Bordeaux signe la Déclaration de Paris sur la fin de l’épidémie de sida dans les villes

05 avril 2018

Le 4 avril, Bordeaux est devenue la plus récente ville à signer la Déclaration de Paris sur la fin de l’épidémie de sida dans les villes. Le Maire de Bordeaux et ancien Premier Ministre français Alain Juppé a signé la déclaration aux côtés du Directeur exécutif de l’ONUSIDA Michel Sidibé dans le cadre de l’ouverture de l’AFRAVIH, la Conférence internationale francophone de lutte contre le VIH et les hépatites organisée à Bordeaux, en France, du 4 au 7 avril 2018.

En signant la Déclaration de Paris, les maires s’engagent à mettre leurs villes sur la voie d’accélération pour en finir avec l’épidémie de sida. M. Juppé s’est engagé à atteindre dans un délai de deux ans, dans la ville de Bordeaux, les objectifs 90-90-90, à savoir 90 % des personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur état sérologique vis-à-vis du VIH, 90 % de ces personnes sous traitement antirétroviral et 90 % des personnes sous traitement avec une charge virale indétectable. Il s’est également engagé à éliminer la stigmatisation et la discrimination et à développer une approche de la riposte au sida centrée sur l’individu. Il a par ailleurs déclaré qu’il était capital d’éduquer les jeunes sur le VIH, en évoquant un manque de connaissances au sein de la jeunesse française.

Depuis son lancement le 1er décembre 2014, plus de 250 villes et municipalités ont signé la Déclaration de Paris. Les dirigeants de ces villes ont reconnu que leurs stratégies de riposte à l’épidémie de sida leur offraient aussi une plate-forme qui répond aux besoins en termes d’inclusion sociale, de protection, de sécurité et de santé.

Plus de la moitié de la population mondiale vit actuellement dans les villes et les zones urbaines, et ces dernières abritent une proportion importante et croissante de personnes vivant avec le VIH, la tuberculose (TB) et d’autres maladies ; les villes vont donc jouer un rôle essentiel dans la fin de l’épidémie de sida. Le risque de contracter une infection à VIH ou la tuberculose, de même que la vulnérabilité à ces maladies, sont souvent plus élevés dans les zones urbaines par rapport aux zones rurales, et ce pour plusieurs raisons, notamment la migration, le chômage et les inégalités sociales et économiques.

La conférence de l’AFRAVIH porte essentiellement sur les objectifs 90-90-90 et sur les innovations en matière de traitement et de prévention du VIH, ainsi que sur les avancées scientifiques.

Déclarations

« En signant cette déclaration, nous nous engageons à faire en sorte que ces services soient accessibles à tous de manière équitable et efficace. L’enjeu ne concerne pas seulement le VIH, c’est une question de santé en général. »

Alain Juppé Maire de Bordeaux, France

« Nous devons agir pour plus d’intégration des services de santé et mettre les communautés fragiles au cœur de nos efforts. C’est ainsi que l’on construit des communautés et des villes résilientes dans le monde. »

Michel Sidibé Directeur exécutif de l'ONUSIDA

« Peu importe que Bamako soit en avance sur Bordeaux puisque nous avons signé la Déclaration de Paris avant Bordeaux, notre priorité reste la même : prévention du VIH et soins aux patients pour pouvoir éliminer le sida. »

Adama Sangare Maire de Bamako, Mali

L’Inde va proposer un traitement anti-VIH à tous ceux qui en ont besoin

01 mai 2017

Veena vit avec le VIH depuis plus de 15 ans. Cette éducatrice communautaire, qui vit à Bangalore en Inde, est sous traitement anti-VIH depuis plus de 10 ans ; grâce aux médicaments antirétroviraux, elle dit avoir retrouvé la santé et la joie de vivre.

« Ces médicaments sont très bien. Je suis très contente », explique Veena. « Ma vie a changé. Je suis en train d’apprendre trois langues et je travaille ».

