Reportage

Comment les hommes peuvent mettre un terme à la violence à l’encontre des femmes

10 décembre 2009

Une version de ce reportage a été publiée initialement sur www.unfpa.org

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Ce portrait d’un père et de son fils en El Salvador est l’une des 38 photos montrant des images positives de l’exposition ‘Des hommes influents’
Photo: David Isaksson

Cela aurait dû être l’une des nuits les plus heureuses de leur vie. Un jeune soldat et sa nouvelle épouse étaient ensemble pour la première fois pour leur nuit de noces. A la grande surprise de l’époux, il n’y avait pas de sang après qu’ils eurent consommé leur mariage. Ils savaient à quels dangers ils pourraient être exposés si quelqu’un venait à l’apprendre. Les aînées du village demanderaient à voir les draps, et s’il n’y avait pas de sang, la jeune mariée pourrait être blessée, ou même tuée, pour avoir terni l’honneur de sa famille.

Ce ne sont pas des hommes ou des femmes qui travaillent seuls pour en finir avec la violence sexospécifique qui donnent les meilleurs résultats.

Thea Fierens, directrice régionale de l’UNFPA pour l’Europe orientale et l’Asie centrale

Mais quelques mois auparavant, le soldat avait participé à une séance de formation sur la santé sexuelle et reproductive, l’égalité des sexes et la prévention de la violence sexospécifique. Il avait appris qu’une femme peut être vierge et ne pas saigner durant les rapports sexuels, et qu’il y avait bien plus important pour l’honneur d’une femme que sa virginité. Le soldat s’entailla le doigt et le laissa saigner dans les draps pour sauver sa femme.

Le soldat raconta ensuite cette histoire aux formateurs, et elle remonta jusqu’aux dirigeants du Ministère de la Santé, des Forces Armées turques et du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA). Ils l’ont gardée à l’esprit pour se souvenir qu’un seul jour d’éducation peut changer – voire sauver – une vie.

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Une formation complète sur la santé reproductive à l’intention des Forces Armées turques est l’un des programmes décrits dans la nouvelle publication. Etablir des partenariats avec les hommes pour mettre fin à la violence sexospécifique
Photo: Nezih Tavlas

La séance de formation faisait partie d’un projet ambitieux destiné à enseigner à chaque jeune homme en Turquie l’importance de la santé sexuelle et reproductive, de l’égalité des sexes et de la prévention de la violence sexospécifique. Elle était organisée par l’UNFPA, en partenariat avec le Ministère de la Santé et les Forces Armées turques.

En l’absence de programme scolaire formel sur la santé sexuelle, la formation représentait pour de nombreux soldats leur premier apprentissage de la manière dont utiliser un préservatif ou la première fois qu’ils envisageaient le problème des violences faites aux femmes. A ce jour, 3 millions d’hommes ont été formés, et le projet a été pérennisé par un décret des Forces Armées turques. Nombre de soldats déclarent que la formation a changé leurs façons de penser au sujet du droit de la femme a opérer ses propres choix et à vivre libérée de la violence.

Cette histoire est tirée des cinq études de cas présentées dans une nouvelle publication de l’UNFPA, Partnering with Men to End Gender-based Violence: Practices that work from Eastern Europe and Central Asia (Etablir des partenariats avec les hommes pour mettre fin à la violence sexospécifique : Les pratiques qui marchent en Europe orientale et en Asie centrale) : D’autres études documentent les expériences tirées du travail accompli avec des organisations non gouvernementales dans les communautés ukrainiennes d’Arménie, avec des institutions en Roumanie et des officiers de police en Turquie. Les études fournissent une analyse étape par étape de la manière dont les projets abordant la violence sexospécifique ont été menés, et le processus utilisé pour les mettre en œuvre.

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« S’il y a une leçon clé à tirer de ces études de cas, c’est bien la valeur du partenariat entre hommes et femmes, » déclare Thea Fierens, directrice régionale de l’UNFPA pour l’Europe orientale et l’Asie centrale. « Ce ne sont pas des hommes ou des femmes qui travaillent seuls pour en finir avec la violence sexospécifique qui donnent les meilleurs résultats. Ce sont plutôt les partenariats entre hommes et femmes qui ont le plus d’impact et la plus grande portée. Chaque étude de cas, à sa façon, illustre ce point, et fournit une ouverture – même très petite – vers ce qui pourrait ressembler à un monde sans violence. »

Pour l’ONUSIDA, le fait de stopper la violence à l’encontre des femmes et des filles est une question de toute importance qui a été soulignée comme l’un des neuf domaines prioritaires exposés dans le Cadre de résultats 2009-2011.

Aux côtés de la publication en question, l’UNFPA a commandité une exposition de photographies, intitulée ‘Des hommes influents’, qui met en exergue le pouvoir des modèles masculins positifs. Elle vise à sensibiliser sur l’importance d’inclure et d’engager les hommes et les garçons pour créer un monde dans lequel chaque individu est traité avec dignité et respect.

Cliquer ici to view a photo gallery of the exhibition.