Reportage

Les jeunes femmes et les filles doivent avoir leur place dans l’action pour en finir avec les nouvelles infections à VIH

07 juin 2018

Lucy Wankjiku est une jeune maman vivant avec le VIH qui dirige une équipe de Positive Young Women Voices, une association kenyane. Elle n’a que 19 ans quand elle apprend qu’elle vit avec le VIH, un choc terrible pour elle. « Être une mère adolescente était une chose, être séropositive au VIH en était une autre », explique Lucy. « J’ai subi des discriminations de la part de la communauté, de ma famille et même des professionnels de santé. Il n’existe pas vraiment de structure de soutien ».

L’histoire de Lucy Wankjiku est loin d’être un cas isolé en Afrique subsaharienne. Près de 6 900 adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont nouvellement infectées par le VIH chaque semaine, dont 5 500 en Afrique subsaharienne.

Aujourd’hui, Lucy Wankjiku utilise sa voix pour aider les autres et favoriser la sensibilisation aux problèmes que rencontrent les jeunes femmes au quotidien au Kenya. Lors d’un événement organisé par l’ONUSIDA à l’occasion du forum des Journées européennes du développement (EDD) à Bruxelles, en Belgique, Mme Wankjiku a dépeint au public présent un tableau alarmant des questions concernant les violences sexistes, le mariage précoce, les violences commises par un partenaire intime, les transactions sexuelles, les faibles taux de scolarisation et le manque d’autonomisation économique, qui sont autant de facteurs clés de risque d’infection à VIH que les jeunes femmes et les filles vivent tous les jours.

« Les groupes de soutien fonctionnent », a expliqué Mme Wankjiku. « Les organisations communautaires y contribuent très facilement quand elles bénéficient d’un appui. Il faut que davantage d’adolescentes et de jeunes femmes leaders soient présentes à la table des décisions pour créer des actions adaptées à ce qui fonctionne pour nous, de façon à rendre ces actions durables ».

Intitulé « Promouvoir l’autonomisation des femmes et des filles – Réduire les nouvelles infections à VIH », cet événement a mis en avant l’importance de l’autonomisation des jeunes femmes et des filles pour stopper les nouvelles infections à VIH. Organisé les 5 et 6 juin derniers, le forum EDD a réuni plus de 6 000 personnes venues de 140 pays et représentant 1 200 organisations issues de la communauté du développement.

« Il est nécessaire d’engager des efforts considérables pour atteindre les objectifs de la stratégie d’accélération et réduire le nombre de nouvelles infections à VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes à moins de 100 000 par an d’ici à 2020 », a déclaré Tim Martineau, Directeur exécutif adjoint par intérim de l’ONUSIDA, branche Programme. « La Feuille de route de la prévention du VIH pour 2020, présentée par l’ONUSIDA, le Fonds des Nations Unies pour la population et leurs partenaires en 2017, sera fondamentale pour orienter les efforts et je ne soulignerai jamais assez l’importance d’impliquer aussi les hommes et les garçons pour que le changement soit pérenne ».

L’événement était animé par Ebony Johnson, spécialiste des stratégies de santé publique et de genre, et a rassemblé une riche diversité d’expertise et d’expériences de jeunes activistes, de personnes vivant avec le VIH, de membres de la société civile et de représentants du développement international.

Insistant sur l’importance de l’accès à l’information, Melodi Tamarzians, une jeune ambassadrice de la santé et des droits sexuels et reproductifs venue des Pays-Bas, a expliqué que seulement 34 % des jeunes gens possédaient une connaissance précise de la prévention du VIH et de sa transmission. « Je crois au pouvoir infini de la jeunesse de faire changer les choses pour elle-même et pour ses communautés », a-t-elle ajouté. « Et les jeunes doivent avoir accès à une éducation sexuelle complète, qui n’est pas seulement essentielle pour prévenir les actes de violence, mais engendre aussi des bénéfices individuels et sociétaux considérables ».

Winnie Byanyima, Directrice exécutive d’Oxfam International, a évoqué les obstacles politiques et rappelé à l’assistance que pour augmenter l’implication des jeunes femmes et des filles, il faut créer des espaces pour les jeunes, en particulier les femmes et les filles, pour qu’ils prennent part aux processus de décision. Elle a ajouté que les investissements devaient être assurés pour renforcer l’autonomisation économique et améliorer la santé des femmes. « Les jeunes femmes touchées par le VIH ont parfois peur d’accéder aux soins en raison du manque de confidentialité, des discriminations et du coût. Nous devons investir dans l’éducation par les pairs et le libre accès aux soins pour donner aux femmes les moyens de protéger leur santé », a-t-elle déclaré.

En collaboration avec un large éventail de partenaires, notamment les femmes vivant avec le VIH et les organisations féministes, l’ONUSIDA œuvre pour répondre aux besoins des filles et des femmes dans tous les objectifs de la Déclaration politique de 2016 sur la fin du sida. L’ONUSIDA travaille pour faire en sorte que les femmes et les filles, partout dans le monde, puissent exercer pleinement leurs droits et deviennent autonomes afin de se protéger contre le VIH, et pour que toutes les femmes et les filles vivant avec le VIH aient directement accès au traitement et aux soins.