L’Inde compte 2,1 millions de personnes vivant avec le VIH, ce qui correspond à la troisième épidémie de VIH la plus importante au monde. Le 28 avril dernier, lors d’un événement organisé à New Delhi, Jagat Prakash Nadda, Ministre de la Santé et de la Famille, a annoncé la mise en œuvre d’une nouvelle politique de dépistage et de traitement, avec pour objectif d’ouvrir l’accès au traitement anti-VIH à toutes les personnes vivant avec le VIH dans le pays. Avant ce changement de politique, l’accès gratuit aux médicaments antirétroviraux était réservé aux personnes vivant avec le VIH dont le taux de CD4 était descendu à moins de 500 cellules/mm3.

M. Nadda a également déclaré que la stratégie 90-90-90 du Ministère permettra de recenser 90 % des personnes vivant avec le VIH, de mettre 90 % de ces personnes sous traitement et de faire en sorte que 90 % des personnes sous traitement voient leur charge virale devenir durablement indétectable. « Cette stratégie sera pour nous une opportunité de travailler sur les engagements que nous avons pris lors de la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la fin du sida ».

En Inde, les personnes vivant avec le VIH ont souvent accès au traitement tardivement. Ce fut le cas pour Veena, lorsqu’elle a commencé à prendre des médicaments.

« J’avais perdu beaucoup de poids et je souffrais d’une forte fièvre. J’étais épuisée et je ne pouvais pas travailler », raconte Veena. Au départ, elle ne réagit pas bien au traitement mais, progressivement, elle va reprendre du poids et son système immunitaire va s’améliorer.

L’ONUSIDA a appelé tous les pays à fournir un traitement anti-VIH à tous ceux qui sont testés séropositifs au VIH, car le traitement permet de maintenir les personnes vivant avec le VIH en bonne santé et présente le double avantage de stopper également la transmission du virus à d’autres personnes.

« Le gouvernement indien fait preuve d’un leadership et d’un engagement audacieux envers les personnes vivant avec le VIH », a déclaré Steven Kraus, Directeur de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Asie et le Pacifique. « Cette nouvelle politique va permettre à plus d’un million de personnes vivant avec le VIH d’accéder à un traitement qui leur sauvera la vie. Des individus, des familles et des communautés resteront ainsi en bonne santé et productives et l’Inde en aura fini avec son épidémie de sida d’ici à 2030 ».

Pour élargir rapidement l’accès au traitement, l’Inde va s’appuyer sur son réseau d’établissements répartis sur tout le territoire qui proposent des services anti-VIH. Le déploiement de la nouvelle politique aura aussi pour effet de renforcer le système de gestion de la chaîne d’achat et d’approvisionnement, ainsi qu’une participation durable des communautés.

Selon le programme national indien de lutte contre le sida, le nombre annuel de décès dus au sida a chuté de 54 % entre 2007 et 2015, tandis que les nouvelles infections à VIH ont baissé de 32 %. À mesure que davantage de personnes vivant avec le VIH rejoindront Veena dans le parcours de traitement, le double bénéfice des médicaments antirétroviraux devrait entraîner une nouvelle baisse du nombre de décès et de nouvelles infections à VIH.

Veena a réussi ce qu’elle n’aurait jamais imaginé pouvoir faire : voir sa fille devenir adulte.

« Ma vie a un avenir. Moi je n’ai pas fait d’études, mais ma fille a eu son diplôme. Elle travaille. C’est une femme autonome », explique Veena.

L’ONUSIDA travaille aux côtés des pays pour faire en sorte que 30 millions de personnes vivant avec le VIH puissent accéder au traitement anti-VIH d’ici à 2020.

