Reportage

La province chinoise du Guangdong sur le point de lever les restrictions liées au VIH dans le recrutement des enseignants

13 juin 2013

Photo : ONUSIDA

Dans le Guangdong, la province la plus peuplée de Chine, des décisions politiques audacieuses en matière de VIH sont sur le point d'être mises en œuvre. Suite à des actions de sensibilisation concertées entre l'ONUSIDA, l'UNESCO et l'OIT, entre autres, la province a annoncé qu'elle allait abolir les restrictions qui empêchent les personnes vivant avec le VIH de travailler dans l'enseignement.

Le changement politique, qui entrera en vigueur en septembre, est une véritable révolution par rapport aux précédentes réglementations, qui interdisaient aux personnes vivant avec le VIH, ainsi qu'aux personnes diagnostiquées comme atteintes d'une infection sexuellement transmissible (IST), d'exercer en tant qu'enseignants dans la province.

On estime entre 50 000 et 80 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH dans la province du Guangdong. Début 2013, l'ONUSIDA, l'UNESCO et l'OIT ont plaidé conjointement auprès des autorités éducatives du Guangdong en faveur de la suppression des restrictions dans le domaine de l'enseignement pour les personnes vivant avec le VIH, après l'examen de cette règlementation au cours d'un processus de révision des politiques. Par la suite, les autorités du Guangdong ont répondu qu'après étude des retours reçus sur cette question, l'article de loi qui excluait les personnes vivant avec le VIH et d'autres IST serait supprimé.

Nana Kuo, Coordonnatrice par intérim de l'ONUSIDA en Chine, a souligné l'importance de ce changement. « Cette évolution des autorités éducatives du Guangdong fait figure d'exemple positif pour le reste de la Chine, et pour tout le continent dans son ensemble », a déclaré Mme Kuo. « La Chine a réalisé d'énormes progrès dans la riposte au sida ces dernières années, et il est très encourageant de voir des signes d'action concrets pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination, en particulier sur le lieu de travail ».

La Chine a réalisé d'énormes progrès dans la riposte au sida ces dernières années, et il est très encourageant de voir des signes d'action concrets pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination, en particulier sur le lieu de travail

Nana Kuo, Coordonnatrice par intérim de l'ONUSIDA en Chine

Selon les données nationales, plus de la moitié du nombre estimé de 780 000 personnes vivant avec le VIH en Chine n'a pas encore été diagnostiquée. La peur de la discrimination est considérée comme un obstacle majeur à l'accès au dépistage, au traitement et aux soins anti-VIH, en particulier dans les populations marginalisées. Dans toute la Chine, les personnes vivant avec le VIH sont exclues du marché de l'emploi dans de nombreux secteurs, notamment dans la fonction publique. Une étude de l'OIT menée en Chine en 2011 a révélé que 65 % des chefs d'entreprise considéraient que les personnes vivant avec le VIH ne devaient pas bénéficier de l'égalité des chances en matière d'emploi.

« Nous saluons la décision du Guangdong de supprimer les restrictions à l'embauche qui excluaient les personnes vivant avec le VIH de l'enseignement. Nous espérons qu'elle marquera un pas en avant vers la suppression de toutes les autres restrictions à l'embauche qui demeurent, que ce soit dans le secteur public ou dans le secteur privé, de manière à ce que les personnes vivant avec le VIH puissent s'épanouir pleinement dans une vie productive, sans craindre la stigmatisation et la discrimination », a déclaré Ann Herbert, Directrice du Bureau national de l'OIT en Chine.

Ces dernières années, la Chine a connu plusieurs affaires judiciaires importantes suite à des plaintes de personnes qui s'étaient vu refuser l'accès à l'emploi en tant qu'enseignants en raison de leur séropositivité au VIH, mais à ce jour, aucune de ces affaires n'a donné lieu à une victoire juridique claire. Dans de nombreux cas, cela est lié au fait que les autorités éducatives provinciales appliquent généralement des directives de recrutement des enseignants basées sur les directives de recrutement nationales pour la fonction publique, qui excluent les personnes vivant avec le VIH. Dans ce contexte, le changement politique au Guangdong revêt une importance particulière. Le Guangdong est l'une des provinces les plus prospères et urbanisées du pays, avec une population de plus de 100 millions de personnes, et elle est souvent considérée comme avant-gardiste en matière de politique progressiste en Chine.

Meng Lin, Coordonnateur de l'Alliance chinoise des personnes vivant avec le VIH, a mis en avant l'importance des changements dans la politique de recrutement dans l'éducation au Guangdong. « Si les gens savent qu'un diagnostic positif risque de les empêcher de trouver un emploi, ou de leur faire perdre leur emploi, ils préfèrent généralement ne pas se faire dépister. Le signal envoyé par le Département de l'Éducation du Guangdong véhicule un message selon lequel les personnes vivant avec le VIH ont le droit à l'égalité des chances dans l'accès à l'emploi, ce qui nous donne de l'espoir pour l'avenir ».