Reportage

Prévention du VIH par les médias sociaux et le téléphone mobile

02 mai 2011

Table ronde sur les médias sociaux et la prévention du VIH avec (de gauche à droite) Mme Helen Alexander, du Réseau Sonke Gender Justice, M. Richard Delate, du Johns Hopkins Health and Education in South Africa, Olga Rudnieva, de la Fondation antisida d’Elena Pinchuk, et M. Ian Royer, de la Campagne What about HIV ?, le 2 mai 2011.
Source : Stefan Els, université de Stellenbosch.

Étant donné qu’il y a 7 000 personnes nouvellement infectées au VIH chaque jour, et que 1 000 d’entre elles vivent en Afrique du Sud, l’université de Stellenbosch, qui se trouve près de Cape Town, était le lieu idéal pour cette discussion de la table ronde de haut niveau sur les moyens actuels et futurs d’utilisation optimale des médias sociaux et des technologies mobiles dans la prévention des nouvelles infections au VIH.

« La capacité des nouvelles technologies à redynamiser le mouvement antisida ne fait aucun doute. Nous avons vraiment besoin d’une révolution de la prévention du VIH centrée sur les médias sociaux et les technologies mobiles », a déclaré Michel Sidibé, directeur exécutif de l’ONUSIDA, dans son allocution d’ouverture.

Deux tables rondes – l’une sur les médiaux sociaux, et l’autre sur les technologies mobiles – ont été retransmises en direct via la page de l’ONUSIDA présente sur Facebook. Les discussions ont réuni des dirigeants du secteur des technologies, des militants antisida et des experts en médias sociaux, pour un partage d’idées sur ces nouveaux outils et sur leur intégration dans les programmes de prévention du VIH.

Mobiliser les réseaux sociaux autour du VIH et des jeunes

Durant la session sur les médias sociaux, un projet en cours d’élaboration a été présenté par M. Ian Royer, délégué au récent sommet mondial des jeunes sur le VIH tenu au Mali. Les participants de ce sommet ont lancé une campagne collaborative dans les médias sociaux ainsi qu’un document final visant à mobiliser les organisations et les réseaux de jeunes dans le monde pour qu’ils avalisent la Déclaration du sommet. Le site web www.whatabouthiv.org héberge cette initiative.

« À ce jour, nous avons reçu plus de 1 000 soutiens et engagé plus de 7 000 personnes à travers le monde. Les médias sociaux constituent un outil idéal pour mobiliser les jeunes », a déclaré M. Royer. « Nous intensifions nos efforts à l’approche de la réunion de haut niveau sur le sida, en juin, pour nous assurer que notre Déclaration est clairement entendue ! ».

Étant donné que les médias sociaux impliquent des conversations bidirectionnelles, les participants des tables rondes ont répondu aux questions posées sur Twitter et Facebook après la discussion en ligne. Tweeter @baruchdom a fait l’observation suivante : « N’oubliez pas que la majorité des travailleurs du sexe, des consommateurs de drogues et des transsexuels n’ont pas accès aux réseaux sociaux ou à l’Internet. »

La réponse à cette observation est venue d’Helen Alexander, du Réseau Sonke Gender Justice : « En Afrique du Sud du moins, le téléphone cellulaire est un outil important pour les activités des travailleurs du sexe, car il les aide à entrer en contact avec leurs clients et à assurer leur protection. Les téléphones mobiles sont donc un moyen très efficace d’atteindre ces travailleurs du sexe. Ils sont anonymes et n’obligent pas à suivre de près les personnes, lesquelles sont souvent peu enclines à venir à des évènements communautaires », a-t-elle ajouté.

Plateformes mobiles pour le changement social

L’Afrique compte 500 millions de téléphones cellulaires et la santé mobile est de plus en plus reconnue comme un canal efficace de programmation anti-VIH.

Nous avons vraiment besoin d’une révolution de la prévention du VIH centrée sur les médiaux sociaux et les technologies mobiles

Michel Sidibé, directeur exécutif de l’ONUSIDA

« Comment pouvons-nous commencer à optimiser l’utilisation des technologies mobiles dans la prévention du VIH ? » a demandé Marlon Parker, fondateur de Reconstructed Living Lab, une entreprise sociale sud-africaine. « Nous devons utiliser cette technologie pour éduquer, engager et responsabiliser les personnes – et nous pouvons étendre cette initiative au-delà de ces plateformes, par des actions hors ligne ! »

Mme Debbie Rogers, stratège principale pour la Fondation Praekelt, a partagé les enseignements tirés de leur plateforme mobile gratuite Young Africa Live, qui vise notamment à empêcher les nouvelles infections au VIH en Afrique du Sud. Selon Mme Rogers, cette plateforme a enregistré 32 millions de pages vues et plus de 950 000 commentaires affichés depuis son lancement.

Lancement d’un concours pour l’élaboration d’applications sur la prévention du VIH

L’Internet et les médias sociaux sont largement utilisés par les jeunes à travers le monde, même dans les pays à faible revenu. Ces outils sont à même de fournir, à peu de frais, des programmes de prévention du VIH auprès des jeunes, par le biais d’un média qu’ils connaissent bien.

Les participants aux tables rondes sur les médias sociaux et les technologies mobiles dans la prévention du VIH organisées à l’université de Stellenbosch, en Afrique du Sud, le 2 mai 2011.
Source : Stefan Els, université de Stellenbosch.

C’est dans cette perspective que Mme Olga Rudnieva, directrice exécutive de la Fondation antisida d’Elena Pinchuk, a annoncé dans son discours de clôture le lancement d’un concours pour l’élaboration d’applications sur la prévention du VIH dans les médias sociaux et sur les téléphones mobiles.

« Avant la fin de la semaine prochaine, les critères retenus seront affichés sur le site web de l’ONUSIDA. Le défi lancé porte sur un projet de prévention du VIH axé sur les réseaux sociaux, avec ou sans application mobile. Nous acceptons les projets qui ne dépassent pas 10 000 USD. Soyez créatifs, novateurs et proposez quelque chose de bien pour vous-même et pour votre communauté ! » a déclaré Mme Rudnieva.

En préparation à la réunion de haut niveau sur le sida, les tables rondes sur les médias sociaux et les technologies mobiles axés sur la prévention du VIH ont été co-organisées par l’ONUSIDA et l’université de Stellenbosch. Elles s’inscrivent dans le cadre de la stratégie de l’ONUSIDA visant à inspirer et mobiliser les jeunes dans l’utilisation des médias sociaux à des fins de révolution de la prévention du VIH.