Reportage

Nouvelle étude sur l'éducation au VIH : Progression, régression ou stagnation ?

30 avril 2013

Le rapport de l'ETTI relatif au secteur de l'éducation mondiale de la riposte au VIH montre des résultats mitigés sur les progrès dans certains domaines et une stagnation dans d'autres.

Il y a de la marge pour l'optimisme dans les progrès d'ensemble du secteur de l'éducation mondiale de la riposte au VIH, déclare une nouvelle étude approfondie de 39 pays dans le monde. Il existe toutefois un certain degré préoccupant de stagnation dans certaines zones et il reste encore beaucoup à faire si le secteur doit remplir son rôle critique d'aide pour intensifier la prévention du VIH.

Le rapport, Étude 2011-2012 sur les progrès dans le monde Secteur de l'éducation au VIH et sida : Progression, régression ou stagnation? a été commandé par l'Equipe de travail inter-institutions de l'ONUSIDA (ETII) sur l'éducation et compare les résultats d'une étude comparative similaire en 2004. Il constate que presque tous les pays sont maintenant dotés d'une politique sur le VIH dans le secteur de l'éducation, qu'un nombre croissant d'enseignants sont formés pour partager les connaissances sur l'épidémie et qu'elle occupe plus d'espace dans le programmes d'études, enseignée au travers de l'apprentissage des compétences psychosociales.

Toutefois, l'élaboration de politiques, en théorie, ne se traduit pas nécessairement par la mise en œuvre en pratique. L'étendue dans laquelle le VIH est abordé est encore marginale. Malgré les améliorations constatées, beaucoup plus d'enseignants doivent être formés et les connaissances sur le virus restent faibles.

Des recherches récentes dans un certain nombre de pays montrent que moins de la moitié des jeunes ont des connaissances complètes et correctes sur le VIH. Cela revêt une grande importance, le rapport soutient que l'éducation est le fondement de la réussite de tous les programmes sur le VIH. Des informations de qualité et l'espace pour explorer des questions clés comme le sexe et les relations sont considérées comme fondamentalement nécessaires pour une éducation complète au sida.

Les jeunes peuvent utiliser leurs connaissances pour faire des choix éclairés sur la manière de se protéger du VIH et protéger les autres. De plus, le fait même d'être instruit réduit la vulnérabilité au virus, en particulier pour les filles, car il favorise l'estime de soi, l'assurance et l'indépendance économique.

L'éducation est un facteur de protection pour l'infection à VIH et contribue à une citoyenneté mondiale qui peut lutter contre la stigmatisation et la discrimination. L'éducation joue donc un rôle central dans la riposte au sida

Coordinateur mondial de l'UNESCO pour le VIH et le sida, Soo-Hyang Choi

Selon Soo-Hyang Choi, Coordinateur mondial de l'UNESCO pour le sida, « l'éducation est un facteur de protection contre l'infection à VIH et elle contribue à une citoyenneté mondiale qui peut lutter contre la stigmatisation et la discrimination. L'éducation joue donc un rôle central dans la riposte au sida. »

Une marge pour l'amélioration

Le rapport ETTI donne un exemple frappant de ce qui se passe sur le terrain et là où des améliorations peuvent être faites dans une étude à long terme en Afrique australe et orientale. La recherche a constaté qu'en moyenne deux tiers des élèves de sixième année (entre 13 et 14 ans) dans 11 pays n'avaient même pas encore une connaissance minimale du VIH nécessaire pour préserver et promouvoir leur santé. Les niveaux de connaissances variaient entre 19% au Lesotho et 70% en Tanzanie.

Cependant, 99% de leurs enseignants avaient en fait ces connaissances mais ne les avaient pas partagées avec leurs étudiants. L'étude a conclu que les enseignants étaient mal à l'aise pour partager de telles informations ou pensaient que cela allait au-delà de leur fonction. Ils ont également reçu une formation limitée sur le sujet par des experts gouvernementaux, des agences des Nations Unies ou des organisations de la société civile, à la fois avant qu'ils ne commencent à enseigner et une fois qu'ils étaient effectivement en fonction.

Scott Pulizzi, Coordinateur de l'ONUSIDA ETII sur l'éducation, soutient que cette situation doit changer, « Chaque élève doit avoir un enseignant qualifié qui est mandaté et soutenu par l'administration de l'école et la communauté pour enseigner l'éducation à la sexualité, y compris le VIH. Sans changement systémique dans le secteur de l'éducation, les enseignants ne seront pas en mesure d'aider leurs élèves à acquérir les connaissances et développer les compétences pour réduire leur vulnérabilité au virus. »

Progression, régression ou stagnation ? recommande un plan d'action détaillé pour s'assurer que les élèves reçoivent une éducation potentiellement vitale contre le VIH. Les étapes comprennent :

  • Établir une volonté politique de haut niveau pour une riposte complète au sida dans l'éducation ;
  • Développer un système de gestion approprié au pays pour coordonner et mettre en œuvre des politiques et plans existants ;
  • Soutenir la formation sectorielle des enseignants sur le VIH ;
  • Garantir que des programmes et des supports d'enseignement précis soient adaptés à l'âge, au sexe, aux compétences psychosociales et disponibles dans toutes les écoles pour les élèves ; et
  • L'engagement des parents et de la communauté pour la mise en œuvre.

Le rapport souligne que toute une génération sans sida est à portée de main. Et il conclut en soulignant que « L'objectif zéro : zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida sont possibles et commencent par l'éducation. »

L'ETTI est organisée par l'UNESCO et comprend d'autres coparrainants de l'ONUSIDA, des agences bilatérales et des organisations de la société civile