Maroc : 30 ans de riposte au VIH

19 janvier 2018

En 2018, le Maroc entamera sa trentième année de riposte au VIH, avec de nombreuses raisons de se réjouir. Les efforts concertés dans le pays ont permis une baisse de 42 % des nouvelles infections à VIH depuis 2010, un chiffre bien supérieur à la diminution de seulement 4 % observée au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. La couverture du traitement anti-VIH a également augmenté dans le pays, passant de 16 % en 2010 à 48 % en 2016.

Le Maroc est également parvenu à maintenir une faible prévalence du VIH au sein de la population générale (0,1 %). Certains domaines restent pourtant sources d’inquiétudes. Les données montrent que la prévalence du VIH est élevée au sein des populations à plus haut risque d’infection à VIH, notamment les professionnelles du sexe (1,3 %), les consommateurs de drogues injectables (7,9 %) et les migrants (3 %), ce qui illustre la nécessité d’en faire davantage pour que les services anti-VIH atteignent les populations clés. Le Maroc intensifie ses efforts pour atteindre les populations clés par l’intermédiaire de programmes de prévention combinée, du traitement substitutif pour les consommateurs de drogues et de l’accroissement du dépistage du VIH.

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, s’est rendu au Maroc afin de montrer son soutien à l’occasion de ce trentième anniversaire de la riposte au VIH. Durant cette visite, il a rencontré le Président du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), le Secrétaire général du Ministère de la Santé, le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, ainsi que le Coordonnateur résident des Nations Unies et l’équipe locale des Nations Unies.

Il a souligné l’importance de l’engagement de l’équipe locale des Nations Unies en faveur de la réforme des Nations Unies et de la riposte au VIH par le biais du Programme commun. Il a également mis l’accent sur l’intérêt d’avoir une stratégie nationale en matière de droits de l’homme et de VIH et il a félicité le CNDH pour son travail de pionnier dans la région. Il a loué l’initiative du CNDH visant à proposer des formations sur les droits de l’homme et la citoyenneté et mis en avant le rôle essentiel que le Maroc peut jouer dans les efforts destinés à recruter 2 millions d’agents de santé communautaires en Afrique et à encourager la production locale de médicaments.

M. Sidibé a félicité le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale pour les progrès accomplis dans la riposte au sida sous le leadership du Roi Mohammed VI, le partenariat du gouvernement avec la société civile et l’augmentation du budget national alloué au VIH. 

M. Sidibé a participé à la cérémonie d’ouverture de la 12e réunion de l’Association de lutte contre le sida (ALCS), qui fêtait les 30 ans de la riposte. L’ALCS a toujours été en première ligne dans la riposte au VIH au Maroc, en travaillant sur la prévention auprès des populations clés, le conseil et le dépistage du VIH, le soutien psychosocial, la sensibilisation, la mobilisation des ressources et le lancement des innovations, notamment le dépistage communautaire et la prophylaxie pré-exposition.

Fin 2016, on estimait à 22 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH au Maroc, à moins de 1 000 le nombre de nouvelles infections à VIH et à moins de 1 000 le nombre de décès dus au sida. L’ONUSIDA travaille en collaboration étroite avec le Maroc pour étendre les approches innovantes en matière de prévention et de dépistage auprès des populations clés, élargir l’accès aux services de traitement antirétroviral et leur intégration dans le système de santé, mettre en œuvre une feuille de route pour l’élimination de la transmission du VIH de la mère à l’enfant et appliquer une stratégie visant zéro discrimination. L’ONUSIDA coordonne par ailleurs le Plan d’appui commun des Nations Unies et œuvre pour assurer la disponibilité des informations stratégiques tout en mobilisant et en distribuant les subventions du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Déclarations

« Le Maroc est un modèle pour les autres pays et atteindra les objectifs 90-90-90 d’ici à 2020. Il est important d’être optimiste ; je suis moi-même un incorrigible optimiste. »

Michel Sidibé Directeur exécutif de l’ONUSIDA

« Le Maroc apprécie grandement ce que fait l’ONUSIDA au niveau international et au niveau national. »

