Reportage

Sommet sur les objectifs du Millénaire pour le développement: une militante de la lutte contre le sida au Nigeria a confiance en l'avenir

21 septembre 2010

Lucy (debout) en conversation avec Tura Yar Adua, ex-première dame du Nigeria, lors d'une visite de sensibilisation réalisée par l'équipe dédiée du Nigeria sur la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant.

Lucy Attah attend de grandes choses du sommet sur les objectifs du Millénaire pour le développement qui se tient cette semaine. En tant que femme vivant avec le VIH et militante pour l'égalité des genres au Nigeria, elle estime que ce sommet est une occasion importante de discuter des problèmes liés à l'égalité et à l'émancipation des femmes et l'accès universel aux services liés au VIH. En participant au sommet, elle peut partager ses expériences au niveau des actions adoptées pour renforcer la riposte au sida dans son pays.

En tant que directrice exécutive de l'ONG nigérienne Women and Children of Hope (WCH), Lucy Attah œuvre à la sensibilisation au VIH. L'organisation WCH aide également les femmes qui vivent avec le virus à prendre en charge leur propre bien être matériel, physique et psychologique. 

 Lucy Attah est membre d'une délégation de 13 personnes qui représentent des réseaux de femmes vivant avec le VIH dans le monde entier.  Les activités de la délégation s'inscrivent dans une initiative mondiale de sensibilisation et de renforcement des capacités soutenue par le PNUD qui cherche à renforcer la visibilité et la voix des femmes vivant avec le VIH dans l'évaluation de la progression des pays vers la réalisation des OMD et de l'accès universel. Cette initiative fait également partie de l'agenda de l'ONUSIDA pour une action accélérée au niveau des pays en faveur des femmes, des filles et de l'égalité des sexes dans le contexte du VIH.

Lucy Attah explique  : « Ma participation au sommet est l'occasion de partager avec le reste du monde les leçons et les défis de l'émancipation des femmes dans nos communautés. Je compte également utilisé les leçons tirées des réussites et des meilleures pratiques dans d'autres pays.

Lucy Attah a créé le WCH après avoir découvert sa séropositivité en 1998. Elle s'était juré de s'attaquer à la stigmatisation et à la discrimination ambiantes qui compliquaient tellement sa vie et qui constituent toujours des obstacles de taille à la riposte au VIH dans le pays. 

Des progrès sensibles ont été enregistrés dans la réduction de la prévalence du VIH au Nigeria. Toutefois, avec plus de 3 % des adultes, soit près de 2,6 millions de personnes, vivant avec le virus, le pays occupe la deuxième place, derrière l'Afrique du Sud, au classement des pays comptant le plus de personnes vivant avec le VIH. Les femmes sont souvent les plus touchées par l'épidémie et elles représentent plus de la moitié des personnes vivant avec le VIH, soit 1,4 millions de femmes.

Plusieurs raisons expliquent la vulnérabilité accrue des femmes à l'infection au VIH.  Il existe des inégalités flagrantes entre les sexes et il est souvent difficile pour les femmes de se protéger contre le VIH, surtout lorsqu'elle n'ont pas le pouvoir de prise de décision. Les niveaux de violence sexuelle sont élevés et les mariages précoces sont fréquents. Les femmes sont privées de l'indépendance économique et celles qui vivent dans la pauvreté se tournent souvent vers le travail du sexe pour arrondir les fins de mois. 

Mais Lucy Attah demeure malgré tout optimiste quand à la réalisation des OMD.  

« Il reste encore du chemin à parcourir, mais nous pouvons y parvenir si les femmes sont plus impliquées dans les politiques publiques et la prise de décision, si leur émancipation économique s'améliore et si elles reçoivent une meilleure éducation. Il faut également compter sur une législation plus sévère contre les abus à l'encontre des droits des femmes et la violence sexuelle. Nos objectifs sont ambitieux, mais nous pouvons les réaliser » a-t-elle déclaré.