements. Cela augmente leur risque d’infection à VIH tout en étant une violation grave d’un droit humain élémentaire.

En 2019, dans le monde, les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes étaient exposés à un risque d’infection au VIH 26 fois plus élevé que le reste de la population masculine adulte. L'environnement légal et réglementaire d'interdiction né de la stigmatisation et de la discrimination forme un obstacle stratégique à une baisse considérable des nouvelles infections au VIH. Alors que l’ONUSIDA appelle à la suppression de ce type de lois discriminatoires, une réponse efficace immédiate consisterait à ne plus les appliquer.

« Nous apprécions à sa juste valeur ce pas en direction de l’égalité des personnes LGBTI au Gabon », a ajouté Mme Byanyima. « Je demande aux 69 autres pays et territoires dans le monde, si ce n’est plus, qui continuent de criminaliser les relations sexuelles entre personnes du même sexe de prendre la seule décision possible : arrêtez de criminaliser des personnes à cause de qui elles aiment. »

ONUSIDA

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.

Contact

UNAIDS Geneva
Sophie Barton-Knott
tél. +41 79 514 68 96
bartonknotts@unaids.org

Contact

UNAIDS Media
tél. +41 22 791 4237
communications@unaids.org

Investir dans les communautés pour faire la différence en Afrique occidentale et centrale

09 octobre 2019

Plus de 5 millions de personnes vivent avec le VIH en Afrique occidentale et centrale, la région accuse un retard pour parvenir à l’objectif de mettre fin au sida d’ici 2030. Chaque jour, on y recense plus de 760 nouvelles contaminations et seulement 2,6 millions des 5 millions de personnes porteuses du virus suivent un traitement.

Un désintéressement de la classe politique, des systèmes de santé fragiles et un faible soutien accordé aux organisations citoyennes, auxquels viennent s’ajouter des barrières telles que la pénalisation liée au VIH, sont les principaux obstacles à toute amélioration. Un plan de rattrapage régional vise à aider la région à combler son retard pour atteindre son objectif de tripler le nombre de personnes suivant une thérapie antirétrovirale d’ici 2020 et de contrôler l’épidémie. Même si des progrès sont faits, leur rythme reste trop lent. La situation des enfants est particulièrement préoccupante dans cette région : seulement 28 % des moins de 15 ans vivant avec le VIH ont accès à une thérapie antirétrovirale.

« Nous avons besoin de réglementations et de programmes qui mettent l’accent sur les personnes et non les maladies. Cela permettra d’impliquer totalement les communautés dès les premières phases de conception, d’élaboration et de réalisation des stratégies de santé », a expliqué Gunilla Carlsson, Directrice exécutive par intérim de l’ONUSIDA, lors de son allocution au cours de la 6e Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme organisée en France à Lyon les 9 et 10 octobre.

En effet, les exemples d’investissements réussis dans les communautés ne manquent pas. « La riposte est plus rapide et efficace lorsqu’elle est menée par les personnes qui en ont le plus besoin », a indiqué Jeanne Gapiya qui vit avec le VIH depuis de nombreuses années et est à la tête de l’organisation non gouvernementale ANSS au Burundi.

Le dépistage et la prévention du VIH sont plus efficaces, en particulier parmi les groupes marginalisés, lorsqu’ils sont offerts par les communautés. « La plupart des personnes dépistées par les communautés le faisaient pour la première fois, ce qui illustre bien l’importance unique et cruciale des organisations citoyennes », a expliqué Aliou Sylla, directeur de Coalition Plus Afrique.

L’un des défis fondamentaux de la région consiste à réduire le nombre de nouvelles infections parmi les enfants et de garantir que les femmes accèdent aux services dont elles ont besoin. Les réseaux de mères séropositives qui s’entraident pour rester en bonne santé et pour éviter la transmission du VIH de la mère à l’enfant constituent un moyen efficace d’améliorer la santé aussi bien des mères que des enfants.

« Notre stratégie reposant sur les communautés fonctionne. Les endroits où nous sommes présents ont atteint l’objectif de zéro nouvelle infection au VIH parmi les enfants et tous les enfants qui viennent chez nous suivent un traitement », a indiqué Rejane Zio de Sidaction.