Nasser Bourita Ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale

« Nous savons que nous sommes sur la bonne voie et que nous ne devons pas relâcher nos efforts dans la prévention et l’accès au traitement, sous peine de ne pas réussir à en finir avec l’épidémie dans notre pays d’ici à 2030. »

Hakima Himmich Présidente de l’Association de lutte contre le sida, Maroc

Undefined

Les petits États insulaires en développement se réunissent pour discuter des objectifs 90-90-90 et au-delà

02 octobre 2017

Les problèmes de la riposte au sida sont uniques en leur genre dans les petits États insulaires en développement. Ces pays sont confrontés de plus en plus aux catastrophes naturelles, aux déplacements de populations et à la migration. Sur ces petites îles, la prévalence du VIH est très élevée au sein des populations clés (professionnel(le)s du sexe, hommes gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, consommateurs de drogues) et la plupart des infections à VIH surviennent chez les jeunes.

Lors d’une visite récente aux Seychelles, Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, s’est exprimé à l’occasion d’une rencontre autour des lois, politiques et stratégies visant à atteindre dans les petits États insulaires en développement les objectifs 90–90–90, selon lesquels, d’ici à 2020, 90 % des personnes vivant avec le VIH devront connaître leur état sérologique vis-à-vis du VIH, 90 % de ces personnes devront être sous traitement antirétroviral et 90 % des personnes sous traitement devront présenter une charge virale indétectable.

M. Sidibé a souligné la nécessité pour les petits États insulaires en développement de protéger les droits des populations clés et d’investir dans les services de prévention et de traitement du VIH pour les adolescents et les jeunes. Il a également insisté sur l’importance d’améliorer les opportunités économiques pour les communautés.

Lors de sa visite, M. Sidibé s’est exprimé devant l’Assemblée nationale des Seychelles pour souligner l’importance de veiller à ce que les Seychelles s’engagent sur la bonne voie d’accélération pour en finir avec le sida. Malgré les efforts des Seychelles pour atteindre les objectifs 90-90-90, les nouvelles infections à VIH au sein des populations clés continuent d’augmenter, mettant en lumière la nécessité de s’adresser aux populations davantage exposées au risque d’infection à VIH avec des services anti-VIH efficaces.

M. Sidibé a félicité le Président des Seychelles, Danny Faure, pour son leadership audacieux dans la riposte nationale au sida et son engagement en faveur de la construction d’une génération sans sida.

Déclarations

« La communauté internationale devrait renforcer la responsabilisation mutuelle pour la responsabilité partagée d’une éradication du sida. Un tel investissement mondial toucherait des millions de personnes vivant avec le VIH qui ont besoin d’accéder à la prévention et au traitement à vie. »

Danny Faure Président des Seychelles

« Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA nous apporte un message d’espoir. Oui, nous atteindrons les objectifs 90-90-90. »

Mohammad Anwar Husnoo Ministre de la Santé de Maurice

« Passer un test de dépistage du VIH, c’est participer à la solution. »

Jean-Paul Adam Ministre de la Santé des Seychelles

« Je reprends l’idée de Kofi Annan selon laquelle les drogues ont détruit de nombreuses vies, mais je pense aussi que les mauvaises politiques gouvernementales en ont détruit encore plus. »

Michel Sidibé Directeur exécutif de l’ONUSIDA

« Nous sommes heureux d’accueillir un fils d’Afrique, quelqu’un qui se préoccupe des individus. »

Patrick Pillay Porte-parole de l’Assemblée nationale des Seychelles

La Zambie dresse une feuille de route pour accomplir les engagements ambitieux de la stratégie Accélérer

23 août 2017

La Zambie a lancé sa stratégie d’accélération de la riposte au sida pour 2017-2021, qui inclut une feuille de route sur les objectifs mondiaux d’accélération de la prévention et les objectifs 90-90-90, selon lesquels 90 % des personnes vivant avec le VIH devront connaître leur état sérologique vis-à-vis du VIH, 90 % de ces personnes devront être sous traitement antirétroviral et 90 % des personnes sous traitement devront présenter une charge virale indétectable.

