Reportage

Caraïbes : l’accès universel doit prendre en compte les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes

16 mars 2010

20100316_Caribbean_200.jpg

Bien que les Caraïbes se classent deuxième après l’Afrique subsaharienne pour ce qui est des prévalences du VIH les plus élevées, la plupart des pays de la région sont touchés par des épidémies concentrées, qui frappent certains groupes de façon disproportionnée, notamment les hommes homosexuels et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) en général. Dans bien des pays, les HSH sont victimes d’une terrible stigmatisation sociale et ne sont pas atteints par les services essentiels de prévention, de traitement, de soins et d’appui en rapport avec le VIH. Non seulement ces hommes craignent de dévoiler leur orientation sexuelle, mais on les dissuade aussi de se procurer les informations dont ils ont besoin pour réduire leur risque d’infection ou pour acheter des préservatifs.

Un environnement déjà homophobe est souvent accentué par des lois contre la sodomie – ce que possèdent 11 pays des Caraïbes sur 16*. Cela peut contribuer à développer un cadre socioculturel intolérant, dans lequel les HSH sont tenus éloignés des services de conseil et de test VIH et des services d’éducation, qui permettraient pourtant de réduire leur vulnérabilité à l’infection à VIH.

La Jamaïque – un pays doté de lois contre la sodomie – affiche une prévalence du VIH de 32% chez les HSH, contre 1,6% dans l’ensemble de la population. À Trinité-et-Tobago et au Guyana, qui criminalisent aussi les relations sexuelles entre hommes, la prévalence du VIH varie entre 20% et 32%. En revanche, à Cuba, au Suriname, aux Bahamas et en République dominicaine – des pays qui ne sont pas dotés d’une telle législation –, la prévalence du VIH chez les HSH oscille entre 1% et 8%.

D’après les rapports d’activité UNGASS 2007, les programmes de prévention aux Caraïbes touchent moins de 40% des HSH. Dans de nombreux pays de la région, des associations locales demandent instamment que les programmes publics et de la société civile intègrent les questions et organismes liés aux HSH dans la riposte au sida. Des réseaux régionaux, dont le Partenariat Pan-Caraïbe contre le VIH/sida (PANCAP), ont soutenu ces initiatives.

Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, a plaidé pour la suppression des lois répressives, qui nuisent à la riposte au sida dans cette région.

La lutte contre l’homophobie et la suppression des lois répressives criminalisant les rapports sexuels entre hommes permettent de créer les conditions optimales à la réalisation de l’accès universel.

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA

« Dans la plupart des pays des Caraïbes qui ne sont pas dotés de lois répressives, la prévalence du VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes se situe entre 1% et 8% », a relevé le Directeur exécutif. « Cette proportion détonne nettement avec la fourchette 20%-32% affichée par les pays qui interdisent les rapports sexuels entre hommes. »

Il poursuit : « La lutte contre l’homophobie et la suppression des lois répressives criminalisant les rapports sexuels entre hommes permettent de créer les conditions optimales à la réalisation de l’accès universel. ».

Une initiative fondée sur la collaboration entre l’ONUSIDA, le PNUD et l’OPS/OMS est en cours de lancement. Il s’agit d’élaborer des stratégies relatives aux droits humains et à l’amélioration de l’accès des HSH et d’autres minorités sexuelles aux services de santé en Amérique latine et aux Caraïbes.

L’ONUSIDA mènera une action régionale aux Caraïbes pour renforcer les programmes de prévention du VIH parmi ces groupes de population et pour établir des liens entre les composantes liées aux droits humains et celles qui ont trait à la prestation de services, en vue d’améliorer leur santé, le respect de leurs droits et leur bien-être.


** Les pays des Caraïbes qui disposent de lois criminalisant les rapports sexuels entre hommes sont : Antigua-et-Barbuda, la Barbade, le Belize, la Dominique, la Grenade, le Guyana, la Jamaïque, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et Trinité-et-Tobago. Les pays des Caraïbes qui ne disposent pas de lois criminalisant les rapports sexuels entre hommes sont : les Bahamas, Cuba, la République dominicaine, Haïti et le Suriname.
Source : site Internet de l’ILGA (association internationale des lesbiennes, des gays, des personnes bisexuelles, trans et intersexuelles), consulté le 16 mars 2010.