Le financement reste toutefois un problème. Même si les ressources totales allouées à la riposte au sida ont augmenté et que le VIH reste le thème prioritaire du développement de l’aide sanitaire, les investissements nationaux ne représentent toujours que 38 % des ressources disponibles pour lutter contre le VIH en Afrique occidentale et centrale, contre 57 % dans le monde entier. L’accélération de la riposte régionale nécessite d’intensifier les investissements nationaux et de renforcer simultanément l’aide apportée par les donateurs internationaux. Bintou Dembele, directrice exécutive d’ARCAD-Sida au Mali, a expliqué : « Les communautés disposent de l’expertise, mais les fonds nous manquent pour satisfaire les besoins. »

Les stratégies impliquant la base de la société dans la région jouissent d’un support croissant. Reconnaissant l’importance des efforts menés par les communautés, Expertise France et l’Institut de la Société Civile pour la Santé et le VIH en Afrique de l’Ouest et du Centre ont annoncé un nouveau partenariat, le 9 octobre. « L’institut réunit 81 organisations de 19 pays. Sa mission consiste à améliorer l’influence politique au niveau national et international, ainsi qu’à galvaniser l’expertise de la société civile dans la réalisation des programmes. Ce partenariat attire l’attention sur notre contribution essentielle », a déclaré Daouda Diouf, directeur d’Enda Santé et président du comité de direction de l’institut. « La situation en Afrique de l’Ouest et centrale reste une priorité. Il est indiscutable que les stratégies impliquant les communautés offrent plus de souplesse et sont mieux adaptées pour apporter une réponse aux pandémies », a ajouté Jérémie Pellet d’Expertise France.

L'adoption d'une approche mettant en avant les individus figure au cœur des réformes régionales. On assiste à un renforcement de la volonté régionale d’accélérer la riposte et de renforcer les stratégies communautaires éprouvées. Cela donne espoir en l’avenir pour ce qui est de la lutte contre l’épidémie du VIH en Afrique occidentale et centrale.

Accélérer la riposte au sida en Afrique occidentale et centrale

31 mai 2017

Fin 2015, seulement 1,8 million de personnes sur les 6,5 millions vivant avec le VIH en Afrique occidentale et centrale bénéficiaient d’un traitement antirétroviral. Cette couverture de traitement de 28 % des personnes vivant avec le VIH dans la région contraste avec les 54 % de couverture obtenus la même année en Afrique orientale et australe.

En réaction à ce déficit de traitement du VIH en Afrique occidentale et centrale, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d’autres partenaires de la région ont mis au point des plans de rattrapage d’urgence nationaux pour accélérer la riposte au sida. Ces plans appellent à tripler la couverture du traitement anti-VIH dans les trois années à venir.

Lors d’une réunion d’appui à ces plans de rattrapage organisée en marge de la 70e Assemblée mondiale de la Santé, les ministres de la Santé et d’autres représentants des pays de la région se sont engagés à consolider le leadership gouvernemental, à effectuer des changements structurels dans leurs systèmes de santé et à renforcer la redevabilité.

Les ministres de la Santé du Bénin, du Burkina Faso, de la République centrafricaine, du Tchad, de Côte d’Ivoire, du Gabon, du Liberia et du Nigeria étaient présents à cette réunion organisée par le Bureau régional de l’OMS en Afrique et l’ONUSIDA, de même que des représentants du Cameroun, de Guinée et de Sierra Leone. Tous se sont mis d’accord pour mettre en place des mesures fortes afin d’accélérer le traitement du VIH dans leurs pays respectifs.

Tous les participants ont convenu que les modèles de prestation de services de santé devaient être transformés, notamment en faisant jouer un plus grand rôle aux agents de santé communautaires dans la délivrance des soins. L’OMS et l’ONUSIDA continueront de travailler aux côtés des pays à mesure qu’ils mettront en œuvre leurs plans pour élargir l’accès au traitement anti-VIH.

L’ONUSIDA travaille aux côtés des pays pour concrétiser l’engagement pris dans la Déclaration politique des Nations Unies de 2016 sur la fin du sida de faire en sorte que 30 millions de personnes vivant avec le VIH aient accès au traitement en atteignant les objectifs 90-90-90 d’ici à 2020.

Déclarations

« La situation est grave. Nous devons être très attentifs à ce qui se passe en Afrique occidentale et centrale. Nous devons veiller à ce que les responsables politiques se mobilisent et concentrent leur énergie dans ces pays. »

Michel Sidibé Directeur exécutif de l’ONUSIDA

« Un nouvel élan national en faveur de l’accélération de la riposte, sous le leadership des ministres, est indispensable si nous voulons avancer ensemble vers l’accomplissement des objectifs, tout en gardant les personnes vivant avec le VIH au cœur de cette riposte. »

Matshidiso Moeti Directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé pour l’Afrique

Campagnes de sensibilisation au VIH dans les lycées au Gabon

06 février 2017

Des manifestations de sensibilisation au VIH ont été organisées récemment dans les lycées de Ndende et Fougamou, au Gabon. Parrainés par le Ministère de la Santé gabonais, l’Ambassade de France, l’Organisation panafricaine de lutte contre le sida et l’ONUSIDA, ces événements ont attiré plus de 3 000 élèves, dont 500 ont ainsi découvert leur état sérologique vis-à-vis du sida.

