Reportage

Nouvelles avancées dans la recherche et le développement sur le VIH

10 mars 2014

La Conférence annuelle sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) s'est déroulée à Boston, aux États-Unis, du 3 au 6 mars 2014. Chaque année, la CROI donne l'occasion aux chercheurs du monde entier de se réunir pour échanger sur les dernières évolutions dans la recherche et le développement sur le VIH. Plusieurs domaines de recherche intéressants ont été présentés lors de la conférence de cette année et l'ONUSIDA a interrogé le Professeur Salim S. Abdool Karim, Directeur du Centre pour le Programme de recherche sur le sida en Afrique du Sud et Président du Panel d'experts scientifiques de l'ONUSIDA, afin de passer en revue les principaux points forts de la recherche sur la prévention, le traitement et la guérison du VIH.

Q. Professeur Karim, nous avons entendu parler de nombreuses avancées intéressantes lors de la conférence de cette année ; qu'avez-vous retenu comme principales avancées dans la recherche sur la prévention du VIH ?

R. La conférence a été l'occasion d'entendre toute une série d'excellentes présentations sur le traitement, la prévention et la guérison du sida. L'accent a été largement mis sur la prévention du VIH lors de cette édition de la CROI, ciblée sur les moyens d'améliorer l'efficacité de la prophylaxie préexposition (PrEP) antirétrovirale (ARV). Des études menées sur les 3 dernières années ont fourni assez de données probantes pour démontrer que les médicaments antirétroviraux comme le Ténofovir sont efficaces. Cependant, les ARV utilisés pour la PrEP ne sont pas pris conformément aux prescriptions. Lors de la CROI de cette année, nous avons observé un mouvement concerté vers la recherche de formulations qui rencontreraient une meilleure observance. Dans ce but, une étude sur le GSK-744LA, un médicament injectable à longue durée d'action qui permettrait de transformer la PrEP d'une prise de pilule quotidienne en 3 injections mensuelles, a révélé une bonne protection chez les singes. Une autre stratégie pour l'amélioration de l'observance consiste à développer un nouvel anneau vaginal ayant à la fois des propriétés contraceptives et anti-VIH.  

Q. On a aussi beaucoup parlé de guérison du VIH ; qu'en pensez-vous ?  

R. Le bébé du Mississippi, aujourd'hui âgé de tout juste un peu plus de 3 ans, n'est plus sous traitement antirétroviral depuis plus de 2 ans, mais reste négatif aux tests à haute sensibilité ELISA et PCR, ce qui renforce la preuve que cet enfant pourrait être guéri. Le cas du deuxième enfant présenté lors de la conférence est un bébé de 9 mois dont on pense qu'il pourrait être guéri. Malheureusement, il n'est pas possible de déterminer si cet enfant est effectivement guéri, car il est toujours sous traitement antirétroviral et il est impossible de savoir si les tests négatifs de dépistage du VIH sont dus à une suppression temporaire du virus ou à l'éradication du virus. 

Q. Le développement d'un vaccin semble également avancer ; quelle est pour vous la prochaine grande étape dans la recherche sur le vaccin ?

R. Dans le domaine de la vaccination, plusieurs anticorps largement neutralisants ont été identifiés et certains se sont même avérés efficaces dans la prévention, le traitement voire la guérison de l'infection chez les singes. La prochaine étape consistera à évaluer quels effets ces anticorps auraient sur le corps humain.

Q. Y a-t-il autre chose en vue à quoi nous devrions nous attendre ?

R. Oui, je suis très impressionné par les conclusions des approches de modification génétique pour le traitement du VIH. Je pense que cette nouvelle technologie présente un grand potentiel.