Reportage

Face au sida, il faut en faire plus pour protéger les droits des femmes à l’héritage et à la propriété

13 mars 2009


Elizabeth Mataka, Envoyée spéciale des Nations Unies pour le VIH/sida en Afrique.
Photo: PNUD

Si davantage de femmes doivent pouvoir éviter l’infection à VIH, les lois sur l’héritage et la propriété doivent être revisitées, révisées, ou mieux appliquées. Il s’agissait là d’un des messages clés qui se sont dégagés lors d’une importante manifestation sur les droits des femmes à l’héritage, à la terre et au logement dans le contexte du VIH, qui s’est tenue hier, 12 mars, en marge de la 53ème session de la Commission de la condition de la femme au Siège des Nations Unies à New York.

La discussion a rassemblé toute une gamme d’orateurs, notamment Elizabeth Mataka, Envoyée spéciale des Nations Unies pour le VIH/sida en Afrique, et Rose Gawaya, Conseillère principale pour les questions de genre, Pratique du PNUD sur le VIH/sida, basée à Johannesburg, Afrique du Sud. La manifestation était axée sur l’examen du travail d’innovation qui a été effectué pour accroître l’accès des femmes, à la terre et au logement – et pour qu’elles en aient le contrôle et se les approprient – afin de tenter d’atténuer les répercussions du sida. Des stratégies réalistes et concrètes, s’étendant des communautés au niveau international, ont été passées en revue.

"L’inégalité des droits des femmes en matière d’héritage et de propriété ne permet pas aux femmes d’avoir accès aux ressources qui aideraient à réduire leur vulnérabilité au VIH et à améliorer leur capacité à faire face aux conséquences de l’épidémie."

Elizabeth Mataka, Envoyée spéciale des Nations Unies pour le VIH/sida en Afrique

Mme Mataka a souligné la vulnérabilité accrue des femmes du fait du sida et a exhorté les gouvernements à harmoniser des lois et une législation souvent contradictoires. Elle a déclaré « L’inégalité des droits des femmes en matière d’héritage et de propriété ne permet pas aux femmes d’avoir accès aux ressources qui aideraient à réduire leur vulnérabilité au VIH et à améliorer leur capacité à faire face aux conséquences de l’épidémie. »

La question de ces droits pour les femmes est d’une importance capitale lorsque l’on aborde le VIH. Quand le conjoint d’une femme meurt du sida, elle risque de perdre son foyer et ses terres, son héritage et ses moyens de subsistance. Cela peut la mettre dans une situation où elle sera forcée d’avoir des relations et des comportements qui la rendent plus vulnérable au virus. Les membres du panel ont rappelé que lorsque les femmes peuvent s’approprier les terres et en avoir le contrôle, et avoir accès aux droits à la propriété, elles ont une plus vaste gamme de choix, sont beaucoup plus capables d’exercer leur autonomie et, en fin de compte, sont mieux à même de se protéger. 

Les membres du panel ont recommandé, ainsi que la révision et la mise en œuvre des lois existantes sur l’héritage, un meilleur accès à l’information et aux experts juridiques, des partenariats améliorés parmi les organisations œuvrant dans ce domaine et des réseaux renforcés pour accroître la sensibilisation à ces problématiques, avec l’accent mis sur les femmes au sein de la communauté en tant qu’importants moteurs du changement. Elles ont également suggéré d’utiliser davantage les médias et des manières de partager et de présenter les messages, tout en soulignant la nécessité d’accroître la portée des recherches.

Parmi les autres membres du panel figuraient notamment Jeanmarie Fenrich, Fordham Leitner Centre for International Law and Justice ; Seodi White, Women and Law in Southern Africa (Malawi) ; Esther Mwaura, GROOTS Kenya, Commission Huairou ; et Anne Gathumbi, Initiative de l’Open Society pour l’Afrique de l’Est, Initiative loi et santé.

Cette manifestation a été organisée par le PNUD, la Commission Huairou et Soros/OSI, avec l'appui de l'ONUSIDA, de GROOTS, du CIRF, du Fordham Law Leitner Center et de WLSA Malawi.