Reportage

Les participants à la Réunion de haut niveau insistent sur la nécessité d'investissements plus importants en matière de technologie et d'innovation pour faire avancer les résultats de prévention et de traitement du VIH

10 juin 2011

Ratu Epeli Nailatikau, Président de la République des Fidji, préside la discussion du groupe sur l'innovation et les nouvelles technologies. 9 juin 2011
Photo: ONU/Paulo Filgueiras

Les progrès en matière de réduction du nombre d'infections au VIH et d'augmentation de l'accès au traitement antirétroviral au cours des trente dernières années ne sont pas le fruit du hasard et sont en grande partie dus à un effort international conjoint qui reliait la technologie et l'innovation pour les résultats de prévention et de traitement du VIH.

Cette information a émergé d'un groupe de réflexion officiel ayant pour sujet L'innovation et les nouvelles technologies, l'un des cinq groupes auxquels des représentants de haut niveau des États membres et de la société civile ont participé dans le cadre de la Réunion de haut niveau sur le sida 2011 de l'Assemblée générale de l'ONU.

Présidée par Son Excellence le Président de la République des Fidji, Ratu Epeli Nailatikau, le groupe a réuni la Directrice générale de l'Organisation mondiale de la Santé, Dr Margaret Chan; le Ministre de la Santé du Mexique, Dr Jose Angel Cordova Villalobos et Dr Christoforos Mallouris, Directeur des Programmes, Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH (GNP+).

Les participants ont partagé leurs opinions sur la manière dont la technologie et l'innovation ont joué des rôles instrumentaux dans l'atteinte des résultats en matière de riposte au sida à ce jour. L'un des exemples cités était l'augmentation du nombre de personnes vivant avec le VIH sous traitement antirétroviral au cours des dix dernières années : en 2010, ce chiffre était de 6,6 millions, par rapport à 240 000 en 2001. Le point central de ce développement inégalé était la combinaison d'une technologie innovante qui a permis de fabriquer des médicaments antirétroviraux hautement efficaces et d'un meilleur accès à cette technologie grâce à la disponibilité de médicaments bon marché et de qualité garantie.

« La collaboration avec les pays en voie de développement sera essentielle », a déclaré le Président Nailatikau, qui a insisté sur la nécessité de trouver des solutions innovantes au coeur de la maladie. « Grâce à cela, nous avons la possibilité d'avoir un impact majeur contre l'un des plus grands problèmes sanitaires et de développement de notre génération. »

Répéter sans cesse les mêmes actions n'est pas suffisant. Nous avons un besoin urgent d'innovation.

Directrice générale de l'Organisation mondiale de la Santé, Dr Margaret Chan

Animée par le journaliste britannique Andrew Jack du Financial Times, la discussion s'est axée sur plusieurs problèmes auxquels est confrontée la riposte au sida d'un point de vue technologique et de l'innovation, principalement la nécessité d'élargir rapidement l'accès à des technologies du VIH plus récentes et améliorées, comme de meilleurs diagnostics du CD4 et des charges virales, et des investissements accrus dans les technologies biomédicales de prévention telles que les microbicides.

Les participants ont convenu que l'accès à des technologies de prévention du VIH avérées—des préservatifs masculins et féminins à la circoncision masculine—doit continuer d'être intensifié et que les gouvernements doivent s'assurer que des politiques sont en place eu égard aux ripostes nationales qui favorisent l'innovation et le progrès, à la fois dans le secteur public et privé. Des partenariats innovants qui créent des motivations financières ou autres pour stimuler la recherche et le développement ont été considérés comme des éléments clés.

« Ne laissons pas le rythme de l'épidémie nous dépasser. Nous avons la capacité de nous recréer par le biais de l'innovation, afin d'atteindre non seulement zéro nouvelle infection, zéro discrimination et zéro décès lié au sida, mais aussi zéro homophobie et transphobie, zéro discrimination sur le sexe et des droits de l'homme pour tous », a déclaré le Président Felipe Calderón du Mexique,

Faisant écho à l'approche de « santé positive, dignité et prévention », Dr Mallouris de GNP+ a appelé à un engagement plus important des personnes vivant avec le VIH en matière de prévention. « Les personnes vivant avec le VIH ont également besoin de prévention et de nouvelles technologies de prévention. Nous devons nous assurer que les personnes vivant avec le VIH sont impliquées—nous ne sommes pas que des véhicules de transmission, nous voulons aussi la prévention », a indiqué Dr Mallouris. 

Le groupe a également attiré l'attention sur les résultats récents de l'étude HPTN 052 annoncés par les Instituts nationaux de la santé des États-Unis qui ont démontré que si une personne positive au VIH observe un traitement antirétroviral efficace, le risque de transmission du virus à leur partenaire sexuel non infecté peut être réduit de 96 %. L'accent a également été mis sur la recherche en cours d'un vaccin anti-VIH qui, bien que loin d'être à l'ordre du jour, est considérée par de nombreux acteurs de la communauté du sida comme un élément indispensable de la riposte future au sida.

« Répéter sans cesse les mêmes actions n'est pas suffisant », a déclaré la Directrice générale de l'Organisation mondiale de la Santé, Dr Chan. « Nous avons un besoin urgent d'innovation et nous sommes à la traîne dans cette épidémie dévastatrice. Nous savons maintenant, sans aucun doute, que le traitement précoce a un effet puissant sur la transmission chez les couples sérodiscordants—nous devons maximiser les effets préventifs du traitement grâce à un diagnostic précoce. »

Cependant, au court et moyen terme, le groupe a souligné l'importance d'un élargissement rapide de l'accès au traitement antirétroviral comme l'un des objectifs les plus urgents. Avec environ neuf millions de personnes dans les pays à revenus faibles et modérés éligibles pour recevoir un traitement nécessaire, le groupe a encouragé les pays à accorder la priorité au transfert de recherche et de technologie ainsi qu'à assurer un financement suffisant pour la recherche et le développement de médicaments antirétroviraux plus sûrs et plus efficaces et aussi plus faciles à utiliser.

Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies sur le sida

Trente ans après le début de l'épidémie de sida et dix ans après la session spéciale décisive de l'Assemblée générale des Nations unies sur le VIH/sida, le monde se rassemble à nouveau pour examiner les progrès accomplis et tracer la future voie de la riposte mondiale au sida à l'occasion de la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies sur le sida qui se déroulera du 8 au 10 juin 2011 à New York. Les États membres devraient adopter une nouvelle déclaration visant à réaffirmer les engagements actuels et à initier des actions pour orienter et soutenir la riposte mondiale au sida.