Reportage

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA appelle les jeunes Marocains à mener une révolution dans la prévention du VIH

05 avril 2012

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé (à droite) a rencontré un groupe de jeunes Marocains le 4 avril dans les locaux de l'OPALS à Rabat.

Lors d'une discussion avec un groupe de jeunes Marocains le 4 avril, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé a appelé la jeunesse du pays (et de toute la région) à rompre le silence sur le sida et à mener une révolution dans la prévention du VIH.

« Les jeunes ont été en première ligne des révolutions qui ont amené le changement politique dans cette région. J'appelle la jeunesse à lancer un mouvement similaire pour mettre un coup d'arrêt aux nouvelles infections à VIH », a déclaré M. Sidibé en s'adressant à un groupe de jeunes gens réunis au siège national de l'OPALS (Organisation Pan-Africaine de Lutte contre le Sida), un organisme à but non lucratif basé à Rabat.

Ces dix dernières années, le nombre de nouvelles infections à VIH chez les adultes et les enfants au Moyen-Orient et en Afrique du Nord est passé de 43 000 à 59 000, selon les estimations de l'ONUSIDA. En 2010, on a dénombré environ 470 000 personnes vivant avec le VIH dans la région, contre 320 000 en 2001.

Durant cette rencontre, M. Sidibé a fait part de son inquiétude au regard de la stigmatisation et de la discrimination extrêmement répandues dans la région à l'encontre des personnes vivant avec le VIH et des populations les plus exposées au risque d'infection, à savoir les professionnel(le)s du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les consommateurs de drogues injectables. Il a souligné que la stigmatisation fait passer les populations vulnérables dans la clandestinité et les éloigne des services de soins anti-VIH.

Les jeunes ont été en première ligne des révolutions qui ont amené le changement politique dans cette région. J'appelle la jeunesse à lancer un mouvement similaire pour mettre un coup d'arrêt aux nouvelles infections à VIH.

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA

Dans toute la région, la réponse aux besoins particuliers des jeunes reste inadaptée, en particulier pour les professionnel(les) du sexe, les consommateurs de drogues injectables, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes vivant avec le VIH, a indiqué le Directeur exécutif de l'ONUSIDA. Il a mis en avant l'importance de donner à toute la jeunesse les moyens d'acquérir les connaissances et les ressources dont elle a besoin pour avoir une vie sexuelle saine.

Par l'intermédiaire de 17 cliniques accessibles sans rendez-vous, l'OPALS offre des services de soins, un accès aux préservatifs et le dépistage du VIH pour les jeunes, les femmes, les immigrés, les professionnel(le)s du sexe et les autres personnes vulnérables au Maroc. Des représentants de l'OPALS se déplacent également dans les zones les plus reculées, proposant en porte-à-porte le dépistage du VIH et d'autres services de prévention.

Lors de leur rencontre avec M. Sidibé, plusieurs jeunes ont insisté sur l'absence d'éducation sexuelle au Maroc, aussi bien à l'école qu'au sein des familles. Ils ont exprimé leur enthousiasme à propos du projet de politique de l'ONUSIDA mené par les jeunes et baptisé CrowdOutAIDS, qui s'appuie sur les nouvelles technologies pour permettre aux jeunes de participer pleinement au développement de la stratégie de l'organisation sur le VIH et la jeunesse. Depuis le lancement du projet en octobre 2011, près de 5 000 personnes dans le monde entier y ont contribué.

Atteindre les populations les plus exposées

Durant sa mission de trois jours au Maroc, M. Sidibé a rendu visite à Rabat à l'Association de lutte contre le sida (ALCS), première association de ce genre établie au Maghreb et au Moyen-Orient. M. Sidibé a félicité Hakima Himmich, la Présidente de l'ALCS, ainsi que son équipe pour la remarquable contribution de son organisation à la riposte au VIH, en particulier ses efforts en faveur de la prévention du VIH parmi les populations les plus exposées au risque d'infection.

L'ALCS a été créée en 1988, alors que le Maroc ne comptait que 30 cas de sida déclarés. En 1992, l'ALCS ouvre son premier centre de dépistage volontaire du VIH et de conseil et, depuis 1995, l'organisation propose des programmes de prévention du VIH aux populations les plus exposées au risque d'infection.

En 2011, plus de 122 000 personnes parmi les plus exposées au risque d'infection (notamment les populations vulnérables et les populations relais, par exemple les clients des professionnel(le)s du sexe) ont bénéficié des programmes de prévention du VIH au Maroc, en grande partie par l'intermédiaire de l'action de l'ALCS. La même année, environ 58 000 personnes au Maroc ont effectué un test de dépistage du VIH, dont un grand nombre en passant par l'ALCS.

Selon plusieurs études menées en 2011 par le Programme national de lutte contre le sida du Maroc, l'ALCS et l'ONUSIDA, 45 % des professionnel(le)s du sexe et des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes dans le pays sont actuellement touchés par les programmes de prévention du VIH et le taux d'utilisation du préservatif parmi ces populations est d'environ 50 %.

Lors de sa visite à l'ALCS, M. Sidibé a assisté à une discussion de groupe avec des femmes sur le thème de la prévention du VIH. Il a également rencontré un groupe de soutien par les pairs pour les personnes vivant avec le VIH et s'est entretenu avec le personnel de santé d'un centre de dépistage du VIH.