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VIH et urgence humanitaire

04 mars 2015

Répondre aux besoins des millions de personnes touchées par les situations d'urgence humanitaire dans le monde sera capital pour mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030 : telle est la conclusion d'éminents experts réunis à Genève, en Suisse, le 3 mars.

Appelant à une nouvelle façon de riposter au VIH dans les situations d'urgence humanitaire, les experts se sont penchés sur les moyens de veiller à ce que les besoins spécifiques des personnes touchées par ces situations soient pris en compte dans l'intensification de la riposte au VIH au cours des cinq années à venir.

Fin 2013, on comptait dans le monde plus de 51 millions de personnes déplacées de force, le plus grand nombre depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale. Bien d'autres personnes confrontées à des catastrophes humanitaires restent chez elles mais se retrouvent brusquement dans des environnements précaires.

Les liens entre VIH et urgence humanitaire sont complexes. La vulnérabilité au virus peut être accrue en raison, par exemple, d'une plus forte exposition à la violence sexuelle et d'une plus grande dépendance aux transactions sexuelles pour répondre aux besoins élémentaires. En outre, il peut devenir plus difficile d'accéder aux services de santé et aux programmes de lutte contre le VIH, qui peuvent également être inexistants.

Les experts présents à la réunion, coorganisée par l'ONUSIDA, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et le Programme alimentaire mondial, ont échangé les plus récentes opinions, connaissances, expériences et données basées sur des faits probants qui vont dans le sens de l'inclusion des personnes en situation d'urgence humanitaire dans les programmes de lutte contre le VIH. Ce seront des éléments clés pour la 36e réunion à venir du Conseil de coordination du Programme de l'ONUSIDA en juillet 2015, qui sera spécialement consacrée au VIH dans les contextes d'urgence.

Parmi les domaines spécifiques abordés figuraient : les obstacles à la mise en place de programmes contre le VIH dans les situations d'urgence ; l'identification des lacunes et la manière d'y remédier ; les accords de coordination entre les différentes agences ; l'amélioration de l'observance des traitements ; et l'adaptation des programmes sur le VIH pour répondre à la diversité des situations d'urgence.

Déclarations

« Les situations d'urgence humanitaire se caractérisent par des contextes de précarité, de vulnérabilité et d'incertitude. Ce sont des contextes propices à la transmission du VIH. Lutter contre le VIH dans les situations d'urgence n'est pas un choix, c'est plutôt une question de droits humains. Les populations touchées par l'urgence humanitaire doivent être au cœur de l'objectif de mettre fin au sida. Innover est capital pour atteindre cet objectif. »

Luiz Loures, Directeur exécutif adjoint de l'ONUSIDA

« Nous ne pourrons pas mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030 si nous n'apportons pas protection, soins et traitement aux personnes en situation d'urgence. C'est une question de santé publique pour les personnes déplacées en raison de ces urgences et celles qui les accueillent. C'est un droit humain élémentaire. Je pense enfin qu'il existe une volonté politique au sein de la communauté internationale pour trouver une solution à ce problème. »

Paul Spiegel, Administrateur principal, Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés

« Avec tous les progrès accomplis dans la lutte contre l'épidémie de VIH, la nécessité de préparer le maintien de la riposte au VIH dans les situations d'urgence et de catastrophe est plus importante que jamais. »

Richard Shaffer, Directeur du Programme de prévention du VIH/sida, Département de la Défense des États-Unis

« Nous sommes satisfaits de constater l'intérêt croissant pour le VIH dans les situations d'urgence humanitaire, où le risque et la vulnérabilité au VIH sont souvent accrus. Il existe en particulier un besoin urgent d'assurer la continuité des services de prévention et de traitement du VIH pour les personnes vivant avec le VIH et celles exposées au risque d'infection dans les pays touchés par des situations précaires, de conflit et d'urgence. »

Gitau Mburu, Conseiller principal VIH et systèmes de santé, Alliance internationale contre le VIH/sida