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Exclusion des personnes LGBT : coût économique et impact sur le développement

14 mars 2014

De nouvelles données montrent que les effets de l'homophobie et de l'exclusion coûteraient des milliards de dollars aux économies. Lors d'une table ronde organisée par la Banque mondiale, les participants ont discuté des conclusions d'une nouvelle étude qui a élaboré et testé un modèle économique afin de mesurer le coût de l'exclusion des minorités sexuelles. Les intervenants ont également débattu des implications plus larges d'une nouvelle vague de lois punitives adoptées dans certains pays du monde.

L'étude montre qu'en Inde, où le comportement homosexuel est un crime et où aucune législation protectrice n'existe pour les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT), le pays perdrait jusqu'à 1,7 % de son PIB sur un an en raison de l'homophobie et de l'exclusion des personnes LGBT. La perte de productivité de travail et de production en raison de la discrimination à l'emploi, ainsi que les années de vie perdues à cause d'un décès prématuré ou d'un handicap généreraient des coûts jusqu'à 31 milliards de dollars rien qu'en Inde. Ces estimations préliminaires ont été présentées par le Dr Lee Badgett de UMass Amherst, l'un des principaux instituts de recherche publics d'Amérique.

Les intervenants ont souligné la nécessité de disposer en permanence de données et de preuves solides de l'impact de l'exclusion sur le développement, ainsi que la nécessité constante d'une mobilisation de la communauté internationale pour protéger les groupes marginalisés et leur éviter d'être exclus du développement et de la santé.

Parmi les invités de marque et les intervenants se trouvaient le Dr Luiz Loures, Directeur exécutif adjoint de l'ONUSIDA, ainsi que Mme Tracy Robinson, membre et Première Vice-présidente de la Commission interaméricaine des Droits de l'Homme, Rapporteuse sur les droits des personnes LGBTI ; le Dr Amy Lind, Professeur en Études sur le genre et la sexualité des femmes à l'Université de Cincinnati ; M. Dennis van der Veur, Chef du secteur Coopération avec les institutions et les États membres de l’Union européenne à l’Agence des droits fondamentaux de l’UE, et le Dr Qing Wu, analyste économique chez Google. La discussion était animée par Lester Feder de Buzzfeed.

Déclarations

« Les lois punitives affectent nos efforts pour mettre un terme à l'épidémie de sida et ont un impact sur les économies des pays. Des ripostes inclusives fondées sur les droits sont les marques de fabrique de la riposte au sida et offrent des plates-formes sur lesquelles s'appuyer. Il nous faut plus de preuves et de données pour convaincre les décideurs et la classe politique de la nécessité de traiter les questions relatives aux LGBT et à l'homophobie, afin de garantir la protection des droits humains et un accès équitable à la santé et au développement. »

Dr Luiz Loures, Directeur exécutif adjoint de l'ONUSIDA et Secrétaire général adjoint des Nations Unies

« Le problème, ce ne sont pas seulement les lois punitives et discriminatoires, mais aussi le fait que ces lois exercent un impact sur les attitudes au sein de la société en général. Le rôle des communautés dans l'évolution des valeurs et la promotion de la justice pour tous est immense. »

Dr Edward Greene, Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le sida aux Caraïbes

« La protection des droits humains et l'émancipation des personnes sont essentielles pour renforcer les résultats économiques et le développement durable. L'étude sur le coût économique de l'homophobie et de l'exclusion des LGBT présentée aujourd'hui, et que nous avons soutenue, est un exemple manifeste de l'importance de s'intéresser aux implications économiques de l'homophobie et de l'exclusion afin de mieux savoir comment travailler sur la réduction de la pauvreté et le développement inclusif. »

Mme Satu Santala, Directrice exécutive pour les pays baltes et scandinaves, membre du Directoire de la Banque mondiale

« Chaque fois qu'une fille est déscolarisée au Pakistan, chaque fois qu'un homme contracte le VIH dans une relation sexuelle avec un autre homme et chaque fois que la communauté rom est diffamée, c'est la société entière qui en paie le lourd prix. L'exclusion des minorités sexuelles n'est pas seulement une tragédie humaine, c'est aussi une atteinte économique significative auto-administrée, et c'est pourquoi nous devons, à la Banque mondiale, entendre leurs voix. »

M. Fabrice Houdart, Chef d'équipe, Orientation sexuelle, identité de genre et développement, Banque mondiale, président de l'événement

Coparrainants de l'ONUSIDA

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