Reportage

Des salons de coiffure et des salons de beauté favorisent l’éducation sur le VIH au Guyana

26 mars 2009

Ce reportage a été initialement publié sur UNFPA.org


Barber shop
Dans le salon Kevin’s Reflections, les clients ont la possibilité de parler du VIH.
Photo: Carina Wint

Les salons de coiffure de Georgetown, au Guyana, sont des lieux où courent les bavardages. On y évoque les dernières modes, les événements communautaires, ses voisins, et, maintenant, les moyens de protéger les jeunes contre le sida. Le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), en collaboration avec le Secrétariat de l’ONUSIDA, a constaté que les salons de coiffure et les salons de beauté constituaient des lieux d’échange, et il les met actuellement à contribution pour diffuser des informations sur la prévention du VIH.

Le projet consiste à former du personnel de salon à répondre à des questions simples liées au VIH, à distribuer du matériel d’information et des préservatifs masculins et féminins aux clients, et même à fournir des services de conseil et de test sur place. Résultat, au Guyana, les jeunes ont accès à des informations et à des ressources qu’ils ne peuvent pas se procurer facilement dans d’autres lieux de leur communauté. Cela a son importance, car les niveaux de prévalence de leur petit pays (751 223 habitants) comptent parmi les plus élevés de la région : environ 1,6% pour les femmes enceintes, selon l’ONUSIDA. Chez les professionnel(le)s du sexe, la prévalence atteint 26,6%.

Condoms
Dans certains salons de coiffure, il est possible de se procurer des préservatifs masculins et féminins.
Photo: Carina Wint

Juanita Huburn, une cliente de DJ’s Magic Fingers, un salon de coiffure qui participe au programme, qualifie la société guyanienne de « fermée » quand il s’agit des questions liées à la sexualité. « On ne parle pas de sexe. On nous dit seulement qu’il ne faudrait pas avoir de rapports sexuels, mais ce n’est pas réaliste », affirme-t-elle.

Les magasins et les salons ont été choisis en fonction de leur emplacement : centres commerciaux, parcs, lieux en vogue ou communautés à revenu faible. Les propriétaires qui ont accueilli le projet ont bénéficié d’une publicité supplémentaire pour leur petite entreprise ainsi que d’avantages, tels que l’accès à des supports promotionnels. « Les magasins ont été informés de la promotion que le projet assurerait à leur société et des avantages financiers qu’ils tireraient de leur participation », déclare Patrice La Fleur, attaché de liaison de l’UNFPA au Guyana. « Le plus important, c’est qu’ils mettent à disposition des lieux sûrs pour aborder la sexualité et la prévention du VIH. »

Les magasins ont été informés de la promotion que le projet assurerait à leur société et des avantages financiers qu’ils tireraient de leur participation. Le plus important, c’est qu’ils mettent à disposition des lieux sûrs pour aborder la sexualité et la prévention du VIH.

Patrice La Fleur, attaché de liaison de l’UNFPA au Guyana

Une fois que les lieux d’activité ont été sélectionnés, deux employés de chaque magasin ont reçu une formation sur les moyens de prévention et l’éducation de base sur le VIH. Ils ont également appris à effectuer un suivi adéquat du projet et ont été initiés à des pratiques sûres dans le cadre de leur propre activité (par exemple : garantir la stérilité des instruments employés pour les coupes de cheveux, des rasoirs, des aiguilles pour la couture et le tissage, du matériel de manucure et de pédicure, et de l’équipement nécessaire au tatouage et au piercing).

En plus de dispenser une formation aux participants sur la santé sexuelle et reproductive et les questions sexospécifiques, le projet vise à développer des compétences psychosociales, telles que la communication, les relations saines et le leadership. « Des participants ont fait part des progrès individuels qu’ils ont accomplis dans leurs relations avec leurs amis, leur famille et leurs clients », affirme Babsie Giddings, administratrice de programme de l’UNFPA, qui suit le projet.

Hair Salon
Le salon de coiffure DJ’s Magic Fingers est un autre lieu de sensibilisation à la prévention du VIH.
Photo: Carina Wint

Depuis que le programme a été mis en place, les entreprises font état d’une augmentation constante de la clientèle, et de nouveaux magasins ont souscrit au projet. « Les affaires ont augmenté d’environ 5% depuis que nous avons adhéré au programme », déclare Kevin John, propriétaire du salon de coiffure Kevin’s Reflections. À son avis, cela peut venir en partie du fait que les gens savent que le matériel de son salon est désinfecté. Actuellement, plus de 7 000 préservatifs masculins et 400 préservatifs féminins sont distribués chaque mois sur demande dans les magasins et les salons.

Des travaux portant sur le projet ont été entrepris l’année dernière grâce aux efforts du Groupe thématique des Nations Unies, et ils ont été entièrement financés par l’ONUSIDA. Une ONG locale, Youth Challenge Guyana, collabore également au projet.
L’UNFPA apporte un soutien permanent, par une supervision et un suivi réguliers des salons de coiffure et salons de beauté participants. Le projet vise à offrir à quelque 2 000 jeunes un accès à des informations, des techniques, des services et du matériel, qu’ils peuvent utiliser pour protéger leur santé.