S’appuyant sur les résultats obtenus jusqu’à présent, la stratégie définit trois objectifs principaux : établir des approches claires pour accélérer la riposte au sida pour tous, y compris les populations clés, fixer des objectifs annuels au niveau national et provincial, et estimer les coûts ainsi que les ressources manquantes.

À ce jour, l’engagement du gouvernement a eu un impact considérable : les nouvelles infections à VIH sont passées de 69 000 en 2005 à 59 000 en 2016 et la couverture des femmes enceintes bénéficiant de médicaments antirétroviraux pour prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant atteint 87 %. Des efforts sont entrepris pour atteindre les personnes les plus vulnérables et de nouvelles politiques nationales fixent des objectifs et des stratégies pour intensifier les services de prévention dans les 10 provinces du pays.

La stratégie prévoit des programmes spécifiques à l’échelon des établissements et des programmes pilotés par les communautés, par exemple l’accélération des campagnes de dépistage du VIH et de conseil dans les districts présentant une forte prévalence du virus, la focalisation sur les populations clés et l’intégration du dépistage dans d’autres services de santé. 

La stratégie va garantir l’accès aux services de traitement et de soins du VIH et améliorer les services de dépistage du VIH. L’un des objectifs de traitement visé plus particulièrement dans la stratégie concerne l’élimination totale des nouvelles infections à VIH chez les enfants.

La stratégie a été élaborée par une équipe technique dédiée dirigée par le Conseil national VIH/sida/IST/TB et l’ONUSIDA.

Déclarations

« La prévention des nouvelles infections à VIH est une priorité nationale. Le gouvernement consacre tous ses efforts à l’élargissement des programmes de prévention combinée pour ne laisser personne pour compte et atteindre ses objectifs d’ici à 2020, afin d’en finir définitivement avec les nouvelles infections à VIH d’ici à 2030. »

George Tembo Président du Conseil national VIH/sida/IST/TB

« Je félicite le gouvernement de la Zambie pour son engagement politique en faveur de l’élargissement de l’accès au traitement du VIH. Atteindre les objectifs 90-90-90 relève de notre responsabilité à tous, en changeant le cours de l’épidémie de sida une bonne fois pour toutes. »

Medhin Tsehaiu Directrice nationale de l’ONUSIDA pour la Zambie

Un accès universel aux médicaments haut de gamme au Brésil

14 juillet 2017

L’Agenda 2030 pour le développement durable applique à plus grande échelle ce sur quoi la riposte au sida travaille depuis 30 ans : une approche multisectorielle, fondée sur les droits et centrée sur les individus, qui s’attaque aux facteurs déterminants pour la santé et le bien-être. Les différentes histoires de cette série mettent en lumière les liens entre le VIH et les Objectifs de développement durable (ODD), chacune étant racontée du point de vue personnel d’individus touchés par le VIH. Cette série dresse un tableau de l’interconnexion entre le VIH et les ODD et de l’interdépendance entre les ODD eux-mêmes. Par ailleurs, ces histoires nous montrent surtout les progrès accomplis dans la riposte au sida et ce qu’il reste à faire pour atteindre les ODD.  

L’an dernier, les fêtes du Nouvel An ont tourné au drame pour Welber Moreira. Ce Brésilien de 23 ans apprend alors qu’il vit avec le VIH.

Il raconte qu’il s’est senti mal le lendemain de Noël ; il s’est donc rendu dans un dispensaire public pour obtenir des réponses. À la place, le médecin lui pose une question surprenante : « Puis-je voir votre dernier résultat de dépistage du VIH ? ». Welber n’aurait jamais pensé qu’un virus lui rappelant ses vieux cours de biologie le toucherait un jour. Le médecin lui recommande de se rendre dans l’un des centres publics de dépistage et de conseil volontaire de sa ville natale de Ribeirão Preto, au nord de São Paulo, pour un test de dépistage rapide. Le diagnostic positif est confirmé par un deuxième test.