Un quiz sur le VIH intitulé « Stoppons le wela », qui signifie en argot gabonais « Finissons-en avec ce truc », a été distribué aux élèves. Des questions comme « Peut-on voir si quelqu’un a le VIH ? » et « Comment est-on infecté par le virus ? » ont permis de tester les connaissances des élèves sur le VIH.

Michael Anicet, danseur et Ambassadeur spécial pour la jeunesse de l’ONUSIDA au Gabon, a fait danser le public avant d’animer, avec d’autres jeunes leaders, un débat interactif sur le VIH. « Il est important de connaître son statut ! Et si vous êtes séropositif au VIH, faites-vous traiter et protégez les autres de l’infection », a dit M. Anicet aux lycéens.

Lors de ces manifestations, les jeunes ont posé des questions sur les lieux où aller pour obtenir un traitement et discuté du problème du harcèlement sexuel, en déclarant qu’il fallait y mettre un terme. D’autres ont raconté qu’ils avaient très peu de moyens d’accès au dépistage du VIH.

Les maires des deux villes étaient également présents : ils ont souligné que leurs municipalités feraient tout leur possible pour mettre à disposition les moyens de dépistage et de traitement du VIH.

« Chaque ville engagée devrait mettre au point des plans pour accélérer la riposte au sida et y consacrer un budget à compléter par des apports de partenaires publics et privés », a expliqué Serge Mandi Mboula, Maire de Fougamou, à l’occasion de la manifestation organisée dans sa ville.

Quant à la Maire de Ndende, Maité Mapangou, elle a conclu l’événement organisé dans sa ville en affirmant avec vigueur : « Nous sommes solidaires et nous nous engageons concrètement ». 

Gervinho à la rencontre de jeunes touchés par le VIH au Gabon à la veille de la CAN 2017

19 janvier 2017

En visite au Gabon à l’occasion de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2017), Gervais Yao Kouassi (Gervinho), Ambassadeur spécial de l’ONUSIDA pour la jeunesse et la collaboration Chine-Afrique, s’est rendu au bureau de l’ONUSIDA de Libreville pour rencontrer une cinquantaine d’enfants et de jeunes gens vivant avec le VIH ou touchés par le virus.

Accompagné de jeunes ambassadeurs gabonais pour le VIH et de l’artiste Charly Tchatch, animateur de la cérémonie d’ouverture de la CAN 2017 et militant de la lutte contre le sida, la star internationale de football a parlé avec les enfants et les jeunes et écouté leurs histoires et leurs inquiétudes. Les enfants et les jeunes ont parlé des problèmes d’acceptation de leur statut, de stigmatisation et de dépression, mais aussi de joie, d’amour et de la manière dont ils gèrent leur quotidien.

« Je suis très touché. C’est la première fois que j’entends des témoignages aussi poignants », leur a dit Gervinho. « Comme vous le savez, je voulais jouer ici avec mon équipe, mais je suis blessé. Votre force mentale et votre joie de vivre m’encouragent à faire face aux défis de la vie ». Gervinho a signé le ballon de la campagne Protect the Goal de la CAN 2017 en soutien à la vision de l’ONUSIDA de zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida.

Inge Tack, Directrice nationale de l’ONUSIDA, a expliqué à Gervinho que malgré la baisse de 60 % des budgets consacrés au sida au Gabon depuis 2012, les taux de couverture du traitement ont doublé et les nouvelles infections à VIH ont diminué de 30 %, tandis que les taux de traitement pédiatrique ont triplé et que la couverture de la prévention de la transmission de la mère à l’enfant atteint 78 %. Elle a toutefois évoqué la nécessité d’améliorer la gestion de la délivrance du traitement anti-VIH pour atteindre les objectifs 90-90-90. « Un changement radical dans l’organisation et la gestion des services de délivrance des traitements est nécessaire pour atteindre les objectifs 90-90-90 au Gabon. Les centres doivent disposer de médicaments à tout moment et les services doivent être réorientés afin de mieux répondre aux besoins des patients », a expliqué Mme Tack.

Le Gabon connaît des ruptures de stock persistantes et les mauvaises performances des services de soins ont pour conséquence une absence de suivi de l’observance du traitement, de surveillance de la résistance aux médicaments et de mesure de la charge virale. Mme Tack a insisté sur la nécessité d’une approche décentralisée pour la délivrance des traitements antirétroviraux et d’une augmentation des services pilotés par les communautés.

La Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale se dote d’un fonds Communautaire pour la santé et renforce sa riposte au sida

12 février 2016

Le 12 Février, l'Assemblée des ministres de la santé publique de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale s’est réunie à Libreville au Gabon. Des décisions ambitieuses ont été prises pour permettre d’accélérer l’intégration régionale grâce à une action solidaire pour la sécurité sanitaire et un renforcement de la riposte au sida dans la région.

Les ministres ont décidé de renforcer la coordination régionale en dotant leur organisation d’une cellule spécialisée qui va assurer la mise en œuvre de la stratégie de riposte au VIH y compris des projets transfrontaliers de réduction de risques et la mise en place d’un mécanisme régional pour des appels d’offres groupés d’antirétroviraux. Ils ont également adopté une initiative d’accélération pour améliorer la couverture antirétrovirale chez les femmes enceintes séropositives et la prise en charge pédiatrique.

Un financement domestique au sein de la communauté des Etats viendra encourager le partage d’expérience entre les pays membres, permettant ainsi de mettre en œuvre les recommandations de l'Appel de Dakar de Décembre 2015 sur la PTME et le sida pédiatrique.

Déclarations

« L’ONUSIDA et ses partenaires contribuent eux aussi activement à cette initiative en faisant en sorte que les nombreux enseignements tirés de la riposte au sida soient exploités pour le bénéfice de la surveillance et de la réponse aux maladies épidémiques ».

Djibril Diallo, Directeur Régional ONUSIDA Afrique de l’Ouest et du Centre

L'ONUSIDA dévoile l'initiative mondiale visant à intensifier le dépistage du VIH chez les jeunes

30 novembre 2015

ProTest HIV, une initiative mondiale qui encourage les jeunes à se faire tester pour le VIH, a été lancé par Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA, à Libreville, Gabon, le 28 novembre. Lors de l'événement, M. Sidibé a appelé les jeunes du monde entier à rejoindre le mouvement et à s'impliquer pour mettre fin à l'épidémie de sida.

Des jeunes ambassadeurs ProTest HIV choisis par leurs pairs ont participé au lancement qui a eu lieu sur un site de dépistage du VIH mis en place au marathon du Gabon. L'ONUSIDA collabore avec des jeunes sur l'initiative qui implique de passer le mot sur l'importance du dépistage du VIH.

L'ONUSIDA estime que 17,1 millions des 36,9 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde ne savent pas qu'elles ont le virus. Se faire dépister est une première étape cruciale pour les personnes vivant avec le VIH afin d'accéder à la thérapie antirétrovirale vitale.

M. Sidibé a encouragé les jeunes ambassadeurs à prendre l'initiative au Gabon sur le premier 90 de l'objectif de traitement 90-90-90 de l'ONUSIDA et d'inviter leurs pairs à se faire également dépister. L'objectif de traitement 90-90-90 de l'ONUSIDA est que, d'ici 2020, 90 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur état sérologique vis-à-vis du VIH, que 90 % de ces personnes soient sous traitement antirétroviral et que 90 % des personnes sous traitement aient une charge virale indétectable.

Au Gabon, les nouvelles infections à VIH chez les enfants, les adolescents et les jeunes ont largement diminué depuis 2001, mais les décès liés au sida chez les adolescents ont augmenté. Ceci est partiellement dû à l'absence de services adaptés aux jeunes ainsi que la stigmatisation et la discrimination liées au VIH. Les adolescentes au Gabon sont particulièrement vulnérables. En 2014, 80% des adolescents nouvellement infectés par le VIH étaient des filles.

Déclarations

« Vous avez le droit à la santé, à la vie, à prendre vos propres décisions sur votre santé sexuelle et reproductive, à l'emploi et à l'éducation. Soyez la génération qui mettra fin au sida. Prenez le contrôle de votre propre santé et protégez ceux que vous aimez et vous-mêmes. »

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA

« Nous souscrivons pleinement à ProTESTHIV et nous sommes fiers que notre pays ait été choisi par l'ONUSIDA pour lancer cette initiative mondiale. En effet, tout le monde doit connaître sont statut sérologique. »

Celestine Ba Oguewa, vice-ministre de la Santé, Gabon

« Se faire dépister n'est pas sorcier. Vous devez connaître votre état, qu'il soit positif ou négatif. S'il est positif vous devez vous traiter et protéger les autres contre le VIH. S'il est négatif, continuez à vous protéger contre le VIH et d'autres infections sexuellement transmissibles. »

Michael Anicet, jeune ambassadeur ProTest HIV au Gabon

Pages