Reportage

Le Kenya lance une campagne pour stopper toute nouvelle infection chez les enfants d'ici 2015 et maintenir leurs mères en vie

28 novembre 2012

Dr Francis Kimani, Directeur des services médicaux, Maya Harper, Coordonnatrice de l'ONUSIDA, Robert Godec, ambassadeur des Etats-Unis au Kenya et Hon Beth Mugo, Ministre de la Santé publique et du Système sanitaire du Kenya.

Une campagne nationale pour stopper toute nouvelle infection chez les enfants d'ici 2015 et maintenir leurs mères en vie a été annoncée le 16 novembre par la Ministre de la Santé publique et du Système sanitaire kenyan, Beth Mugo. La nouvelle initiative fait partie de l'engagement kenyan fait lors de la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le sida à New York en 2011 et marque une étape importante dans le programme national de lutte contre le sida au Kenya.

Le VIH est la cause principale de tous les décès dans le pays et contribue à 20% des décès maternels et 7% de tous les décès des enfants de moins de cinq ans. Environ 13 000 enfants ont été nouvellement infectés par le VIH en 2011. Le Kenya est l'un des 22 pays listés comme pays prioritaire dans le Plan mondial—qui contribue à la fondation du mouvement des actions au niveau des pays pour éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants à l'horizon 2015 et maintenir leurs mères en vie.

La nouvelle campagne a pour objectif de mobiliser les citoyens, et surtout les femmes en âge de procréer, pour l'accès aux services de prévention. Le gouvernement du Kenya s'est engagé à améliorer la qualité des services anti-VIH disponibles en fournissant à toutes les femmes enceintes séropositives au VIH un traitement antirétroviral à vie, même après l'accouchement (une stratégie connue en tant qu'Option B+).

Madame Mugo a reconnu les multiples bénéfices liés à la fourniture du traitement antirétroviral à vie aux femmes enceintes séropositives au VIH, ce qui inclut la prévention de la transmission du VIH à leurs enfants et l'amélioration globale de la santé des mères séropositives. Madame Mugo a toutefois noté que la mise en œuvre de cette approche se fera par étapes et exigera un système de santé renforcé. « Ne nous focalisons pas uniquement sur les services anti-VIH, mais adoptons un service intégré et une approche multisectorielle pour maintenir les mères et les enfants en vie », déclare t-elle.

Mettre les femmes au centre

Les femmes vivant avec le VIH ont été le point central de la campagne du programme kenyan mère référente, où les mères séropositives au VIH donnent des conseils et encouragent d'autres femmes enceintes à accéder aux services anti-VIH.

Mercy, une mère séropositive au VIH de trois enfants travaille comme mère référence dans le nouveau programme. Elle-même a bénéficié de l'accès aux services anti-VIH pour empêcher la transmission du VIH à ses enfants et a souligné que la stigmatisation a initialement rendu difficile son accès aux services de prévention, de traitement et de soins. Elle a souligné que la stigmatisation et la discrimination sont des barrières continuelles aux services anti-VIH et qu'ils doivent être abordés pour que la campagne soit un succès.

« J'ai eu la chance d'avoir accès aux services de santé. Mon bébé est séronégatif grâce à l'information, aux services et aux appuis dont j'ai bénéficié de la part du centre de santé, » commente Mercy. « Aujourd'hui je sers ma communauté comme mère référente où je soutiens les femmes enceintes séropositives au VIH et je les encourage à adhérer au traitement et à l'allaitement exclusif. »

Le rôle des hommes est également pris en compte dans la nouvelle campagne. « La santé maternelle et pédiatrique a été compliquée et ralentie par le VIH. Pire encore, la santé maternelle et pédiatrique est affectée par la faible implication des hommes, » déclare le Directeur des services médicaux, Dr Francis Kimani. Il en appel aux hommes pour qu'ils participent pleinement en assurant que leurs enfants et leurs mères soient en bonne santé et encourage les hommes à connaître leur statut sérologique et à accompagner leur partenaire lors de toutes les visites dans les dispensaires prénatals.

Ne nous focalisons pas uniquement sur les services anti-VIH, mais adoptons un service intégré et une approche multisectorielle pour maintenir les mères et les enfants en vie

Beth Mugo, la Ministre de la Santé publique et du Système sanitaire kenyan

Maya Harper, Coordonnatrice de l'ONUSIDA pour le Kenya, a noté que les services pour la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant sont un point d'entrée clé pour la fourniture des services anti-VIH à toute la famille. « Cette campagne est une excellente occasion pour catalyser un nouveau mouvement pour la planification familiale, les droits à la santé sexuelle et reproductive dans le pays », dit-elle.

L'événement a également vu le lancement du cadre stratégique national pour guider la mise en œuvre de la campagne 2012 – 2015 en plus de la stratégie de communication nationale pour l'élimination des nouvelles infections par le VIH chez les enfants et les directives nationales pour une éducation par les pairs destinée à prévenir la transmission du VIH de la mère à l'enfant.