Reportage

Une course contre la montre pour l’accès des personnes vivant avec le VIH à leur traitement après le séisme au Sulawesi central

19 octobre 2018

Le 28 septembre, le Sulawesi central, en Indonésie, a été frappé par un terrible séisme, suivi d’un tsunami. On dénombre des milliers de morts et des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées. En cas de catastrophe humanitaire majeure, il est toujours difficile de répondre aux besoins élémentaires des personnes, et c’est particulièrement vrai pour les personnes vivant avec le VIH au Sulawesi central.

Les hôpitaux de la ville de Palu ont été gravement endommagés, mais ils restent opérationnels. Ces établissements disposent encore de stocks de médicaments antirétroviraux, mais ils ne savent pas combien de temps ils tiendront. Avant la catastrophe, selon les données du gouvernement, le nombre de personnes vivant avec le VIH était estimé à 1 913 au Sulawesi central, dont 334, y compris 3 enfants, sous traitement antirétroviral.

Des habitants de la région se sont rassemblés pour défendre les personnes vivant avec le VIH. Yuli travaille pour la Coalition de lutte contre le sida d’Indonésie, une organisation de la société civile qui supervise le soutien au traitement antirétroviral à Makassar, dans le Sulawesi du Sud, en Indonésie. Le 2 octobre, alors qu’elle était en route pour Donggala, un endroit touché par le séisme, pour prendre des nouvelles de sa famille, elle apprend par son employeur que l’approvisionnement en médicaments antirétroviraux est fortement perturbé à Palu.

Yuli et ses collègues se rendent alors à Palu pour apporter leur aide, et contactent les hôpitaux et d’autres prestataires de services pour rassembler les stocks restants de médicaments antirétroviraux et les distribuer à ceux qui en ont besoin. Sa mission devient rapidement un engagement à soutenir la riposte au VIH à Palu, notamment en recherchant des contacts et en apportant un appui social aux personnes vivant avec le VIH dans la région.

« La raison pour laquelle je suis encore là, plus de deux semaines après la catastrophe, c’est parce que c’est impossible de voir de telles conditions sans tendre une main secourable », explique Yuli, en ajoutant qu’en plus des médicaments antirétroviraux, les habitants du Sulawesi central ont besoin d’aide pour répondre à leurs besoins élémentaires et d’un soutien psychosocial.

En date du 16 octobre, 92 des 344 personnes qui étaient sous traitement antirétroviral avaient eu accès à un approvisionnement en médicaments antirétroviraux pour un mois, soit auprès de Yuli et son équipe, soit directement auprès des dispensaires.

« Mon souci principal, c’est que je veux être sûre que malgré cette catastrophe, les personnes vivant avec le VIH puissent tout de même avoir accès au traitement antirétroviral et n’arrêtent pas leur traitement », explique Yuli.

L’ONUSIDA et ses partenaires de la région ont formé ensemble l’Équipe de base nationale de riposte au VIH en situation d’urgence humanitaire. Cette équipe œuvre activement en faveur de la riposte au VIH dans les régions touchées, en tentant de connaître le statut des personnes vivant avec le VIH qui n’ont pas encore été retrouvées et en assurant la distribution des médicaments antirétroviraux à ceux qui en ont besoin. Un poste de commandement pour le VIH a été mis en place à Palu, avec une équipe qui supervise la disponibilité des médicaments antirétroviraux dans la région touchée. 

« Le VIH est souvent négligé dans les situations d’urgence. Nous devons travailler dur pour faire en sorte que les personnes vivant avec le VIH ne soient pas oubliées en ces temps difficiles. Nous saluons l’initiative rapide et l’engagement de Yuli et de ses collègues travailleurs de proximité et nous allons continuer de leur apporter notre soutien », a déclaré Krittayawan Tina Boonto, Directrice nationale de l’ONUSIDA en Indonésie.

Le bureau de l’ONUSIDA en Indonésie a mobilisé des ressources pour financer six visites de terrain pour des homologues activistes en faveur des personnes vivant avec le VIH à Palu afin d’apporter une aide immédiate. L’ONUSIDA va également mener une évaluation complète des besoins en termes de VIH, de tuberculose et de paludisme au Sulawesi central afin de formuler des demandes de financement pour une assistance à moyen et long terme, et va établir des plans d’urgence à utiliser lors d’éventuelles catastrophes futures en Indonésie.