Reportage

Éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants et maintenir leurs mères en vie : bien plus que de simples comprimés

14 décembre 2012

Photo : ONUSIDA/D.Kwande

Une révision à mi-parcours de la mise en œuvre du Plan mondial pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants à l'horizon 2015 et maintenir leurs mères en vie a été réalisée à Nairobi, au Kenya, les 6 et 7 décembre derniers. Cet atelier de deux jours a été l'occasion d'évoquer la suite des opérations pour surmonter trois obstacles majeurs à la concrétisation des objectifs du Plan mondial, à savoir la réalisation d'un diagnostic précoce chez les nourrissons, la mise à disposition des ressources humaines nécessaires pour les soins de santé et la gestion de la chaîne d'approvisionnement.

En juin 2011, l'ONUSIDA et le Plan présidentiel d'aide d'urgence à la lutte contre le sida (PEPFAR) ont dévoilé le Plan mondial avec deux objectifs principaux pour 2015 : une réduction de 90 % du nombre d'enfants nouvellement contaminés par le VIH et une réduction de 50 % du nombre de décès maternels dus au sida. Le Plan mondial se focalise sur 22 pays prioritaires, qui comptabilisent le plus de femmes enceintes vivant avec le VIH selon les estimations.

À l'ouverture de la réunion, Deborah Von Zinkernagel, Coordonnatrice de la lutte mondiale contre le sida pour le gouvernement américain, a mis l'accent sur l'élan constaté au cours des 18 mois écoulés depuis le lancement du Plan mondial. « Un leadership politique fort, un changement progressif des politiques et un renforcement accéléré des programmes à tous les niveaux aident à réduire de façon significative les nouvelles infections à VIH chez les enfants et les décès liés au sida chez les mères », a affirmé Mme Von Zinkernagel. « Même si la partie est loin d'être gagnée, l'intensification des efforts de nombreux partenaires dans le cadre du Plan mondial fait progresser la réalisation de l'objectif d'une génération sans sida », a-t-elle ajouté.

En ce qui concerne les défis, les participants ont souligné qu'une confirmation immédiate de l'infection à VIH chez un enfant est impérative pour garantir la mise en place opportune de la thérapie antirétrovirale, étant donné que la moitié des enfants contaminés par le virus décèdent avant l'âge de deux ans. L'ONUSIDA estime que, en 2010, sur 65 pays ayant établi des rapports, seuls 28 % des enfants nés de mères vivant avec le VIH ont subi un test de dépistage du VIH au cours des deux premiers mois de leur vie. En 2011, 230 000 enfants sont morts de causes liées au VIH dans le monde et seuls 28 % des enfants remplissant les conditions pour un traitement en bénéficiaient réellement, contre 54 % des adultes.

Les participants ont aussi souligné que, malgré les progrès effectués en matière de prestation de services visant à empêcher la transmission du VIH de la mère à l'enfant, l'accès à un diagnostic approprié et/ou à un traitement pour les femmes enceintes est resté nettement insuffisant. Selon l'ONUSIDA, en 2011, le pourcentage des femmes enceintes remplissant les conditions pour un traitement, qui vivaient avec le VIH et ont suivi une thérapie antirétrovirale pour elles-mêmes, est estimé à 30 %.

Dans les pays comme la République démocratique du Congo, le Tchad et le Nigeria, moins de 20 % des femmes enceintes ont bénéficié d'un dépistage du VIH et de conseils à ce sujet en 2010. Les participants ont noté que, dans certain cas, l'accès à ces services était restreint par des politiques gouvernementales mal informées ou mal orientées qui ne considèrent pas la mise à disposition de ce traitement vital comme étant prioritaire.

Les défis généraux associés à la chaîne d'approvisionnement et, plus particulièrement, le prix des produits de base, ont des implications non négligeables. En effet, les participants ont reconnu que, sans chaîne d'approvisionnement efficace, les objectifs du Plan mondial ne peuvent tout simplement pas être remplis. Des stratégies comme le regroupement et l'intégration des achats, le renforcement et l'harmonisation des systèmes réglementaires, la transparence des systèmes et l'amélioration des prévisions concernant les produits de base afin de réduire le gaspillage des stocks, sont essentielles pour maximiser l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement. La réunion a également été l'occasion d'évoquer l'importance de disposer de financements prévisibles et d'un personnel expérimenté pour assurer une gestion logistique efficace tout en réduisant les coûts.

Le manque de ressources humaines dans le domaine de la santé, et plus particulièrement de médecins, d'infirmières et de sages-femmes, a été signalé comme étant un obstacle majeur à l'expansion rapide des services de prévention, de traitement et d'appui en matière de VIH pour les mères et les enfants. De nombreux pays participants expérimentent la délégation et le partage des tâches, et le travail avec des agents de santé non professionnels ou communautaires pour étendre la portée des services de soins de santé. Des stratégies en mesure d'accélérer le recrutement, la préservation et la formation continue des professionnels de santé ont été échangées, comme l'officialisation du rôle des agents de santé communautaires, le développement d'un cadre officiel de gestion de ces professions dans le but de chapeauter les établissements de santé et l'accélération des programmes de formation préalable.

Même si la partie est loin d'être gagnée, l'intensification des efforts de nombreux partenaires dans le cadre du Plan mondial fait progresser la réalisation de l'objectif d'une génération sans sida

Deborah Von Zinkernagel, Coordonnatrice de la lutte mondiale contre le sida pour le gouvernement américain

Les participants ont convenu que l'élimination des nouvelles infections à VIH chez les enfants et maintenir leurs mères en vie allait bien au-delà de simples comprimés. En effet, il s'agit avant tout de protéger la santé, la dignité et la sécurité des mères qui vivent avec le VIH et de leurs enfants. Il faut également relever les défis qui se posent pour concrétiser les résultats en matière de santé au sens large, au-delà des objectifs au regard du VIH, grâce à la formation des professionnels de santé et à l'élimination des obstacles au niveau de la chaîne d'approvisionnement en médicaments. Pendant l'atelier, les participants ont défini les actions clés à mettre en place pour progresser vers les objectifs du Plan mondial dans ces domaines. Ils ont aussi discuté de l'architecture de financement internationale, et de la manière dont les ressources disponibles, comme le Fonds mondial et le PEPFAR, pourraient être optimisées, mais en commençant par leurs propres mécanismes de financement nationaux.

Pour clôturer la réunion, le Dr Bernhard Schwartlander, Directeur du département Réalité, Innovation et Politiques de l'ONUSIDA, a félicité les pays pour leur dynamisme. « L'appel en faveur de l'élimination des nouvelles infections à VIH chez les enfants à l'horizon 2015 et maintenir leurs mères en vie a été largement entendu », a-t-il indiqué, « et les pays procèdent désormais à des investissements importants et durables pour leurs populations. Il est désormais temps d'intensifier nos efforts car nous entrons dans la deuxième phase du Plan mondial, et de prouver que nous méritons la confiance que nous accordent nos gouvernements et les personnes que nous servons. »

Cette réunion a rassemblé les représentants gouvernementaux de 16 des 22 pays prioritaires identifiés dans le Plan mondial, ainsi que les représentants du PEPFAR, des Nations Unies et de plusieurs agents de réalisation de dimension internationale. Les organisations suivantes étaient également représentées : Women Fighting AIDS in Kenya (WOFAK), la Communauté internationale des femmes vivant avec le VIH/sida (ICW) et l'Équipe spéciale inter-agences sur la prévention des infections dues au VIH chez les femmes enceintes, les mères et leurs nourrissons.