« Après des torrents de larmes versés devant l’infirmière, j’ai pensé à ma petite amie, car nous n’avions pas utilisé de préservatifs », raconte Welber. Le test de dépistage de sa petite amie sera négatif au VIH. Elle commence son traitement préventif de 28 jours avant même que Welber ne commence à prendre son propre traitement antirétroviral. Le système de santé publique brésilien prend en charge tous les frais de prévention et de traitement du VIH, ce qui leur permet de commencer facilement la prise de médicaments.

Mais une autre chose l’inquiète. « J’avais très peur des effets secondaires », explique Welber. À sa grande surprise, il déclare qu’il se sent bien depuis qu’il a commencé le traitement anti-VIH. Aujourd’hui, il prend deux cachets chaque soir avant d’aller au lit. Haussant les épaules, il se demande : « Je n’arrive pas à m’imaginer comment c’était dans le passé, lorsqu’il fallait prendre plusieurs cachets par jour, à des heures différentes ».

Il fait partie des plus de 100 000 Brésiliens qui prennent un nouveau médicament anti-VIH appelé dolutegravir (DTG), qui provoque moins d’effets secondaires et est plus efficace. Le Ministère brésilien de la Santé a négocié avec succès l’achat de DTG avec une remise de 70 %, faisant ainsi baisser le prix par comprimé à 1,50 dollar au lieu de 5,10 dollars. Ainsi, davantage de personnes pourront avoir accès à ce nouveau médicament dans le cadre du budget approuvé pour le traitement dans le pays (qui s’élève à 1,1 milliard de dollars pour 2017).

Welber remercie sa petite amie pour son soutien, ainsi que le dispensaire et le centre pour leur efficacité ; tous lui ont permis de surmonter le traumatisme de départ.

Parler du VIH et de son état ne dérange plus Welber désormais. Il raconte qu’il en parle ouvertement à ses amis et au travail. Une petite partie de sa famille n’a pas très bien supporté la nouvelle, mais il ne perd pas espoir.

Il a de grands projets pour lui et sa petite amie. « Nous avons prévu d’avoir deux enfants, le premier dans trois ans », explique-t-il.

Il déclare également qu’il sent qu’il a le devoir d’aider les autres. « Par exemple, dès que je peux, je passe au dispensaire local et je prends des préservatifs que je distribue à mes collègues de travail et à mes amis », explique Welber. « Pour moi, c’est l’occasion de partager mes connaissances et de parler de prévention ».

 


 

SDG9.jpg

ODD 9 : Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable et encourager l’innovation

L’élargissement du traitement anti-VIH dans les pays à revenu faible et intermédiaire au cours des 15 à 20 dernières années est l’une des plus grandes réussites dans le domaine de la santé publique. Fin 2002, en Afrique subsaharienne, seulement 52 000 personnes étaient sous traitement. Grâce à l’augmentation des niveaux de production et à l’usage des flexibilités sur les brevets, le nombre de personnes sous traitement est passé à 12,1 millions en 2016. Les enseignements tirés de la riposte au sida ont permis d’accroître l’accès aux médicaments pour les personnes vivant avec la tuberculose, l’hépatite C et des maladies non transmissibles.

Les chercheurs et les scientifiques continuent d’innover et d’améliorer l’efficacité des médicaments antirétroviraux et poursuivent les études pour un traitement curatif du VIH. Les médicaments antirétroviraux ont tellement évolué qu’une personne vivant avec le VIH qui prend régulièrement ses médicaments peut aujourd’hui avoir une espérance de vie normale.

