Reportage

Les dirigeants africains mettent en avant les progrès accomplis et les difficultés rencontrées dans la riposte au VIH

26 juillet 2012

Des participants à la table ronde de haut niveau pour l'évaluation des progrès enregistrés contre les sida et des défis restant à relever. Washington, D.C., 26 juillet 2012.
Photo : ONUSIDA

Comment les pays d'Afrique subsaharienne se débrouillent-ils pour riposter à l'épidémie de VIH ? Quelles autres mesures sont nécessaires pour parvenir à l'objectif de l'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l'appui en matière de VIH dans la région ? Ce sont quelques-unes des questions clés abordées lors d'une table ronde de haut niveau de dirigeants africains dans le cadre de la XIXe Conférence internationale sur le sida à Washington, D.C.

Les co-présidents de la session, Robert Soudré, Président de la Société africaine anti-sida, et Morolake Odetoyinbo, Directrice exécutive de Positive Action for Treatment Access (PATA), une organisation non gouvernementale nigériane, ont souligné dans leurs discours d'ouverture les avancées significatives dans la réduction des nouvelles infections à VIH et l'élargissement de l'accès au traitement anti-VIH sur tout le continent.

Au cours de la dernière décennie, le taux de nouvelles infections à VIH a baissé de plus de 25 % dans 22 pays d'Afrique subsaharienne. Dans la région, on estime à 6,2 millions le nombre de personnes ayant bénéficié d'un traitement antirétroviral en 2011, contre seulement 100 000 en 2003. L'avancée la plus spectaculaire concerne l'Afrique du Sud, où au moins 300 000 nouvelles personnes ont pu accéder à un traitement anti-VIH pour la seule année 2011.

Les programmes de prévention efficaces représentent un moyen infaillible pour nous conduire à l'élimination de la transmission de la mère à l'enfant et l'objectif de zéro nouvelle infection à VIH chez les enfants

Madame Penehupifo Pohamba, Première dame de Namibie et Présidente de l'Organisation des Premières dames d'Afrique contre le VIH/sida

Jackline Akinyi Odongo, mère référente au sein du groupe d'aide par les pairs Mothers2Mothers à l'hôpital provincial de Nyanza au Kenya, a décrit son désarroi lorsqu'elle a appris qu'elle était séropositive au VIH et enceinte. Elle a rejoint le groupe d'aide, suivi les directives pour la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant, et pris régulièrement ses médicaments antirétroviraux. Sa fille est née séronégative au VIH.

Madame Penehupifo Pohamba, Première dame de Namibie et Présidente de l'Organisation des Premières dames d'Afrique contre le VIH/sida, a mis en avant les bénéfices considérables de la réduction des nouvelles infections à VIH chez les enfants. On estime à 300 000 le nombre d'enfants infectés par le VIH en Afrique subsaharienne en 2011, soit une baisse de 26 % depuis 2009. Pourtant, plus de 90 % des enfants vivant avec le VIH dans le monde continuent de résider en Afrique subsaharienne.

Madame Pohamba a appelé à renforcer le rôle des femmes africaines dans la lutte pour l'élimination des nouvelles infections à VIH chez les enfants d'ici 2015. « Les programmes de prévention efficaces représentent un moyen infaillible pour nous conduire à l'élimination de la transmission de la mère à l'enfant et l'objectif de zéro nouvelle infection à VIH chez les enfants », a-t-elle expliqué.

Alioune Gueye, Président du Réseau ouest-africain des jeunes leaders pour les Objectifs du Millénaire pour le développement, a souligné le rôle fondamental que les jeunes peuvent jouer dans la révolution pour la prévention du VIH sur le continent. « Les jeunes sont au cœur de l'épidémie de sida et les initiatives menées par la jeunesse méritent d'être encouragées et soutenues au niveau national et international », a déclaré M. Gueye.

Entre 2001 et 2010, la prévalence du VIH a baissé chez les jeunes (âgés de 15 à 24 ans) dans au moins 21 des 24 pays qui payent un lourd tribut au VIH. Cependant, on estime à 2 400 le nombre de nouvelles infections à VIH qui se produisent chaque jour dans cette catégorie de la population.

Organisée par le Groupe de travail pour l'Afrique subsaharienne de la Conférence AIDS 2012, la table ronde de haut niveau a également tenté de définir un ensemble de solutions pratiques pour apporter le progrès à travers la santé et le développement. S'exprimant au nom du Directeur exécutif de l'ONUSIDA, le Dr Djibril Diallo, Conseiller principal de l'ONUSIDA et Président du Groupe de travail pour l'Afrique subsaharienne, a fait remarquer que la coopération entre l'ONUSIDA, l'Union africaine et le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) a conduit à l'adoption de la feuille de route de référence sur la responsabilité partagée et la solidarité mondiale au Sommet de l'UA ce mois-ci.

Il a indiqué que la feuille de route défend des solutions propres à l'Afrique qui vont renforcer la riposte au sida, définit des objectifs clairs et les résultats escomptés et détermine les rôles et les responsabilités de chaque partie prenante ; elle s'articule autour de trois piliers : gouvernance pour la santé, financement diversifié et accès aux médicaments.