Reportage

L’Inde va proposer un traitement anti-VIH à tous ceux qui en ont besoin

01 mai 2017

Veena vit avec le VIH depuis plus de 15 ans. Cette éducatrice communautaire, qui vit à Bangalore en Inde, est sous traitement anti-VIH depuis plus de 10 ans ; grâce aux médicaments antirétroviraux, elle dit avoir retrouvé la santé et la joie de vivre.

« Ces médicaments sont très bien. Je suis très contente », explique Veena. « Ma vie a changé. Je suis en train d’apprendre trois langues et je travaille ».

L’Inde compte 2,1 millions de personnes vivant avec le VIH, ce qui correspond à la troisième épidémie de VIH la plus importante au monde. Le 28 avril dernier, lors d’un événement organisé à New Delhi, Jagat Prakash Nadda, Ministre de la Santé et de la Famille, a annoncé la mise en œuvre d’une nouvelle politique de dépistage et de traitement, avec pour objectif d’ouvrir l’accès au traitement anti-VIH à toutes les personnes vivant avec le VIH dans le pays. Avant ce changement de politique, l’accès gratuit aux médicaments antirétroviraux était réservé aux personnes vivant avec le VIH dont le taux de CD4 était descendu à moins de 500 cellules/mm3.

M. Nadda a également déclaré que la stratégie 90-90-90 du Ministère permettra de recenser 90 % des personnes vivant avec le VIH, de mettre 90 % de ces personnes sous traitement et de faire en sorte que 90 % des personnes sous traitement voient leur charge virale devenir durablement indétectable. « Cette stratégie sera pour nous une opportunité de travailler sur les engagements que nous avons pris lors de la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la fin du sida ».

En Inde, les personnes vivant avec le VIH ont souvent accès au traitement tardivement. Ce fut le cas pour Veena, lorsqu’elle a commencé à prendre des médicaments.

« J’avais perdu beaucoup de poids et je souffrais d’une forte fièvre. J’étais épuisée et je ne pouvais pas travailler », raconte Veena. Au départ, elle ne réagit pas bien au traitement mais, progressivement, elle va reprendre du poids et son système immunitaire va s’améliorer.

L’ONUSIDA a appelé tous les pays à fournir un traitement anti-VIH à tous ceux qui sont testés séropositifs au VIH, car le traitement permet de maintenir les personnes vivant avec le VIH en bonne santé et présente le double avantage de stopper également la transmission du virus à d’autres personnes.

« Le gouvernement indien fait preuve d’un leadership et d’un engagement audacieux envers les personnes vivant avec le VIH », a déclaré Steven Kraus, Directeur de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Asie et le Pacifique. « Cette nouvelle politique va permettre à plus d’un million de personnes vivant avec le VIH d’accéder à un traitement qui leur sauvera la vie. Des individus, des familles et des communautés resteront ainsi en bonne santé et productives et l’Inde en aura fini avec son épidémie de sida d’ici à 2030 ».

Pour élargir rapidement l’accès au traitement, l’Inde va s’appuyer sur son réseau d’établissements répartis sur tout le territoire qui proposent des services anti-VIH. Le déploiement de la nouvelle politique aura aussi pour effet de renforcer le système de gestion de la chaîne d’achat et d’approvisionnement, ainsi qu’une participation durable des communautés.

Selon le programme national indien de lutte contre le sida, le nombre annuel de décès dus au sida a chuté de 54 % entre 2007 et 2015, tandis que les nouvelles infections à VIH ont baissé de 32 %. À mesure que davantage de personnes vivant avec le VIH rejoindront Veena dans le parcours de traitement, le double bénéfice des médicaments antirétroviraux devrait entraîner une nouvelle baisse du nombre de décès et de nouvelles infections à VIH.

Veena a réussi ce qu’elle n’aurait jamais imaginé pouvoir faire : voir sa fille devenir adulte.

« Ma vie a un avenir. Moi je n’ai pas fait d’études, mais ma fille a eu son diplôme. Elle travaille. C’est une femme autonome », explique Veena.

L’ONUSIDA travaille aux côtés des pays pour faire en sorte que 30 millions de personnes vivant avec le VIH puissent accéder au traitement anti-VIH d’ici à 2020.