Lorsque le gouvernement brésilien a mis en place l’accès universel aux médicaments antirétroviraux en 1996, il a changé le cours de l’épidémie dans le pays et fait grimper les taux de survie de manière spectaculaire. Les prédictions dramatiques sur des décès dus au sida à grande échelle ne se sont jamais réalisées. Le système de santé unique du Brésil continue de montrer la voie et a récemment intégré les techniques scientifiques et médicales les plus avancées dans les services de suivi anti-VIH. L’histoire de Welber illustre à quel point l’ODD n° 9 (Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable et encourager l’innovation) présente des liens étroits avec l’élargissement de l’accès équitable aux médicaments et les avancées vers la fin du sida.

The Sustainable Development Goals and the HIV response: Stories of putting people at the centre

SDGsandHIV_en.pdf.png

Des scientifiques de premier plan se félicitent des progrès vers les objectifs 90-90-90

25 juillet 2017

Des centaines de chercheurs et de responsables de planification et de mise en œuvre de programmes, ainsi que des activistes de la société civile, se sont réunis à la veille de la Conférence 2017 de l’IAS de recherche sur le sida afin d’évaluer les progrès vers les objectifs 90-90-90. Cet atelier, parrainé par l’International Association of Providers of AIDS Care (IAPAC) et l’ONUSIDA, en partenariat avec le Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH, s’est penché sur les données les plus récentes relatives aux avancées et aux nouvelles opportunités visant à poursuivre l’accélération des acquis vers les objectifs 90-90-90.

Ces objectifs ont été lancés par l’ONUSIDA en 2014 afin d’accélérer les progrès pour que, d’ici à 2020, 90 % de toutes les personnes vivant avec le VIH connaissent leur état sérologique vis-à-vis du VIH, 90 % des personnes diagnostiquées séropositives au VIH reçoivent un traitement antirétroviral durable et 90 % des personnes sous traitement antirétroviral voient leur charge virale disparaître. En 2016, pour la première fois, plus des deux tiers des personnes vivant avec le VIH étaient au courant de leur statut et plus de la moitié des personnes vivant avec le VIH ont eu accès au traitement antirétroviral.

Tout en se félicitant des nettes avancées vers chacun de ces trois objectifs, les participants ont reconnu que la mise en œuvre effective des objectifs 90-90-90 était possible, de même que le contrôle ultime de l’épidémie. De nouvelles preuves d’une baisse marquée de la prévalence du VIH dans de nombreux pays d’Afrique australe et orientale démontrent que l’élargissement du traitement anti-VIH permet non seulement de réduire les décès dus au sida, mais contribue aussi à la maîtrise de l’épidémie.

Après le discours d’ouverture prononcé par Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, l’atelier a commencé par un dialogue entre les ministres de la Santé et des responsables ministériels de haut niveau venus du Botswana, du Cambodge, du Lesotho et du Panama, et des responsables de la santé mondiale. Ce débat a mis en lumière des exemples de la manière dont de nombreux pays traduisent concrètement leur engagement politique fort contre le sida par l’accomplissement des objectifs 90-90-90.

Les différentes sessions de l’atelier ont porté sur les domaines dans lesquels l’élan des objectifs 90-90-90 n’est pas à la hauteur, sur les populations laissées pour compte, ainsi que sur les opportunités potentielles de transformation pour combler ces lacunes. Dans le processus de traitement du VIH, les plus gros manques sont observés dans le premier volet des 90 % : les participants ont donc appelé à une révolution du dépistage du VIH, avec des initiatives destinées à intégrer les programmes de dépistage du VIH dans des campagnes de dépistage visant d’autres pathologies. Les présentations de l’atelier ont aussi souligné l’importance d’un déploiement rapide de l’auto-dépistage du VIH.

Pour atteindre les objectifs 90-90-90, il est évident que les services doivent être étendus au-delà des établissements de santé et rapprochés des communautés qui en ont besoin. Cette constatation est étayée par les conclusions des essais SEARCH et PopART, qui ont appliqué les approches centrées sur les communautés pour générer des progrès rapides vers les objectifs 90-90-90. Afin de permettre un élargissement accéléré des services à base communautaire, les chefs d’État de l’Union africaine ont adopté avec enthousiasme ce mois-ci une nouvelle initiative régionale visant à recruter, former et déployer 2 millions d’agents de santé communautaires.

