Reportage

Un appel en faveur d'un renforcement urgent pour l'accès aux traitements

23 avril 2013

De gauche à droite : le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, l'ambassadeur Eric Goosby, coordonnateur de la lutte mondiale contre le sida pour le gouvernement américain et le Président de l'atelier Traitement du VIH international en tant que prévention, Julio Montaner.
Photo : British Columbia Centre for Excellence in HIV/AIDS

Vancouver, 1996 : les chercheurs électrisent la Conférence internationale sur le sida avec des nouvelles sur une avancée scientifique stupéfiante. En se servant d'une combinaison de médicaments, ils ont été en mesure de réduire la part de virus dans le sang des personnes vivant avec le VIH, et ce à des niveaux virtuellement indétectables. Avec ce qui est maintenant connu sous le terme d'« Effet Lazare », les personnes à un moment donné proches de la mort allaient soudainement mieux et étaient capables de vivre normalement des vies en bonne santé.

Cette découverte a transformé pour toujours le cours de la riposte au sida et plus de 8 millions de personnes dans le monde ont aujourd'hui accès à un traitement qui leur sauve la vie.

Des experts du VIH se rencontrent une nouvelle fois à Vancouver cette semaine. Il s'agit de discuter maintenant une autre importante percée scientifique : les récentes recherches démontrent que le traitement du VIH ne protège pas seulement la santé des personnes vivant avec le VIH, mais il réduit également considérablement le risque de transmission du virus à d'autres.

Le jour de l'ouverture de la conférence, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, conjointement avec le coordonnateur de la lutte mondiale contre le sida pour le gouvernement américain, Eric Goosby, ont dirigé des tables rondes sur le thème ‘What will it take to end AIDS?’ (Que faire pour stopper le sida ?).

« Si nous avons la preuve que la thérapie antirétrovirale peut aider une personne vivant avec le VIH à rester en vie et de protéger jusqu'à 96 % ses partenaires sexuels d'une infection, alors nous avons l'obligation morale de la rendre disponible », déclare M. Sidibé. « Fournir le plus vite possible le traitement du VIH est éthiquement et moralement correct, économiquement et au niveau de la programmation possible et cohérent par rapport à ce que nous avons appris des meilleures pratiques cliniques ses dix dernières années. »

Si nous avons la preuve que la thérapie antirétrovirale peut aider une personne vivant avec le VIH de rester en vie et de protéger jusqu'à 96 % ses partenaires sexuels d'une infection, alors nous avons l'obligation morale de la rendre disponible

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA

M. Sidibé a fait référence aux résultats annoncés en mai 2011 par les Instituts nationaux de santé des États-Unis qui ont démontré que si une personne séropositive au VIH se pliait à un traitement antirétroviral efficace, le risque de transmettre le virus à son partenaire sexuel non infecté pouvait être réduit de 96 %.

Le Premier ministre de la Fédération de Saint-Kitts-et-Nevis, Denzil Douglas, a fait une déclaration audacieuse sur l'impact potentiel de la combinaison de la prévention du virus. Il déclare « Se servir du traitement comme d'une prévention en combinaison avec d'autres interventions de prévention peut stopper le sida dans les pays des Caraïbes. »

Le Malawi, un pays qui a été très touché par le VIH a, ses dernières années, radicalement augmenté sa riposte au VIH, ce qui s'est traduit par une baisse de 73% du taux de nouvelles infections à VIH depuis 2001. En parlant de l'impact de la thérapie antirétrovirale sur l'épidémie de son pays, la Ministre de la Santé du Malawi, Catherine Hara déclare, « Grâce, en partie, à l'augmentation du traitement, les infections à VIH au Malawi ont chuté de 46 000 par an et les décès annuels baissent et se chiffrent maintenant à moins de 50 000 par an alors qu'avant le nombre de décès était de presque 100 000.” Elle a également ajouté “Mon pays a été le pionnier de l'Option B+* dans les services de soins prénatals pour les femmes et le nombre de femmes enceintes vivant avec le VIH qui ont accès aux traitements a augmenté de plus de 700%. »

Le Premier ministre de la Fédération de Saint-Kitts-et-Nevis, Denzil Douglas, lors de son intervention à la Conférence de Vancouver.
Photo : British Columbia Centre for Excellence in HIV/AIDS

Mettant l'accent sur la nécessité de démarrer rapidement le traitement, Marvelous Muchenje du centre de santé communautaire Women’s Health in Women’s Hands déclare, « De nombreuses personnes associent le démarrage du traitement avec la maladie, ou même le décès. Nous devons changer cette conception : en effet, le fait de démarrer plus tôt le traitement prévient la maladie, la mort et la transmission du virus. »

Lors de la clôture de la session, Julio Montaner, Président de l'atelier Traitement du VIH international en tant que prévention, a insisté sur la nécessité de mettre les preuves en action. « Nous en savons suffisamment sur le traitement en tant que prévention. Nous devons maintenant agir. »

L'atelier se poursuivra jusqu'au jeudi 25 avril car les chercheurs, les chargés de programme et les décideurs impliqués dans le traitement en tant que prévention continuent de partager des données, des protocoles et des conclusions, et encouragent un environnement collaboratif ouvert pour ce qui touche la recherche vers le traitement en tant que prévention. Ils chercheront à identifier les zones de synergie potentielle et les possibles lacunes où d'autres efforts de recherches ciblées pourraient être utiles.

*L'Option B+ est une option qui donne la possibilité aux femmes vivant avec le VIH de démarrer immédiatement, à vie, une thérapie antirétrovirale pour leur propre santé, mais aussi pour protéger leurs enfants.