Plusieurs sessions ont également porté sur les problèmes de contact avec les populations laissées pour compte, notamment les hommes, les adolescentes et les jeunes femmes, et avec les populations clés telles que les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les consommateurs de drogues injectables, les professionnel(le)s du sexe et les personnes transsexuelles. Des présentations de données sur différentes expériences menées au niveau national et local ont mis en lumière diverses stratégies visant à combler les lacunes en matière de dépistage et de traitement au sein de ces groupes, notamment des stratégies de prestation de services adaptées à ces groupes, l’investissement dans les communautés, ainsi que des stratégies visant à réduire la stigmatisation et la discrimination, avec une réforme des lois et des politiques.

De nouvelles ressources seront nécessaires pour accélérer la riposte mondiale au sida, car il manque environ 25 % dans les sommes disponibles pour les programmes de lutte contre le VIH par rapport aux ressources prévues pour l’accélération de la riposte. Selon les données de modélisation présentées lors de l’atelier, au lieu de conserver l’allure actuelle d’élargissement, l’Afrique du Sud pourrait économiser 3 milliards de dollars et éviter 1 million de décès dus au sida en anticipant les investissements en faveur des objectifs 90-90-90. 

Déclarations

« Trois mots caractérisent la riposte au VIH au Botswana : claire, ambitieuse et motivée. Cette approche a permis de mobiliser des investissements essentiels et de générer des résultats tangibles [y compris l’accomplissement des objectifs 90-90-90]. »

Dorcas Makgato Ministre de la Santé et du Bien-être du Botswana

« Le Cambodge est en bonne voie pour atteindre les objectifs 90-90-90. Notre riposte au sida a commencé au début des années 1990, alors que le pays était confronté à une épidémie généralisée, qui se propageait vite. Aujourd’hui, nous ciblons les populations prioritaires et nous avons pour but d’éliminer les nouvelles infections à VIH d’ici à 2025. »

Mam Bun Heng Ministre de la Santé du Cambodge

« Le sida nécessite une approche fondée sur les résultats. C’est la raison pour laquelle je défends depuis longtemps des objectifs et des cibles ambitieux pour la lutte contre le sida. Les données les plus récentes montrent que les objectifs 90-90-90 ne sont pas un rêve. Face au scepticisme, nous avons clairement démontré qu’il était possible de les atteindre. En avançant, nous devons être attentifs aux adolescentes et aux jeunes femmes, inciter les jeunes hommes à recourir aux services et atteindre les communautés vulnérables, car les populations clés représentent 80 % des nouvelles infections à VIH en dehors de l’Afrique subsaharienne. »

Michel Sidibé Directeur exécutif de l’ONUSIDA

« Il n’est pas toujours facile pour les communautés de changer radicalement leurs approches, mais nous avons réussi à passer aux objectifs 90-90-90. Les derniers résultats concernant le processus de traitement du VIH – 70-77-82 – sont encourageants. Pour parvenir à maîtriser l’épidémie, nous devrons atteindre l’objectif ultime 95-95-95, mais nous y arriverons uniquement si nous nous concentrons sur les individus. »

Jose Zuniga Président de l’IAPAC

« La capacité de riposte des communautés et l’engagement politique visant à relever et à surmonter les principaux défis ont été la clé de voûte des progrès que nous avons accomplis vers les objectifs 90-90-90. Les gouvernements nationaux ont rapidement modifié leur approche politique pour mettre en œuvre une approche « dépistage-et-traitement », et nous avons investi dans la collecte et l’utilisation de données détaillées sur le terrain pour motiver et éclairer nos actions. »

Ambassador Deborah Birx Coordonnatrice pour les États-Unis de la lutte mondiale contre le sida

Pages